La doctrine de l'État de Cari Schmitt, souvent délaissée au profit d'autres facettes de son oeuvre, constitue pourtant le lieu où s'incarnent ses théories du politique et de la Constitution. Le juriste allemand y consigne les bouleversements institutionnels traversés par l'Allemagne au XXe siècle. En 1914, il pense encore l'État dans sa conformité à la légalité, alors qu'à la chute de l'Empire, il ne considère les organes étatiques que dans leur usage de la décision et leur aptitude à affronter les situations d'exception. Dans une perspective inédite, à partir d'une étude systématique de ses écrits relatifs à l'État, cet ouvrage relie la théologie politique de Schmitt, son anti-individualisme, comme sa définition singulière du politique, à ses propositions de refonte des institutions. La reconstitution de sa doctrine de l'État éclaire d'un jour nouveau l'affrontement entre ses partisans et ses adversaires et explique, malgré les compromissions avérées de Cari Schmitt avec le nazisme, la persistance de sa pensée dans la vie intellectuelle après Nuremberg.
Cette anthologie éditée à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Tocqueville (1805-1859), nous invite à redécouvrir le cheminement de cet intellectuel visionnaire, fils de l'aristocratie européenne qui va saisir, dès ses débuts, les enjeux de la démocratie.
Comment apprendre aux hommes à se gouverner eux-mêmes ? Si la démocratie ouvre résolument l'ère du doute, Tocqueville ne cesse de s'interroger sur des thèmes essentiels : accès à l'éducation, religion, décentralisation, exercice des responsabilités locales, colonisation... Lorsqu'il décrypte ce monde naissant à la démocratie, l'écrivain semble parfois parler du nôtre. Philosophe politique épris de liberté, sociologue de l'égalisation des conditions par la démocratie, pionnier de la comparaison méthodique entre pays, auteur et penseur engagé, c'est un Tocqueville pluriel qui apparaît au fil des diverses interprétations et des commentaires.
Tocqueville et l'esprit de la démocratie rassemble une sélection des meilleures contributions parues dans The Tocqueville Review/La Revue Tocqueville. Depuis 25 ans, cette revue franco-américaine publie réflexions et analyses marquantes autour de l'oeuvre de Tocqueville. Cet ouvrage bilingue réunit aussi bien les plus grands spécialistes français et internationaux que les jeunes chercheurs et intellectuels qui assurent aujourd'hui la relève.
Le grand philosophe allemand longtemps négligé par la théorie politique semble faire un retour sous des auspices paradoxales : philosophe du droit, Hegel a pourtant été banni ou presque par la philosophie contemporaine du droit, sans doute parce que ses principaux exégètes contemporains sont issus de la tradition analytique anglo-saxonne et se méfient de sa conceptualisation de l'État.
Une seconde actualisation de la pensée hégélienne se fait à travers les philosophies de la reconnaissance. Ce numéro de Raisons politiques contribue à élargir cette redécouverte de Hegel dans la littérature des politiques de la reconnaissance à une dimension moins consensuelle : comment en somme utiliser la Phénoménologie de l'esprit pour penser des mouvements pour la reconnaissance non consensuels et antagoniques.