Le développement a servi pendant six décennies à légitimer, au Nord comme au Sud, d'innombrables politiques économiques et sociales et a fait croire à l'avènement du bien-être pour tous. La mondialisation a pris le relais, mais au lieu de promettre le développement partout, on se contente désormais de lutter contre la pauvreté en proposant la croissance comme seul recours. Le développement survit néanmoins comme une lueur d'espoir collectif, car cette notion continue d'imprégner fortement un imaginaire occidental dans lequel le besoin de croire l'emporte sur les doutes que l'on peut avoir sur l'objet de la croyance. Remontant le cours de l'histoire, Gilbert Rist fait le point sur les théories et les stratégies qui, depuis la fin des années 1940, ont prétendu transformer le monde. Sa critique du développement et du paradigme économique dominant met en évidence les limites de l'hégémonie occidentale, les contradictions nées des exigences de la croissance et l'urgence à sauvegarder la planète. Et s'il fallait prendre le chemin de la décroissance ?
Ce livre plaide ardemment pour la reconnaissance et l'intégration du savoir-être dans notre système éducatif.
Toutes les études internationales le montrent, les Français se démarquent par un faible niveau de confiance en soi, de sentiment d'efficacité personnelle, de persévérance et de coopération. Aux racines du phénomène, un système éducatif qui se focalise sur les facultés intellectuelles et néglige la relation à soi et aux autres. Résultat, nos élèves sont plus anxieux qu'ailleurs, craignent d'être considérés comme incompétents en cas d'échec, considèrent la réussite scolaire comme innée, et reculent devant l'obstacle et l'inconnu. Leur bien-être à l'école est moindre par rapport à celui des enfants des autres pays de l'OCDE.
Comme l'indiquent les recherches croisées en économie et en psychologie, un tel déficit de compétences sociales et comportementales a un impact élevé sur la réussite et les inégalités scolaires, sur l'insertion et la vie professionnelles et, plus généralement, sur l'innovation et la performance économique.
Ce livre plaide ardemment pour la reconnaissance et l'intégration du savoir-être dans notre système éducatif. Il y va de la résilience de notre société.
La science économique a été pensée par des hommes, pour être au service d'une société dirigée par des hommes. Elle est aussi la science sociale la moins féminisée : les femmes représentent à peine un quart des économistes. "Je suis une économiste féministe" , affirme Hélène Périvier. En levant le voile sur l'apparente neutralité des concepts et des analyses de cette discipline, elle met au jour les ressorts d'une organisation sociale issue du modèle patriarcal, centrée sur Monsieur Gagnepain, tandis que Madame Aufoyer est devenue Madame Gagnemiettes.
L'économie féministe, parce qu'elle renouvelle les thèmes et les approches de la discipline, déploie des savoirs et des outils pour atteindre l'égalité des sexes.
La réforme des retraites portée par le gouvernement Philippe ne vise pas tant à créer un système universel - tout le monde est déjà couvert par un régime obligatoire depuis 1971 - qu'à en unifier les règles. Mais en quel sens et pour quoi faire ?
Bruno Palier rappelle qu'il existe plusieurs systèmes de retraite, qu'ils ont une histoire et que le choix d'un modèle est aussi politique : il implique des arbitrages importants en matière de redistribution entre les générations, entre les hommes et les femmes, entre les groupes sociaux. Il donne ainsi à entendre les non-dits de ces arbitrages et à comprendre l'importance des choix de la mise en oeuvre effective d'un régime par points.
Dans les études économiques, l'emploi des seniors est très souvent caractérisé par deux observations statistiques: si le taux d'emploi a baissé jusqu'à la fin des années 1990, il est remonté ensuite.; toutefois, ce taux est plus faible en France que chez ses principaux partenaires.
Mais les nouvelles générations de travailleurs seniors sont radicalement différentes de celles qui les ont précédées. Elles sont tout d'abord plus féminisées. L'augmentation de l'âge de perception des droits à la retraite est efficace pour maintenir la soutenabilité financière du système mais elle ne peut s'envisager sans un effort de qualification tout au long de la vie, une meilleure insertion des femmes sur le marché du travail et une adaptation des environnements de travail aux souhaits des seniors.
Gain de pouvoir d'achat pour tous, perte de salaire pour certains: le commerce mondial redistribue les cartes sociales. Tout en profitant globalement à l'économie, il pénalise les citoyens français pour qui la baisse des prix à la consommation ne compense pas les effets négatifs sur la feuille de paye. Se profilent ainsi, d'un côté, les gagnants de la mondialisation, plutôt jeunes, éduqués, bien rémunérés et citadins, de l'autre, ceux dont les compétences professionnelles sont difficilement reconvertibles et qui vivent loin des grands bassins d'emploi diversifiés.Lionel Fontagné décrypte ces mécanismes, qui ne mettent pas tant en cause la mondialisation que l'incapacité des politiques publiques à en faire bénéficier les laissés-pour-compte.
Même s'ils sont parfois très proches de régions dynamiques, certains territoires subissent des taux de chômage élevés et ne parviennent pas à moderniser leur appareil productif. Comment expliquer une telle fragmentation spatiale?L'analyse économique montre, d'un côté, que les ménages sont fortement attachés à leur lieu de résidence et peu au fait des opportunités économiques existant ailleurs; de l'autre, que les entreprises peinent à recruter lorsqu'elles investissent dans les zones délaissées. De nombreuses initiatives sont prises par les acteurs publics locaux et nationaux pour tenter de rapprocher travailleurs et emplois. Cependant, qu'il s'agisse de rendre les territoires plus attractifs ou d'aider à la mobilité résidentielle des ménages, force est de constater que ces politiques sont souvent peu efficaces. Et si, face à ce bilan globalement négatif, la solution consistait à agir sur l'offre immobilière?
Le salaire minimum est-il forcément l'ennemi de l'emploi? La polémique ne faiblit pas, en particulier en France, sur ce seuil légal dont les premières formes ont été introduites il y a plus d'un siècle pour lutter contre les salaires de misère. Ses mécanismes sont pourtant connus depuis longtemps. Les études menées par les économistes dans les nombreux pays qui le pratiquent montrent que son instauration ou sa hausse peuvent, selon les situations, avoir des effets négatifs, nuls ou positifs sur l'emploi.Les résultats empiriques présentés ici permettent de réfléchir au bon usage du salaire minimum dans nos sociétés postindustrielles marquées par une polarisation croissante entre une classe aisée à fort pouvoir d'achat et une armée de travailleurs à bas salaires.
Le recours - dit « L'affaire du siècle » - devant le tribunal administratif de Paris contre l'État de quatre ONG environnementales pour inaction devant le changement climatique, accompagné d'une pétition ayant recueilli plus de 1,6 million de signatures fin 2019 l'illustre : quand il s'agit de faire valoir des droits, le droit est un outil susceptible de convaincre l'opinion et d'enrôler des institutions dans la défense d'une cause.
Ainsi, si le droit peut être l'outil unilatéral de la domination, il a aussi un rôle protecteur voire offensif dont cet ouvrage expose les tenants, présente les usages et interroge la portée.
Synthèse de recherches en sciences sociales et d'enquêtes récentes sur les sources profondes d'un bien-être au travail. Il révèle l'importance des facteurs organisationnels comme l'autonomie, le climat social ou les perspectives de progression, cet essai donne des clés pour (re)penser la gouvernance des entreprises, le degré de verticalité et de rigidité de la structure hiérarchique, le statut des fonctions, l'inclusion sociale et les modes de consultation des salariés, les modalités de différenciation et la transparence des salaires, l'impact des modes de recrutement et de promotion au sein de l'entreprise.
Parce qu'elle est à la fois chargée de les juger et de les protéger, la justice des mineurs est une des institutions symboles de l'universalisme républicain. Traite-t-elle pour autant tous ces justiciables de la même manière?Arthur Vuattoux a mené l'enquête auprès de deux tribunaux, suivi plusieurs procès, analysé plus de deux cents affaires mettant en cause des adolescents. Verdict: les normes de genre orientent profondément la façon dont les professionnels consultés par les juges et les juges eux-mêmes appréhendent les déviances à cet âge. Autant ils ramènent volontiers celles des garçons aux actes commis et au rôle des pairs, autant ils sont enclins à sexualiser et à médicaliser les comportements des filles.Ce traitement différencié dépasse les questions de genre, il touche aussi la race, l'âge, la classe sociale. Il contribue à produire ou à renforcer, au coeur même de l'institution judiciaire, les discriminations systémiques envers des populations minoritaires.
Depuis les débuts de l'époque industrielle, il y a deux cents ans, les activités humaines ont profondément modifié les cycles de la nature, d'où le terme d'Anthropocène pour qualifier la période contemporaine.
Alors que les stocks de combustible s'épuisent, la dissipation exubérante d'énergie liée aux économies fondées sur la croissance touche à sa fin. Quelles en seront les répercussions politiques, économiques et sociales sur un système fondé sur une soif sans limites de ressources naturelles ?
Ère d'accélération, l'Anthropocène brille de ses derniers feux. Le XXIe siècle sera celui de la " descente énergétique". Face à cette rupture profonde dans l'histoire des temps, adopter un autre modèle que le productivisme s'impose d'urgence.
Pour convertir les vertueux principes de frugalité et de basses technologies en programme politique, économique et social cohérent, il faudra s'assurer de répondre à la question majeure de l'emploi, et se forger une double conviction. Celle qu'une société de décroissance peut, à terme, être une société de plein emploi, harmonieuse et équilibrée, contrairement à la société de croissance qui est, par nature, en adaptation et déséquilibre permanents. Cette société de décroissance verra partir et disparaître sans regrets les activités inutiles, nuisibles, polluantes. Elle créera d'autres manières de faire.
Troisième tome d'une trilogie consacrée à la décroissance, cet ouvrage se propose, de la permaculture aux systèmes de santé résilients en passant par les modes de gouvernances rendant possibles les expérimentations locales, de présenter la façon dont une économie de la sobriété peut être politiquement et institutionnellement mise en oeuvre.
COMMENT LA SCIENCE POLITIQUE ANALYSE NOS ECONOMIES MONDIALISEES ?
Selon une thèse aujourd'hui dominante, les cadres qui structuraient nationalement l'activité économique, relativement autonomes et caractérisés par une place importante laissée aux choix politiques, seraient devenus obsolètes dans un monde composé d'économies plus ouvertes et interdépendantes. Dans ce « nouveau monde », chaque économie nationale devrait désormais se plier à une série d'impératifs économiques dépolitisés, tels que « la compétitivité » ou, depuis la crise financière globale, « l'austérité » et la réduction des déficits budgétaires.
Pourtant, l'économie reste un vaste domaine du monde social que « la » et « le » politique ne cessent d'orienter. Comprendre les formes contemporaines du capitalisme ne peut se faire sans cette lecture portée par les sciences politiques.
Dressant un panorama unique des connaissances en l'économie politique, ce dictionnaire propose plus de 50 entrées (concepts clés, perspectives analytiques et controverses contemporaines) qui livrent l'état des connaissances scientifiques sur le rapport capitalisme-politique.
Alors que les projecteurs restent braqués sur les très grandes métropoles mondiales, Patrick Le Galès analyse comment, dans les villes européennes, acteurs, groupes et organisations se mobilisent pour concevoir des processus d'intégration, renforcer les sociétés urbaines et organiser des modes de gouvernante au sein desquels les élus et le gouvernement urbain jouent un rôle important. Phénomène original inscrit dans la longue durée, les villes européennes forment un réseau dense d'agglomérations de 200 000 à 2 ou 3 millions d'habitants qui ne cessent de se réinventer. Soumises à des pressions contradictoires - mobilité, tensions sociales, pauvreté, immigration, mondialisation des entreprises, enchevêtrement des pouvoirs et des politiques publiques qui conduisent à la fragmentation -, elles continuent de croître en développant des stratégies collectives. Cette seconde édition enrichie d'une préface inédite vient confirmer la robustesse du modèle des villes européennes, la réalité de leur investissement dans les questions de développement durable et de leur mobilisation politique pour recréer de la cohésion dans des villes .fragmentées; mais aussi, hélas, leur plus grande difficulté, dans un contexte de crise, à financer leurs projets comme à jouer un rôle moteur dans l'invention de sociétés européennes moins nationales. Classique de la recherche urbaine, en France et au niveau international, cet ouvrage a reçu le prix " Stein Rokkan " (ECPR/ISSC) pour la recherche comparée en 2002 et le prix " Bologna II Mondo/ Il Mulino " dans sa version italienne publiée en 2005.
la mondialisation provoque tourbillons de croissance et intensification de flux de toutes natures - scientifiques, technologiques, démographiques, économiques, culturelles.
la dynamique des réseaux tend à l'emporter sur le contrôle des territoires. mais le monde, qui est aussi un lieu, est présent dans chaque endroit de la planète. loin d'uniformiser celle-ci, la mondialisation n'est nullement une menace pour les positions acquises mais elle multiplie au contraire les opportunités. référence sur la mondialisation, cet ouvrage d'olivier dollfus, inventeur dès 1984 du " système-monde ", constitue, comme le souligne jacques lévy dans une passionnante préface à cette troisième édition, l'introduction à un mode de pensée qui rend possible une intelligence à la fois concrète et conceptuelle de la mondialisation.
Arrêts de travail, épisodes de chômage, inactivité temporaire, cessation précoce d'activité... Les maladies et les accidents sont des déterminants des parcours professionnels. Leurs effets sont globalement encore plus forts pour les populations déjà marginalisées sur le marché du travail : les femmes, les personnes peu qualifiées et les seniors, pour qui les problèmes de santé sont la cause principale de la sortie de l'emploi.
Par ailleurs, l'emploi, dans ses conditions et son intensité, est un facteur explicatif majeur de l'état de santé général des individus.
Cet ouvrage propose une synthèse des principaux enseignements de la littérature économique française récente sur les relations complexes existant entre problèmes de santé et emploi. Il en tire quelques enseignements sur les dispositifs à mettre en place afin de préserver la santé au travail et de dynamiser le marché du travail. Il plaide ainsi pour des dispositifs de protection ex ante face à des chocs de santé (assurance maladie professionnelle, aménagement des conditions d'emploi et de travail, etc.), mais également pour des mécanismes de compensation intervenant durant la trajectoire professionnelle (indemnités maladie, réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles) au côté de la simple couverture de soins.
Ils ont entre 15 et 25 ans et ils ont grandi avec internet. Ils participent massivement aux réseaux sociaux et le web a révolutionné leur façon de regarder le monde et de s'y projeter. Émergence d'une « identité numérique expressive », conversation en continu, productions artistiques amateurs, culture lol, raids de hackers, actions protestataires, attachement à une économie du gratuit : se dessinent ainsi de nouveaux profils psychologiques, une façon inédite de vivre ensemble et de s'organiser, un mode de consommation dont le modèle économique reste à créer. Mais, face à une innovation technologique d'une telle ampleur et aux transformations sociales qu'elle génère, ne peut-on d'ores et déjà parler de rupture anthropologique ?
Pourquoi sommes-nous soumis aux impératifs de l'économie ? La vision du monde que nous propose cette discipline est-elle réaliste ? Peut-on appréhender autrement les phénomènes de production, de consommation et d'échange ? A partir de l'histoire et de l'anthropologie, cet ouvrage remet en question les présupposés de l'économie ordinaire.
Diffusés au XIXe siècle, ils correspondent à un état de la science devenu obsolète. La lutte contre la rareté, l'hégémonie du marché, l'obsession de la croissance conduisent-elles en effet à l'abondance ou à la pénurie généralisée ? Ce livre propose une autre manière de penser la société et d'aborder les problèmes écologiques. Il jette un regard différent sur les crises économique, financière, énergétique et alimentaire qui nous menacent, et en appelle à la construction d'un nouveau paradigme économique.
Faut-il fonder une justice distributive mondiale au profit des plus faibles ? Existe-t-il des guerres qui répondent aux critères de la "guerre juste" ? Quelle est la meilleure architecture politique mondiale ? De telles questions ne relèvent pas d'une approche scientifique mais plutôt d'une théorie normative qui prescrit conduites et modèles d'organisation.
Car, contrairement aux idées préconçues, la philosophie ne se borne pas à un idéal de vie au sein des formes politiques. Elle analyse bel et bien l'essence des relations internationales en répondant à ces interrogations. Lire et interroger ces sources contemporaines et passées, telle est l'ambition de cette anthologie. A travers une sélection de textes commentés et contextualisés, le lecteur découvrira ici les grands penseurs de la philosophie politique au coeur même de leur oeuvre : Dante, Machiavel, Hobbes, Montesquieu et Rousseau aux côtés d'auteurs classiques (Vitoria, Vattel, l'abbé de Saint-Pierre) ou contemporains (Rawls, Habermas, Walzer).
Des philosophes ayant suscité regain d'intérêt ces dernières années (Leroux, Arendt) ou vifs débats récents (Strauss, Schmitt) sont venus enrichir cette deuxième édition.
L'espace mondial. La mondialisation est un enchevêtrement de processus complexes dans lequel les individus, inondés d'informations en temps réel, ont du mal à se situer, qu'ils soient gagnants ou perdants. Comprendre ces processus nécessite d'inventer de nouvelles grilles de lecture.
Acteurs et réseaux. Face à des États trop petits pour un monde trop large, quels rôles reviennent aux régions, niveau intermédiaire mal défini, mal identifié et parfois mal aiméoe Firmes globales, ONG, réseaux religieux, groupes terroristes, mafias : qui sont ces acteurs déployés dans l'espace mondial ? Comment agissent-ilsoe Identités et allégeances. La question des allégeances et des valeurs universellement partagées se pose à nouveau. La perte des repères collectifs et individuels entraîne des recompositions identitaires, parfois brutales, et rend la gestion de la diversité plus compliquée.
Gouverner et réguler. Plus fluide et plus interdépendant, ce monde est en même temps profondément fracturé. La diffusion de la violence et la globalisation des problèmes environnementaux obligent à réfléchir, au-delà du militaire et du géostratégique, à l'imbrication des facteurs économiques, sociaux et politiques.
La chine dans la mondialisation : l'émergence économique et politique de cette société en mouvement génère, modifie et amplifie des phénomènes globaux qui, en retour, l'influencent et la transforment. Composé de cartes, de graphiques et de textes inédits, ce cahier spécial Chine aide à décrypter les enjeux des bouleversements en cours.
Un projet exemplaire : plus qu'un atlas, ce livre est une véritable boîte à outils. Conçu par un cartographe, une géographe et deux politistes, il est le fruit d'un travail d'équipe autour du cours d'Espace mondial, l'un des enseignements phares de Sciences Po. La cartographie et les graphiques s'appuient sur les travaux réalisés par l'Atelier de cartographie de Sciences Po, devenu une référence dans ce domaine.
La New Political Economy découvre sur le tard qu'il y a de la politique dans l'économie, ou plutôt par-dessus. Mais le " politique " n'y est qu'une couche supplémentaire surmontant la structure d'ensemble des marchés, elle-même réputée parfaitement autorégulée... et inopportunément perturbée par les parasitages de la vie politique. Ce livre affirme, à l'inverse, que le politique est immanent aux rapports sociaux du capitalisme. Il s'agit bien sûr d'un concept étendu du politique, compris ici comme (omni)présence des conflits et des rapports de pouvoir ; il a pour lieu d'élection les armatures des capitalismes que sont leurs constructions institutionnelles. C'est un parcours d'une triple diversité que proposent les auteurs. Diversité institutionnelle, puisque conflits et pouvoirs sont aussi bien observables dans le rapport salarial, la monnaie, l'entreprise, que la politique économique. Diversité géographique au travers des cas américain, iranien, argentin et russe. Diversité disciplinaire, convoquant, en plus de l'économie, sociologie, droit, politologie et histoire.
jamais sans doute la prégnance de l'économie n'a été aussi forte dans la vie politique et sociale, et jamais la pensée de keynes n'a autant été d'actualité et aussi mal comprise.
au-delà des trop connues politiques de relance macro-économiques et de lutte contre le chômage, le message de keynes est une conception totalement originale des rapports de l'économie et de la société. aux sources de l'analyse keynésienne se trouve une réflexion singulière sur la psychologie des hommes et leurs rapports à l'argent, une théorie particulière de l'avenir et de l'incertitude, et partant de la justification du profit, une conception révolutionnaire du marché.
keynes peut nous enseigner aujourd'hui comment l'économie, qui semble s'être provisoirement émancipée de la société, peut à nouveau redevenir citoyenne et civilisée.