Le mouvement des gilets jaunes est tout sauf anecdotique. Tenter de l'expliquer en se focalisant sur la sociologie des participants ou en évoquant la montée des populismes et le rejet des élites n'est guère probant.
Luc Rouban voit dans ce mouvement le symptôme d'une profonde mutation du rapport au politique. En épluchant minutieusement sondages, enquêtes, baromètres ainsi que les remontées du grand débat national, il met au jour les sources cachées de cette mutation, ce qu'il appelle la matière noire de la démocratie.
Alors que l'offre politique est devenue un produit comme un autre et qu'une part croissante de la population se sent privée d'autonomie et subit les effets de la mondialisation, la lutte des classes a changé de visage, les notions de représentativité et d'universalité n'ont plus cours.
À un débat démocratique centré sur la poursuite de l'intérêt général à long terme s'oppose désormais une vie politique réduite à un échange de court terme entre un citoyen-client et un élu-fournisseur. Le choc frontal entre ces deux visions difficilement réconciliables (et dans lesquelles, paradoxalement, gilets jaunes et macronisme se rejoignent) crée de lourdes menaces sur la démocratie.
Promu par les innovations managériales, l'engagement des salariés au travail trouve une issue logique dans leur participation aux décisions de l'entreprise. Cette participation répond en outre à l'aspiration des salariés et de leurs représentants à intervenir sur les conditions de travail, à discuter des questions d'emploi et de rémunération, ainsi que des choix stratégiques de leur entreprise.
Certains à discrétion des directions, d'autres obligatoires, les dispositifs de participation que recense et analyse cet ouvrage revêtent des formes diverses : droit économique du comité d'entreprise, négociation collective, représentation au conseil d'administration, etc.
Comment ces canaux s'articulent-ils ? Comment contribuent-ils à l'amélioration des conditions de travail, à la transition écologique, à la responsabilité sociale des entreprises ? Que peut-on en attendre, en termes de compétitivité ?
Un tour d'horizon synthétique et critique, alors que la loi PACTE du 22 mai 2019 prescrit une plus grande participation des salariés au capital et aux décisions stratégiques des entreprises.
L'historien et philosophe Ibn Khaldûn l'avait déjà exposé au XIVe siècle : « Le pouvoir est une position noble et désirée. Il procure tous les biens de ce monde, les plaisirs du corps et les joies de l'âme. Aussi est-il en général objet de compétition ». Comment, dans cette compétition, choisir au mieux son gouvernant ? Quels principes retenir ?
Guy Hermet a relevé ici quelques-unes de ces petites phrases, aphorismes, réflexions laconiques, propos humoristiques, définitions un peu lestes, maximes burlesques ou d'une gravité déstabilisante, dictons ou adages, formules perverses de beaux esprits, sentences d'une vérité corrosive qui disent mieux que tout la politique, l'art de gouverner, celui de se faire élire, de construire l'opinion, etc.
Parmi ces citations : « Appuyons-nous fortement sur les principes, ils finiront par céder » (Édouard Herriot), « À autorité publique très corrompue, lois sans nombre » (Tacite),« Les sondages, c'est pour que les gens sachent ce qu'ils pensent »(Coluche), « Après avoir interviewé plus de 300 parlementaires et ministres [...], je puis vous assurer qu'à l'exception de deux ou trois, ces gens-là n'appartiennent pas à la même humanité que vous et moi », Jeremy Paxman.
En 2012, l'Union européenne a reçu le prix Nobel de la Paix en reconnaissance de son action pour la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe.
Plus d'un demi-siècle après la signature du traité de Paris et l'établissement de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, ce prix est venu couronner une Europe pacifiée et politiquement réunifiée. Vingt ans plus tôt, l'Union européenne faisait pourtant le constat de son incapacité à gérer les crises du continent européen (ex-Yougoslavie). Mais cet échec semble avoir, de fait, incité l'Europe à se doter d'outils et de moyens pour devenir, aujourd'hui, un acteur du champ de la pacification internationale.
Cet ouvrage montre comment, en matière de gestion civile et militaire des crises internationales, l'Union européenne s'inscrit depuis le début des années 2000 dans une dynamique de multiplication des interventions et d'innovations institutionnelles.
Décidément, nous n'aimons pas nos politiques. Nous sommes parfois séduits par leurs promesses, mais, peu après leur arrivée au pouvoir, ils nous déçoivent. Très vite, nous avons même hâte de les voir quitter le pouvoir. Si cette séquence se répète régulièrement depuis près de quarante ans en France, depuis 2008, le phénomène gagne en intensité comme en vitesse. Entre représentants et citoyens, la rupture semble bien consommée, singulièrement avec la personne du président de la République.
Ce désenchantement français à l'égard du politique, il faut l'expliquer et lui donner sens pour espérer en sortir. Est-il la conséquence d'un échec des politiques publiques menées ? La rançon de l'éloignement des élites gouvernementales et du peuple ?
L'expression d'un pessimisme spécifique aux Français ? Le produit d'institutions qui concentrent tout le jeu politique sur les élections présidentielles ?
Emiliano Grossman et Nicolas Sauger ont utilisé les outils de la recherche en sciences sociales pour identifier les causes véritables de ce désamour programmé. Ils montrent, propositions à l'appui, comment seule une réflexion sérieuse sur les effets des institutions et les réformes qui s'en suivent peuvent permettre de sortir de la crise actuelle.
Le Groupe des Vingt (G20) forme un aréopage hétéroclite à l'image de la métamorphose du monde. Ni groupe du Nord, comme le G8, ni groupe du Sud, comme le G77, il réunit des pays développés et des « émergents » qui sont à la fois riches et pauvres (Inde, Brésil), des démocraties et des régimes autoritaires (Chine, Russie), des gouvernements laïcs et religieux (Arabie Saoudite, Indonésie). Contrairement aux autres clubs réservés aux États, il comprend aussi une organisation régionale, l'Union européenne, vingtième membre du G20.
En diversifiant ses interlocuteurs - agences de l'ONU, monde des entreprises, partenaires sociaux -, il répond à une demande croissante de participation au plan international. Il a favorisé une redistribution du pouvoir, longtemps réclamée par le FMI. Pourrait-il aider aussi l'ONU à se réformer ?
Ni directoire global d'un nouvel ordre mondial, ni cellule de crise d'économies en faillite, le G20 apparaît plus certainement comme le lieu d'observation, d'invention et d'expérimentation de nouveaux modes de coopération internationaux au sein d'un monde doublement « émergent ».
au moment oú le xxe basculait dans le passé, rené rémond jetait un regard en arrière et tentait d'apprécier ce que celui-ci avait apporté à l'humanité.
voici un siècle de fer oú l'horreur a atteint par moment des proportions inouïes : deux conflits mondiaux, le génocide du peuple juif, l'univers du goulag, le discrédit des idéologies qui avaient la prétention de révéler le sens de l'histoire, la prolifération des régimes totalitaires. mais ce siècle se réduit-il à cette énumération accablante de crimes et d'atrocités ? il est aussi le siècle oú l'homme a conquis l'espace, découvert les secrets de la matière, exploré le génome, allongé la durée de la vie.
il s'est achevé sur le triomphe de la démocratie dont les principes paraissent bénéficier, désormais d'un consentement presque universel. a l'échelle de la planète, le sentiment de la responsabilité de la communauté mondiale tend à l'emporter sur la souveraineté des etats. la conscience morale, devenue plus exigeante, condamne aujourd'hui ce qu'elle tolérait hier et légitimait avant hier. les attentats du 11 septembre 2001 et les guerres d'afghanistan et d'irak auraient-ils remis en question cette vision optimiste ? non affirme rené rémond dans une postface écrite pour cette nouvelle édition.
« En dépit du principe d'égalité souveraine qui fonde le rapport entre les États, certains ambassadeurs ont plus de poids que d'autres à la table de négociation. Les délégués nationaux s'affairant dans les coulisses des sièges d'organisations internationales parlent souvent de cet ordre hiérarchique international comme d'un « pecking order » - un terme emprunté à la zoologie qui décrit la hiérarchie de dominance chez les poules. » Contrairement à l'idée reçue, il n'y a pas un seul ordre hiérarchique international, qui serait relativement stable et immanent, mais plusieurs ordres, par nature contestés, changeants et multiformes. Dans les affaires multilatérales, les pays qui sont déterminants changent selon les circonstances. En analysant ce qui se passe à la table des négociations comme en coulisse, à l'OTAN comme à l'ONU, cet ouvrage explique pourquoi, en théorie comme en pratique, les ordres hiérarchiques internationaux sont à la fois contingents mais aussi durables ; contraignants tout en laissant une certaine capacité d'action ; opérant à différents niveaux en fonction des enjeux ; et définis en grande partie à travers le jeu diplomatique caractéristique de chaque organisation. Une étude essentielle pour comprendre le grand jeu diplomatique.