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Je fus, que son ami Jacques Ellul tenait « pour un des seuls livres fondamentaux sur la liberté », est l'oeuvre de philosophie existentielle majeure de Bernard Charbonneau. Cet Essai sur la liberté, véritable odyssée intellectuelle et sensible d'une liberté incarnée, à laquelle Bernard Charbonneau donne corps, sang, chair, esprit et style d'une manière incomparable, s'articule autour de l'autre concept central de sa pensée : la nature. Imprégné des intuitions de ses maîtres (Montaigne, Pascal, Kierkegaard, Nietzsche), Charbonneau explore le concept de liberté sous toutes ses formes ; la sienne est une liberté forcément tragique (« le plus dur des devoirs ») qu'il oppose au « mensonge de la liberté » et à tous ses avatars idéologiques, technoscientifiques ou consuméristes. Un livre indispensable pour quiconque cherche à être vraiment libre, c'est-à-dire à interroger les conditions de possibilité de sa propre liberté - et surtout à la vivre, ici et maintenant.
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Byung-Chul Han poursuit dans ce livre capital son analyse alarmante d'une société sur le point de s'effondrer, débutée dans La Société de la fatigue. Se concentrant sur la relation entre violence et individualité, il montre que malgré la thèse répandue selon laquelle la violence aurait été éradiquée de nos sociétés modernes, elle a seulement changé de forme pour opérer plus subtilement. S'appuyant sur Freud, Benjamin, Schmitt, Sennett, Girard, Agamben, Deleuze, Foucault, Bourdieu ou encore Heidegger, Han étudie les formes classiques de la violence issues de la négativité - la violence archaïque du sacrifice et du sang, la violence virale du terrorisme, la violence verbale des paroles blessantes - avant d'analyser la violence nouvelle, issue de la positivité, et qui se manifeste par le sur-accomplissement, la sur-production, l'hyper-communication, ou l'hyper-activité - et qui n'est pas moins dangereuse pour l'individu qui souhaite être libre.
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La propriete c'est l'envol : essai sur la bonne et la mauvaise propriété
Bernard Charbonneau
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- 17 Novembre 2023
- 9791096562503
Les logiques glacées et abstraites du Capital, de l'État, de la Science et de la Technique convergent pour nous exproprier d'un rapport au monde personnel et durable. Penseur de la liberté incarnée, Bernard Charbonneau décrit dans cet inédit de premier plan la mise en place progressive d'un monde dans lequel, n'ayant plus rien à s'approprier, l'homme ne possédera bientôt plus rien en propre qu'un matricule. Pour lutter contre cette funeste perspective, il défend la possession, qu'elle soit personnelle, familiale ou communautaire, qui permet à la liberté de s'ancrer dans le réel. Certes, à première vue la propriété semble l'obstacle à la liberté : à la disponibilité, au mouvement, au don. Ce serait vrai si l'homme n'était qu'un pur esprit. Mais si la liberté des anges et des saints peut se passer de propriété, celle du commun des mortels dépend de l'appropriation par quoi un peu d'esprit passe dans les choses et y laisse sa trace. Pour être un homme libre il me faut ma maison, un territoire où je puisse déployer en sûreté une activité à ma mesure. Retraçant l'histoire de la propriété et de l'expropriation à travers les âges (antique, paysanne, puis bourgeoise et capitaliste, sans oublier ses développements religieux ou idéologiques, ou sa compréhension par Marx ou Proudhon), Charbonneau offre dans son style inimitable un panorama passionnant et des pistes de réflexion inédites et nuancées sur ce concept sans lequel la liberté n'est qu'un vain mot.
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Texte faisant partie des Ecrits de Londres, écrit à la même période que l'Enracinement, La Personne et le Sacré prend son origine dans le mot de « personne » qui avait fondé le courant personnaliste autour d'Emmanuel Mounier et que Simone Weil trouve impropre. Mais ce texte est bien plus qu'une querelle sémantique : il devient tout de suite méditation philosophique lumineuse et de très grande importance (jusque-là sous-estimée) sur les notions de droit, de démocratie, de justice, de mal et de beauté. Prenant à contrepied le personnalisme chrétien en affirmant que « Ce qui est sacré, bien loin que ce soit la personne, c'est ce qui, dans un être humain, est impersonnel », Simone Weil se livre à un plaidoyer d'une rare justesse pour ce qui fonde l'être humain en dehors de toute collectivité ou institution. Un texte capital pour approfondir l'oeuvre de Simone Weil et qui saura parler à tout lecteur qui recherche une clarté pure, exigeante et dénuée de tout artifice sur des thèmes intemporels.
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Maria Zambrano a toujours eu envie d'écrire sur Sénèque l'Andalou. Pour elle, Sénèque n'était pas qu'un philosophe, c'était un lieu de retour, une retraite, un refuge. Parce qu'en fin de compte, nous revenons toujours chez nous, elle nous offre ici une magnifique déambulation dans l'oeuvre du philosophe latin. Sénèque n'est pas un systématique ; la logique et la métaphysique n'ont pas d'importance pour lui. Ce qui compte, c'est la pensée tout entière orientée vers la réalisation d'une « vie bonne ». Pour Maria Zambrano, il représente un modèle d'"adoucissement" de la raison, une raison médiatrice entre espoir et désespoir, une raison au service de la vie, qui est une consolation et un remède à notre impuissance face à notre condition mortelle et notre soumission à des puissances envahissantes. La maîtrise de soi, la paix, la tranquillité d'esprit, la vie retirée, la résignation, la séparation d'avec les passions du vulgaire, l'amitié, la clémence, sont quelques-unes des notions importantes du projet sénéquéen, qui font de la philosophie du sage cordouan une philosophie sans cesse vivante. Pour la réactualiser, Maria Zambrano commente des extraits choisis de son oeuvre avec une pertinence, une vivacité et une acuité intellectuelles à travers lesquelles percent l'enthousiasme.
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Le monde du condamné à mort : sur Albert Camus
Rachel Bespaloff
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- Ars Longa, Vita Brevis
- 1 Mars 2024
- 9791096562596
À partir de quelques grandes oeuvres de Camus (principalement La Peste, Caligula et le Malentendu), Rachel Bespaloff propose dans ce petit livre une réflexion existentielle pleine de finesse et de profondeur sur la mort et l'existence. Analysant les grands thèmes de l'oeuvre de Camus (la question centrale de la liberté dans un monde sans transcendance, celle de la volonté de puissance, héritée d'un dialogue fécond avec Nietzsche, la question de la sainteté dans un monde sans Dieu, le mal et l'extériorisation du mal) en les mettant en regard avec les dévoiements des pensées de Nietzsche et de Marx, réifiées et systématisées, ainsi qu'avec la révolte et l'énergie romantiques tels qu'elles ont pu être traduites par Stendhal et Balzac, elle rend hommage à la probité et au talent artistique d'un classique français imprégné de latinité et d'hellénité qui a su rendre palpable le passage du monde romantique au monde moderne, du siècle de Satan au siècle de Sisyphe.
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L'Anthologie classique (le Shijing) rassemble les 305 poèmes - chansons populaires, odes pour les cérémonies de cour, odes religieuses -sélectionnés et ordonnés, selon la tradition, par Confucius (551-479 av. J.-C.), dont la doctrine politique et sociale fut érigée en religion d'Etat et marqua profondément la civilisation chinoise. Ezra Pound voyait dans le confucianisme un véritable "code de la vie" et une possibilité de renouvellement pour l'Occident. Après Les Entretiens de Confucius (ou Analectes), le poète américain traduit donc les odes confucéennes au temps de sa détention à l'hôpital St. Elizabeth's. Sa connaissance du chinois peut sembler rudimentaire : il suit l'enseignement de son maître Fenollosa, et ses solutions ne sont pas exemptes de fantaisie. Toutefois, Pound accorde une importance particulière au travail de traduction et voit dans la concordance des langues un critère majeur de civilisation. Il préfère par conséquent toujours la restitution d'une inflexion vivante au strict respect de la syntaxe. Une approche non conventionnelle mais efficace, qu'avait remarquée Simon Leys : "Pound ne savait guère le chinois ; ses interprétations sont quelquefois loufoques... mais Pound a fait preuve d'une infaillible intuition des rythmes de l'original... son oreille ne se trompe jamais, et dans ce domaine il nous administre une leçon exemplaire."
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Face aux défis technologiques et écologiques : l'éthique de Bernard Charbonneau et Jacques Ellul
Frédéric Rognon
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- 19 Janvier 2024
- 9791096562565
Près de trente ans après leur mort, Jacques Ellul (1912-1994) et Bernard Charbonneau (1910-1996) commencent enfin à bénéficier d'une reconnaissance dont ils ont été privés de leur vivant. Leurs innovations conceptuelles (« engagement dégagé », « non-puissance », « Grande Mue », « nature et liberté »...) sont des ressources inégalées pour affronter les défis du présent. Mais il est une dimension de leur pensée qui n'a pas encore reçu l'attention qu'elle mérite : leur témoignage et leurs propositions d'ordre proprement éthique. Car les deux amis étaient loin de réduire leur vie à la recherche théorique et à l'écriture. Méconnus, leurs engagements témoignent de fermes convictions, et surtout du souci d'assurer une cohérence entre leur pensée et leur existence concrète. Aussi nous ont-ils transmis des pistes de réflexion et d'action susceptibles d'orienter, non seulement nos propres recherches, mais nos choix de vie. C'est cette lacune que le présent volume cherche à combler : éthique de la liberté, éthique de la limite, éthique de l'engagement dégagé, éthique de la résistance sont ici mises en lumière, parfois appuyés par des témoignages de première main, tout en gardant le souci d'honorer la « pensée commune » aux deux Gascons. Le tout pour passer de la dénonciation des impostures de notre temps à la proposition de styles de vie créateurs, incarnés voire radicaux que notre époque des défis écologiques et technologiques inégalés rend nécessaire.
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Ernesto Sabato s'est toujours élevé contre le dogmatisme et l'endoctrinement idéologique, dont rien de bon n'est jamais sorti. Dans un monde où les valeurs spirituelles et humanistes s'écroulent, soumises à la propagande constante (des partis politiques, des médias, des idéologues en tout genre), où l'intimidation et l'anathémisation remplacent le dialogue et la justice, où le dogme remplace la recherche de la vérité, où la technique remplace la pensée, Sabato rappelle inlassablement dans ces deux petits essais, prenant comme point de départ son Argentine, qui a connu tant de vicissitudes idéologiques et dictatoriales, le rôle primordial et immuable de toute éducation humaniste, libérale et démocratique : apprendre à penser par soi-même pour être libre. Contre les fanatiques et les dogmatiques de tout bord, il propose également sa vision de ce que devrait être une éducation qui viserait à atteindre réellement ce but.
Un texte intemporel, fin et évocateur pour remettre les idées à l'endroit dans toute démocratie qui se respecte. -
Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne
Charles Péguy
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- 2 Février 2024
- 9791096562572
Écrit exceptionnel de Charles Péguy, la note sur M. Descartes parle cependant de tout sauf de René Descartes. Le grand philosophe n'est en effet que le prétexte introductif à un voyage à travers les méandres clairs et sinueux si caractéristique de la pensée de Péguy, et notamment ses thèmes fétiches : la pensée de Bergson, grand penseur du temps ; le Juif et le Chrétien ; le catholicisme ; l'écriture et le durcissement de la pensée ; la Grâce et la Sainteté. Ces dernières sont au coeur de l'ouvrage : Péguy ne se lasse pas, dans des réflexions d'une force rigoureuse et d'un lyrisme tenu, d'analyser à travers elles de grandes figures comme le Polyeucte de Corneille, Saint-Louis et Jeanne d'Arc ; mais aussi de revenir en longueur sur la chevalerie française, la royauté, l'Histoire de France. À travers ces cheminements si pleins d'une nécessité qui lui est propre, Péguy revient ensuite longuement sur la sainteté de Jésus, sur l'avilissement du monde moderne, l'épargne, l'avarice et même les fonctionnaires et la retraite. Un livre d'un charme, d'une profondeur et d'une fascination infinies, dans lequel s'épanouit le meilleur de Péguy.
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Les incandescentes : Cristina Campo, Simone Weil, Maria Zambrano
Elisabeth Bart
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- Du Rouge Et Du Noir
- 5 Mai 2023
- 9791096562497
Elles ont brûlé, dans les ténèbres du XXe siècle cette longue nuit de guerres, de totalitarismes, de barbarie où nous errons encore, de leur désir de vérité et de cette volonté qui consiste à aimer inconditionnellement. Trois femmes, trois voix qui s'entrelacent sans le savoir en une seule flamme dans la nuit ou le Verbe se fait silence, dans trois langues vivantes et soeurs, le français, l'italien, l'espagnol. Si différentes dans leur absolue singularité, elles se ressemblent, toutes trois de la lignée d'Antigone, éminente figure du sacrifice, de l'offrande sans concession, de l'amour sans conditions, du moi consumé pour accéder à l'être, sans lesquels il n'est pas de révolte authentique. Dans le temps de vie qui leur fut imparti, brève et fulgurante trajectoire de Simone Weil (1909-1943), morte à trente-quatre ans, longue vie de María Zambrano (1904-1991) du début à la fin du siècle, parcours orienté dès la naissance par la maladie pour Cristina Campo (1923-1977) qui ne connut pas la vieillesse, elles ont eu cette capacité si rare de transformer leur vie en destin. Chacune de ces femmes laisse entendre une voix singulière, libérée de la pesanteur, d'une extraordinaire pureté, voix monacale, dépouillée comme le chant grégorien de Simone Weil, voix transparente aux mythes et aux rites de Cristina Campo, voix où bruissent les fleuves de l'exil, charriant les douleurs et les pleurs secrets de María Zambrano.
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Les lettres que Cristina Campo a écrites à María Zambrano entre 1961 et 1975 nous permettent de découvrir un sommet de l'écriture épistolaire campienne et constituent sans aucun doute une clé d'accès indispensable pour une connaissance authentique de la vie et de l'oeuvre de deux des plus importantes figures féminines du XXe siècle. Quotidien, joie, poésie, écriture, amis, livres, liturgie, prière, distance et nostalgie, (dans la fidélité à la confiance et à la tendresse, la douleur, l'espérance, « ce qui rend possible l'attente indéfinie d'un miracle » : tout cela Cristina Campo confie à son amie lointaine, qui le transfigurera au centre de ses recherches philosophiques dans la figure aurorale de la flamme, le petit traité inépuisable que María Zambrano dédia en 1977 à la mémoire de Vittoria-Costina.
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Dans ce petit opuscule paru en 1933, Berdiaeff réfléchit à ce qui est pour lui « la plus grande révolution, voire la plus terrible de toute l'histoire humaine », l'apparition de la machine et son corolaire conceptuel qu'est la technique. Petite méditation profonde et originale, à la langue élégante, ce texte est l'occasion pour Berdiaeff de poser le problème de la technique sous les angles métaphysiques et sociologiques, d'affirmer que le monde moderne ne permettra de revenir en arrière, comme l'ont cru les romantiques, et de voir en elle une nouvelle réalité, réalité paradoxale non dépourvue de danger pour l'individu comme pour l'âme.
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Dans L'Effondrement des puissances, Leopold Kohr montre que tout au long de l'Histoire les peuples qui ont vécu dans de petits États sont plus heureux, plus pacifiques, plus libres, plus créatifs et plus prospères. Il soutient dans une analyse brillante que ce qui est trop gros ou trop grand finit toujours par s'effondrer et que seule la juste mesure et le retour à l'échelle humaine permettraient à l'humanité de se sauver de l'abîme. Sa philosophie politique suggère ainsi que, plutôt que de faire des unions ou des entreprises toujours plus grandes, avec la croyance erronée que cela nous apporterait la paix, la sécurité et la prospérité, nous devrions remettre en question les agrégations de pouvoir et retourner à un patchwork de petits États au pouvoir relatif, où les dirigeants sont accessibles et dignes représentants du peuple. Publié pour la première fois en 1957 aux États-Unis, ce livre, avec ses visions prophétiques, ses idées originales, ses saillies provocatrices, son analyse sceptique, lucide et ironique de la nature humaine dans la lignée de Schopenhauer, est plus que jamais d'actualité en ce début de XXI? siècle, de période de globalisation et d'hubris démesuré. Traduction entièrement révisée
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- Éditorial : faire la guerre à la guerre
- Venger Abel, par Paul Ducay
- Entretien avec Olivier Roy, par Moncef El Younssi
- La guerre peut-elle être civile ? par Adlene Mohammedi
- Vassili Grossman : la littérature de guerre au service de la vérité, par Quentin Jacquet
- Curzio Malaparte, le chaos et le sang, par Youness Bousenna
- La poésie en guerre d'Anna Akhmatova, par Alice de Pommayrac
- Le roi, la guerre et la scène : la tragédie racinienne au service de l'histoire, par Alexis Bétemps
- Entretien avec Gérard Chaliand, par Benjamin Fayet
- Achille au Vietnam, par Cédric Monget
- Les victoires posthumes de Carl Schmitt, par Moncef El Younssi
- Image et figure du moine-soldat au Japon, par Clément Sans
- La guerre, blockbuster absolu, par Olivier Maillart -
Alors que les avions allemands bombardent incessamment Londres, Orwell livre ses réflexions sur la situation britannique et en vient à la conclusion suivante : la seule manière de résister au nazisme et au communisme totalitaires, c'est de défendre une révolution socialiste et patriote au Royaume-Uni.
Dans l'un de ses essais les plus importants, Orwell s'en prend au système de classe britannique dépassé et vieilli, alliance entre aristocratie dépassée voire idéologiquement compromise avec le nazisme, uniquement soucieuse de ses intérêts de classe, et intellectuels défaitistes, antipatriotes et souvent sympathisants soviétiques. Il plaide à la place pour un socialisme démocratique typiquement anglais, fondé sur la longue histoire de l'Angleterre et les vertus du peuple britannique, unifiant élites et peuple dans un système plus juste et plus égalitaire, dont « Le lion et la licorne », figures héraldiques du blason royal, forment le symbole le plus expressif. -
L'empêchement de la littérature : sur la liberté d'expression et de pensée
George Orwell
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- 10 Juillet 2020
- 9791096562152
L'Orwell essayiste a écrit de très nombreux essais, la plupart parus dans la presse de l'époque. Peu cependant traitent directement de la liberté d'expression et de pensée, thèmes chers s'il en est à l'auteur de La Ferme des Animaux et de 1984. Dans ce petit texte offensif, prononcé à l'occasion d'un événement en faveur de la liberté de la presse, Orwell s'insurge contre les discussions sur le sexe des anges quand elles ne sont pas de franches louanges envers le communisme soviétique et l'URSS. Il se livre ensuite à un plaidoyer prémonitoire et lucide sur la nature du totalitarisme et ses rapports avec la liberté d'expression, les écrivains et la littérature en tant que telle - la littérature avait en effet toujours été la passion d'Orwell, qui n'écrirait 1984 que quelques années plus tard. C'est dans ce texte qu'il faut lire la défense qu'en fait Orwell, dans des termes et au moyen d'analyses qui n'ont rien perdu de leur pertinence aujourd'hui.
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Résister au totalitarisme industriel : actualité de la pensée de Bernard Charbonneau
Bernard Charbonneau
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- 19 Mai 2022
- 9791096562398
Dès les années 1930, Bernard Charbonneau acquiert la conviction que le XX° siècle serait à la fois celui du saccage de la nature et celui du totalitarisme. En effet « le régime totalitaire pourrait se définir comme un brusque accomplissement des virtualités sociales de la technique » (L'Etat). La course aveugle au développement industriel et technoscientifique engendre une désorganisation environnementale et sociale et des crises d'une gravité croissante. Le seul moyen d'éviter le chaos qui s'annonce sera alors de procéder à une réorganisation en profondeur de la vie économique et sociale, et pour cela il faudra exercer un contrôle rigoureux des activités humaines et des territoires qui ne laisse rien de côté. La préservation du taux d'oxygène nécessaire à la vie ne pourra être assurée qu'en sacrifiant cet autre fluide vital : la liberté.
L'émergence de la problématique écologiste nous permettra-t-elle de résister aux tendances totalitaires du système techno-industriel ? -
Dans ce petit pamphlet primesautier, Stendhal critique avec ironie et légèreté la prétention des industriels à se faire passer pour des hommes admirables et bienfaiteurs de l'humanité, et l'injonction qu'ils nous font de les reconnaître tels.
Stendhal rappelle qu'au contraire, les seuls hommes admirables sont ceux qui, au-delà de tout calcul, conservent leur intégrité morale et sacrifient leurs intérêts à une cause supérieure - qu'ils soient célèbres comme Byron, Lamartine ou La Fayette, ou inconnus comme tant d'anonymes admirables.
S'il visait alors Saint-Simon, le parallèle avec les grands capitaines d'industrie d'aujourd'hui (d'Elon Musk à Jeff Bezos en passant par Mark Zuckerberg) est si frappant qu'il fait de ce petit texte une friandise délicieuse, éclairante et rafraichissante. -
Le grand démantelement : culture et agriculture contre l'agrobusiness
Wendell Berry
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- 24 Mars 2022
- 9791096562244
Berry, lui-même paysan, défend l'idée que l'agriculture représente un développement culturel et dépend d'une discipline spirituelle. Contre l'agriculture industrielle, qui coupe l'agriculture de son contexte culturel, détruit son ancrage familial et crée une distance entre les citoyens et leur terre, Berry défend une agriculture à taille humaine, familiale et respectueuse de l'environnement et des consommateurs. Quoique ce livre n'ait pas « le destin heureux d'avoir été démenti », ce classique, proche de Gorz ou Charbonneau, défend ceux qui luttent toujours dans leur vie quotidienne pour la préservation d'un monde respectueux de l'homme et de son environnement.
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Le grand Ernesto Sabato vitupère ici, dans ce court essai, contre le dogmatisme et son atteinte à la liberté d'expression et de création, propres à tous les systèmes à visée totalitaire. Puis il aborde sous cette lumière le problème éternel de la création artistique qui a pour vocation d'exprimer à la fois le désirable et le réel, souvent contradictoires. Il rappelle enfin que le droit à la contradiction, au désaccord, au débat, est l'un des plus importants qui doit être assuré à la personne humaine, et défend ici des positions exprimées par le personnalisme d'Emmanuel Mounier. Des analyses éclairantes et percutantes qui visent à se débarrasser de lieux communs destructeurs et de mensonges écrasants, pour faire émerger la figure de la personne humaine, libre et créatrice.
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Paru de manière posthume, resté de manière bien inexplicable en marge par rapport au reste de l'oeuvre de Drieu, ce texte est pourtant d'une importance capitale pour saisir Drieu et son destin. Confession d'une sincérité désarmante et d'une qualité littéraire indubitable, Récit Secret joue un grand rôle dans le mythe littéraire qu'ont construit ses admirateurs. Mettant le suicide (dont il aura beaucoup parlé, notamment dans son court roman le plus connu, Le Feu Follet) au premier plan de son oeuvre comme de sa vie, Drieu semble anticiper un destin qui, selon lui, n'a fait que l'attendre. Calme, méditatif voire résigné, se plaçant au-dessus de la politique, même si l'on ne peut faire abstraction des circonstances dans lesquelles Drieu l'écrivit, ce récit est une magnifique porte d'entrée pour ceux que son oeuvre effarouche injustement encore, comme pour ceux qui voudront connaître un Drieu plus intime, connaître le dernier Drieu.
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À l'été 1968, Pier Paolo Pasolini inaugure une rubrique dans l'hebdomadaire « Tempo » qu'il intitule Le Chaos : c'est l'année des contestations, des manifestations étudiantes, de la lutte pour les droits civils. Dans un pays qui est en train de changer rapidement, Pasolini intervient de manière fortement polémique sur les thèmes dominants du jour, et qui sont prétextes à des réflexions - réunies ici pour la première fois avec une préface d'Olivier Rey - fondamentales et novatrices : la condamnation de la télévision, la question émergente de la jeunesse, les positions de l'Église, les accusations du capitalisme.
Il profite également de cet espace de liberté pour livrer à l'inspiration de magnifiques pages poétiques et littéraires, sur le cinéma, l'écriture, sa propre vie ; il polémique par lettres avec avec Moravia, dialogue avec des lecteurs ; il écrit à Visconti, sur Ungaretti, sur le festival de Venise, rédige des poèmes inédits sur New York, se laisse porter par le charme de Lyon ; il mentionne de jeunes intellectuels comme Régis Debray et Daniel Cohn-Bendit avec ironie et tendresse. Un grand livre, à la profondeur, à l'ampleur, à la beauté et au charme infinis. -
Le système et le chaos : critique du développement exponentiel
Bernard Charbonneau
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- Du Rouge Et Du Noir
- 9 Juin 2022
- 9791096562428
Dans ce livre majeur, Charbonneau analyse finement la dialectique entre contrôle et chaos qui prévaut dans nos sociétés modernes. Obsédé par l'immédiat, la victoire ou le profit, le Léviathan technico-industriel, dont les moyens croissent de manière exponentielle, n'enregistre ses effets sur la vie, les sociétés et les personnes qu'après coup et souvent trop tard ; c'est ainsi qu'il perturbe gravement les milieux naturel et social et fait naître crises, guerres, et chaos. Or, faisant peser le risque de désorganisation sociale, ce chaos appelle en retour un ordre strict, une organisation totale, si ce n'est totalitaire, de la vie sociale, collective et personnelle pour tenter de résorber ses effets néfastes. Ainsi naît la dialectique entre système et chaos. Pour Charbonneau, convaincu qu'il n'y a de liberté que dans des actes personnels, un tel avenir est inacceptable. Pour l'éviter, une prise de conscience est indispensable ; ce livre prémonitoire nous y incite.