Dans la leçon inaugurale de cette chaire, on avait postulé la possibilité de lier la recherche à l'imaginaire du chercheur. On a souhaité, cette année, explorer un imaginaire particulier : non pas toutes les formes de «vivre ensemble» (sociétés, phalanstères, familles, couples), mais principalement le «vivre ensemble» de groupes très restreints, dans lesquels la cohabitation n'exclut pas la liberté individuelle ; s'inspirant de certains modèles religieux, notamment athonites, on a appelé cet imaginaire fantasme d'idiorrythmie. Beaucoup de matériaux qui ont servi au cours ont donc été empruntés au monachisme oriental, le corpus proprement dit restant cependant littéraire. Ce corpus a réuni (d'une façon évidemment arbitraire) quelques oeuvres documentaires ou romanesques, dans lesquelles la vie quotidienne du sujet ou du groupe est liée à un espace typique : la chambre solitaire (A. Gide, La Séquestrée de Poitiers) ; le repaire (D. Def?, Robinson Crusoé) ; le désert (Pallade, Histoire lausiaque) ; le grand hôtel (Th. Mann, La Montagne magique) ; l'immeuble bourgeois (Zola, Pot-Bouille).
Depuis l'année dernière, je m'interroge devant vous, avec vous, sur les conditions de préparation d'une å'uvre littéraire, appelée par commodité roman.
J'ai d'abord examiné le rapport de l'å'uvre et de cet acte minimal d'écriture qu'est la notation, principalement à travers une forme exemplaire de notation, le haïku. cette année, je veux suivre l'å'uvre de son projet à son accomplissement : autrement dit, du vouloir-écrire au pouvoir-écrire, ou du désir d'écrire au fait d'écrire. si vous le voulez bien, nous allons considérer le cours qui commence comme un film ou comme un livre, bref comme une histoire.
R. b.