Femme de lettres, pamphlétaire opiniâtre, féministe avant l'heure et auteure en 1791 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges fut de tous les combats : abolition de l'esclavage, justice sociale, droit au divorce, rejet de la peine de mort, égalité hommes-femmes.
Guillotinée en 1793, Olympe de Gouges sera, pendant deux siècles, négligée et incomprise, le plus souvent vilipendée et caricaturée : Restif de La Bretonne la considère comme une courtisane ; pour Jules Michelet, c'est une hystérique atteinte de paranoïa. Il était donc temps de redécouvrir le destin transgressif de cette femme engagée, belle figure humaniste de la fin du XVIIIe siècle, qui paya de sa vie sa volonté de réforme et ses écrits politiques.
Madame Élisabeth, soeur cadette de Louis XVI, meurt à trente ans sur l'échafaud le 10 mai 1794. Dans ce portrait absolument neuf, elle apparaît dans le tumulte de la Révolution, plus résolue et déterminée que son frère - preuve qu'elle était dotée d'un véritable sens politique. Très jolie, remarquablement intelligente, mathématicienne de haut niveau, dotée d'un caractère affirmé, Elisabeth, après l'échec de plusieurs projets de mariage, décide de vivre à sa guise dans un cercle choisi partageant son goût de la retraite et de l'action caritative. Critique muette des manières de la reine, ce choix l'isole au sein de la Cour, et même de la famille royale. Lorsque la Révolution éclate, elle choisit pourtant de rester près de Louis XVI, qu'elle juge trop faible. Elle est aussi sans illusion sur sa propre influence, contrecarrée par la jalousie de Marie-Antoinette. Au coeur d'un réseau de renseignement contre-révolutionnaire, elle essaie d'empêcher la catastrophe. En s'appuyant sur la correspondance de la princesse, celle de ses amis, les mémoires du temps, Anne Bernet débarrasse, pour la première fois, Madame Elisabeth de l'imagerie pieuse qui occulta sa personnalité.
Frivole et sentimentale, animée d'un irrésistible désir de plaire et d'être aimée, indépendante et passionnée, Marie-Antoinette nous dévoile jour après jour les ressorts les plus intimes de sa vie.
Avec une spontanéité parfois désarmante, elle confie à son journal ses joies, ses déceptions, sa recherche effrénée des plaisirs, son amour secret pour le comte de Fersen, mais aussi les rivalités de cour et les intrigues politiques. On suit pas à pas sa destinée singulière et tragique, depuis son arrivée à Versailles, à l'âge de 15 ans, jusqu'à l'effondrement de la monarchie en 1792. Grâce à ce journal imaginaire de Marie-Antoinette, Evelyne Lever offre la plus vivante des leçons d'histoire.
Brillant dramaturge, écrivain, scénariste et cinéaste, Sacha Guitry (1885-1957) a dominé son temps par ses dialogues et ses célèbres aphorismes. Son oeuvre reste un bréviaire pour qui veut briller dans les dîners ou clore un discours par le mot juste.
Guitry gratte la psychologie, le couple et la vie en société pour en tirer mots d'esprit ou sagesses cruelles. Si le monde de Sacha Guitry est un passé glorieux, un certain art de vivre, c'est avant tout l'Homme... et surtout la femme ! Les qualités, les vices, les charmes, les horreurs, la morale comme l'instinct : tout passe sur le divan du docteur Guitry.
Homme de plume et amoureux du théâtre, Christophe Barbier nous emmène pour un savoureux voyage dans l'univers de celui qui semble avoir dédié sa vie à l'esprit français.
De 1926 à 1961, Joseph Kessel a pu suivre par trois fois Israël dans son essor. Depuis les premières colonies dans le désert, jusqu'à l'âge de sa souveraineté, en passant par la guerre qui a accompagné sa naissance officielle. Terre d'amour et de feu est le témoignage irremplaçable d'un grand reporter doublé d'un poète, et le cri du coeur d'un homme que ses origines plongent dans l'aventure israélienne.
Franz Jägerstätter, simple paysan autrichien, refusa de combattre dans l'armée hitlérienne pour le Troisième Reich. Seul contre tous, ce fervent catholique fondait sa résistance sur sa foi.
Ce livre regroupe trois documents émouvants que Franz Jägerstätter adresse à son épouse Francisa, au moment où il est emprisonné à Berlin : une réflexion sur son objection de conscience : « Être catholique ou nazi » des notes sur son opposition au nazisme et sa dernière lettre à Francisa, quelques heures avant qu'il soit décapité. Le livre est précédé par une courte biographie d'Erna Putz, qui a recueilli l'ensemble des documents de cet instituteur autrichien.
De septembre 1870 à janvier 1871, Paris est encerclé par les Prussiens et leurs alliés. Cinq longs mois de siège sur lesquels nous possédons peu d'informations. Témoin privilégié, Jacques-Henry Paradis, simple bourgeois de Paris, livre un regard singulier et rare sur l'événement. À travers sa relation minutieuse des mouvements de troupes, des tensions politiques et diplomatiques et des restrictions de vivres de plus en plus drastiques, on ressent avec force tout le tragique de la situation, alors que le cri de « Vive la Commune ! » se fait de plus en plus menaçant. Aucun détail des réalités sordides du siège ne nous est épargné : incendies fréquents et ravageurs, multiplications des boucheries canines et félines, festins d'animaux du Jardin des Plantes. Mais on partage également la joie du départ des ballons poste, l'arrivée des nouvelles par pigeons voyageurs... quand les Parisiens affamés ne les ont pas attrapés pour les manger.
Si le XVII e siècle fut le siècle de Louis XIV, le XVIII e appartient au « roi Voltaire ».
Philosophe déiste, dès les Lettres philosophiques, il a lutté contre ce qu'il nommait « l'Infâme » - le fanatisme, les superstitions et les préjugés de toute sorte - et prêché inlassablement la tolérance. Aujourd'hui encore, son Traité sur la tolérance, publié en 1763, n'a rien perdu de son actualité.
Champion de la réforme judiciaire, adversaire de la torture et de la peine de mort, défenseur de la liberté de penser, ses combats pour les Calas, les Sirven, les La Barre et autres, ont fait de lui le symbole de la résistance à toutes les oppressions, le dénonciateur infatigable des crimes contre l'humanité et la pensée, celui qui, contre toutes les résistances, n'a cessé de pousser « le cri du sang innocent ».
Seigneur de Ferney, il a transformé, en quelques années, une bourgade misérable en une petite ville florissante où cohabitaient paisiblement catholiques et protestants.
Tel est l'homme que la foule acclame en 1778 à Paris, où il vient mourir après vingt- huit années d'exil, et celui que la Révolution, le 11 juillet 1791, porte au Panthéon.
Deux siècles plus tard, il demeure une référence universelle et l'ancêtre des intellectuels engagés, l'un de ceux qui ont contribué à édifier le monde moderne.
Admiré ou exécré, Voltaire l'insoumis ne laisse personne indifférent, et sa gloire demeure à la mesure des passions qu'elle éveille et des haines qu'elle nourrit. Sa longue carrière a été un incessant combat et nous sommes les héritiers de ses victoires.
Fille et épouse d'écrivain, née Marie de Hérédia, Marie de Régnier fréquenta dès son plus jeune âge les salons littéraires les plus en vogue de la Belle Époque. Elle devint poète, journaliste et romancière sous le nom de plume de Gérard d'Houville. Femme de lettres, femme du monde, elle fut aussi une véritable femme fatale. Gabriele D'Annunzio, Henry Bernstein, Jean de Tinan, tous succombèrent à son charme. Mais c'est à son propre beau-frère, Pierre Louÿs, qu'elle consacra son existence. Ces « noces secrètes » marquèrent une oeuvre et une existence sulfureuse. Traverser la vie de Marie de Régnier, c'est explorer les cénacles mythiques d'une époque révolue. On y croise Proust, Leconte de Lisle, Gide, Mallarmé, Valéry, Léautaud. Incarnation suprême des aspirations de la femme de lettres au tournant du XXe siècle, Marie fut l'égale de Colette et d'Anna de Noailles.
Eh oui, on l'entend suffisamment, le français est une langue particulièrement compliquée. Pourquoi, remarque Salomon Reinach, pourquoi écrire carotte, avec deux t, et compote, avec un seul, sinon que c'est l'usage ? Soyons donc indulgents avec les fautes d'orthographe. Mais sus aux fautes de grammaire. Et pourtant, la grammaire, quel ennui ! Que de souvenirs douloureux de dictées rayées de rouge, du redoutable zéro pointé, à cause de ce sacré accord du participe passé ! Que de règles où l'exception est reine, la logique parfois obscure, et l'explication souvent incompréhensible ! Mettez-vous donc dans la peau de Sidonie et, douze lettres plus tard, vous saurez les différentes façons de conjuguer le verbe asseoir, les subtilités de l'élision en poésie et que le h s'aspire devant héros mais non devant héroïsme. Le tout, en ayant parfait votre culture classique, puisque chaque exemple est puisé au coeur de notre littérature, et en vers s'il vous plaît. Une bible des bonnes manières de l'écriture qui se lit et relit - on oublie vite - avec un plaisir insoupçonnable.
Comment est né À la recherche du temps perdu ? L'ampleur de ce roman-univers, la vie déroutante de complexité de Marcel Proust, son opposition virulente à l'élucidation des oeuvres par les données biographiques de leurs auteurs imposent à George D. Painter un défi ambitieux. S'attelant à cette tâche herculéenne, il livre un classique absolu de l'histoire littéraire. De la lumière des salons du Tout-Paris à l'obscurité de la chambre capitonnée, les amours, les névroses, les passions de l'écrivain sont dévoilées. Un cheminement biographique minutieux, serti d'anecdotes détaillées, qui est celui de la Recherche même.
Jusqu'à sa mort, en 1982, Louis Aragon a farouchement contesté être l'auteur du mystérieux Con d'Irène, publié anonymement sous le manteau en 1928, et considéré par Camus et par Paulhan comme l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature érotique. Pourquoi tant de cachotteries? Pour comprendre, il faut remonter aux années 1920. Louis Aragon, jeune poète surréaliste sans le sou, se lie avec Jacques Doucet, élégant couturier de la Belle Epoque et mécène amoureux des lettres. Il plonge au coeur du mouvement dada, rencontre Picasso, Matisse. Et tombe sous le charme de ses trois muses...
Pierre Daix conduit avec habileté cette enquête qui révèle le poète de jeunesse et fait découvrir ces femmes qui ont marqué le poète. D'abord, il y a celle " avec qui il ne s'est rien passé ", qui l'a influencé dans les envols de son art, nettement plus que les deux autres. C'est elle, disons Bérénice, qui, le plus douloureusement, l'a conduit jusqu'aux tréfonds de soi. Puis, Nancy Cunard, la poète richissime. Sans oublier la fatale Eyre de Lanux, peintre d'origine américaine... D'elles sont nées quelques proses majeures, comme La Défense de l'infini, Le Con d'Irène, ainsi que Blanche ou l'oubli.
Plus tard, le poète à la plume expérimentale, qui se cherchait, inlassablement, au gré des rencontres et des désirs, ne voudra pas endosser la paternité de ses premières oeuvres, pourtant essentielles. Jusqu'à son dernier souffle, il aura nié. On a dit qu'il ne voulait pas se compromettre avec le roman, genre "bourgeois" condamné par le groupe surréaliste. Peut-être. Pierre Daix nous livre le premier Aragon, celui avant Elsa.
De mars 1915 à mars 1919, des soldats français meurent en Orient. Aux Dardanelles d'abord, en combattant les Turcs encadrés par les Allemands. Mustafa Kemal y remporte la victoire sous les ordres de Liman von Sanders.
A Salonique ensuite, où débarque un corps expéditionnaire pour le moins bigarré, comprenant des Britanniques et des Français bien sûr, mais aussi des Serbes chassés de leur pays, des Russes envoyés en renfort, des Siciliens et des Sardes, des Albanais, et, sur la fin, des Grecs. Les Sénégalais, les Marocains, les zouaves pieds-noirs, les marsouins meurent en première ligne au côté des joyeux des compagnies disciplinaires.
A la fin de 1918, on expédie ces courageux en Roumanie pour tenir le front sud de la Russie contre les bolcheviks. Quand la flotte française de la mer Noire se mutine, ils sont enfin rapatriés. Ceux que Clemenceau appelait avec mépris les " jardiniers de Salonique " auront donc fait la guerre cinq mois de plus que les autres.
Décimés par les maladies autant que par la mitraille, commandés par des généraux écartés du théâtre des opérations en France, comme Sarrail et Franchet d'Esperey, les poilus d'Orient auront terriblement souffert de l'isolement moral sur un front mal ravitaillé. Mais alors pourquoi, le moment venu, et en dépit de la réussite de leur percée sur le Danube, seront-ils les grands oubliés de la Victoireoe Cette épopée mal connue de la Première Guerre mondiale est ici racontée avec verve et passion par Pierre Miquel, dont les ouvrages sur la Grande Guerre font depuis longtemps référence.