Ce « roman en images » raconte la vie quotidienne, les espoirs brisés et les rêves d'une famille de la classe moyenne prise dans la tourmente de la crise de 1929 aux Éats-Unis. Les cols blancs, ce sont les employés de bureaux ou, plus généralement les travailleurs intellectuels, par contraste avec les cols bleus, ouvriers de l'industrie, travailleurs manuels. En 1929, le crach a brisé des vies : emplois perdus, maisons hypothéquées, ambitions cassées et rêves d'ascension sociale brisés. Ouvrage en grande partie autobiographique, Col blanc nous fait revivre cet épisode de l'histoire sociale à travers la vie d'un illustrateur et de sa famille : un récit de la paupérisation, avec ses péripéties matérielles, mais surtout ses dilemmes moraux : entre les ambitions personnelles et la résistance collective, quelle option choisira-t-on ? Le col blanc se reconnaîtra-t-il dans les luttes des cols bleus ? Giacomo Patri réalise en images ce que John Steinbeck a fait avec des mots : un puissant documentaire social, sombre et saisissant, qui est aussi un hymne à la solidarité de tous les exploités, un magnifique roman engagé. Sa leçon : que la survie par temps de crise passe par la résistance collective. Dans un style inspiré de l'expressionnisme allemand et du cinéma muet, Patri a réalisé une sorte de bande-dessinée sans parole, qui frappe par sa force, sa beauté épurée et sa radicale modernité. Sombre et sobre, Col blanc est un véritable chef d'oeuvre, un des premiers « romans graphiques » américains. Imprimé artisanalement, diffusé dans les milieux syndicaux et artistiques de l'entre-deux-guerres, l'ouvrage est ensuite tombé dans l'oubli, dans l'Amérique de la guerre froide puis du maccarthysme. Enfin réédité d'après l'édition originale, ce chef d'oeuvre oublié redevient accessible à un large public. À découvrir d'urgence.
Willis, chat espiègle et moqueur, est devenu l'un des visages de la révolution tunisienne.
Il est né sur Facebook, le 13 janvier 2011, en réaction au fameux discours de Ben Ali proclamant la liberté d'expression. Depuis, chaque jour, un dessin est posté en ligne, où Willis le Chat croque, et pas toujours à pattes de velours, les faits et gestes de la révolution en cours. Le félin est parfois secondé dans sa tâche par Mamie Bouna, octogénaire lubrique. De la démission de Michèle Alliot-Marie au crépuscule de Kadhafi dans la Libye voisine, en passant par l'ascension du parti Ennanda, rien ne leur échappe.
Drôles, subtiles et parfois grinçantes, mêlant satire et humour noir, ces Chroniques de la révolution montrent au jour le jour comment se trace, dans l'urgence des événements, une forme humble de résistance à l'oppression, où engagement politique et distanciation critique, ardeur et rire, loin de s'exclure, s'alimentent réciproquement. Au-delà du témoignage, ce feuilleton en images est un document pour l'histoire, un journal dessiné qui donne à voir, par la bande, comment chemine une révolution.