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DOMINIQUE VITALYOS
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Les histoires racontées, pleines d'odeurs de cuisine, puissamment évocatrices des rapports et des conflits entre les membres d'une maisonnée indienne, soulignent bien sûr le rôle déterminant qu'y jouent la nourriture et celles qui la préparent. Des femmes croquées sur le vif y livrent des instants de bonheur, des secrets de famille, d'amour, d'enfance qui ont parfois la violence du désir ou l'amerture de la jalousie. Mais les véritables héroïnes sont les recettes : qu'il s'agisse de confectionner un pickle de mangue, un gâteau de carottes ou un curry d'aubergines au yaourt, le lecteur goûtera l'alchimie des aromates indiens.
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Buru Quartet Tome 3 : une empreinte sur la terre
Pramoedya ananta Toer
- Zulma
- Zulma Poche
- 4 Novembre 2021
- 9791038700680
Voici le troisième volet du Buru Quartet - l'histoire aventureuse et romanesque, qui nous emmène à Surabaya, en Indonésie, au tournant du XXe siècle.
Minke se sent un homme neuf dans un monde nouveau : il laisse derrière lui des heures douloureuses, et s'embarque pour la capitale des Indes néerlandaises et ses possibilités infinies.
Mais on n'échappe ni à ses souvenirs ni à sa condition : pour être admis à l'université, il lui faut se plier au code colonial, renoncer à ses vêtements européens, et marcher pieds nus...
Ce désavoeu sera le dernier. Sous l'impulsion de Mei, une activiste chinoise et femme d'exception, Minke passe à l'action : il crée un premier syndicat et un journal indépendant en malais... Il n'est plus temps de comprendre le monde, mais de le changer !
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Voici le dernier volet du Buru Quartet, la fin prodigieuse de l'histoire que « Pram» racontait à ses compagnons de détention sur l'île de Buru.
Comme le maître des marionnettes dans un théâtre d'ombres, Pangemanann est chargé par le Gouverneur des Indes néerlandaises de surveiller et contrecarrer les activités de Minke : faire cesser ses appels au boycott, son syndicat et son journal.
D'abord tiraillé par sa conscience face à un homme qu'il admire, Pangemanann ne s'embarrasse bientôt plus de scrupules. Espionnage, intimidation, arrestations, attentats : tout est bon pour détruire Minke et son oeuvre. Mais les enjeux de cette lutte pourraient bien dépasser Pangemanann, qui ressemble de plus en plus au double obscur de Minke...
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Un voyage irrésistible au coeur du Sri Lanka d'aujourd'hui, de sa violence et de ses beautés, en compagnie d'une jeunesse partagée entre son désir de vivre et son devoir de mémoire.
De retour à Colombo au Sri Lanka, après avoir étudié à New Delhi, le jeune Krishan tente d'aider les habitants de son pays traumatisé par la guerre civile en travaillant pour une ONG locale. Conscient des effets limités de son action, il décide de se rendre tout au Nord de l'île pour rendre hommage à Rani, la femme qui prenait soin de sa grand-mère depuis deux ans et que l'on vient de retrouver morte au fond d'un puits. Une fin tragique et énigmatique pour celle qui ne s'était jamais remise de la disparition brutale de ses deux fils. Hanté par ce personnage, Krishan est également poursuivi par le souvenir d'Anjum, la jeune femme avec laquelle il a vécu un amour passionnel, et qui reprend contact avec lui le jour de son départ. Dans un phrasé ample et souple qui agence à la perfection considérations sensibles et philosophiques, Anuk Arudpragasam brosse le portrait d'une jeunesse tiraillée entre son désir de vivre, son devoir de mémoire et la nécessité de la révolte.
" Grand admirateur de Proust et de Musil, Anuk Arudpragasam étonne encore une fois par l'ampleur, la musicalité et la pulsation de son phrasé, que restitue admirablement sa traductrice. "
Le Monde des livres -
Buru Quartet Tome 2 : enfant de toutes les nations
Pramoedya ananta Toer
- Zulma
- Litterature Z/a
- 14 Février 2019
- 9782843048456
[ Buru Quartet ] C'est une longue et belle histoire que Pram racontait à ses compagnons de détention au bagne de Buru, une histoire aventureuse et romanesque qui nous emmène à Surabaya en Indonésie au tournant du xx e siècle. En voici le deuxième volet.
[ Autant en emporte le vent ] Minke appartient à une élite javanaise tolérée par l'administration hollandaise qui tient l'Indonésie sous sa coupe intraitable.
Mais à peine vient-il d'épouser Annelies, la fille d'un Hollandais et d'Ontoso- roh, qu'elle lui est enlevée et ramenée en Europe. Face aux rouages bien rodés de la domination coloniale, Minke et Ontosoroh sont désormais indéfecti- blement liés. Leur combat n'en est qu'à ses débuts.
[ Les Raisins de la colère ] Mais c'est un combat qui se joue à l'échelle de la nation. En découvrant l'histoire de Surati, qui s'est volontairement défigurée pour échapper aux griffes du directeur hollandais de la sucrerie, ou celle de Trunodongso, un paysan exproprié déterminé à ne pas se laisser faire, Minke se décide à prendre la plume pour écrire au nom de son peuple.
On entre dans cette oeuvre pour ne plus en ressortir, sinon heureux d'avoir intimement perçu, à travers la conscience en éveil d'un homme singulier, la comédie humaine à la mesure des peuples et du monde moderne.
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Du monde, la jeune et jolie Kounnioupattoumma ne sait rien, si ce n'est que son grand-père avait un éléphant ! Fille de notables musulmans, elle est en âge d'être mariée. Mais pour sa mère, les prétendants ne sont jamais assez beaux, jeunes, riches, puissants... Surtout quand on songe à la splendeur passée du grand-père à l'éléphant.
Hélas, voilà la famille ruinée. Adieu vaste demeure, domestiques, bijoux en or ! Kounnioupattoumma peut enfin goûter aux délices de la baignade en attendant des jours meilleurs...
Avec un profond amour des êtres, qu'il ne désespère pas d'éduquer et de distraire, Basheer mêle à la perfection vérité et humour. Grand-père avait un éléphant est traduit pour la première fois en français.
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Brexit, élection de Donald Trump, extrême droite omniprésente en Europe, nationalismes en Inde, en Turquie ou en Russie, terroristes islamistes, tueurs de masse... Les individus révoltés du XXIe siècle sont aussi divers qu'innombrables - un phénomène amplifié par les réseaux sociaux, les crises migratoires et une instabilité économique globale.
Pour Pankaj Mishra, ces bouleversements ne sont pas le résultat de situations propres à chaque pays, encore moins d'un choc des civilisations. Il s'agit au contraire d'un mécanisme inhérent au modèle politique occidental accouché des Lumières - démocratie libérale et économie de marché - qui, depuis la chute du mur de Berlin, s'applique de manière brutale à des milliards d'individus.
En remontant à Rousseau, aux Romantiques allemands, aux anarchistes russes... il relie tous les mouvements de colère, du XVIIIe siècle à nos jours, et à travers le monde, sous l'angle du ressentiment et de toutes les promesses non tenues de la modernité. L'Âge de la colère fait l'effet d'un électrochoc.
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Les murs et autres histoires (d'amour)
Vaikom muhammad Basheer
- Zulma
- Litterature
- 11 Janvier 2007
- 9782843043901
Mangalam Shubam ! Que le bonheur vous sourie ! C'est ainsi que Basheer ponctue ses histoires, facétieuses et riches d'enseignements. Et pour leur donner une saveur plus épicée, il n'hésite pas à puiser dans sa vie de militant et de nomade. Dans les Murs, par exemple, il profite de son séjour en prison à Trivandrum, capitale du Kerala, pour prendre à son compte une histoire d'amour née de la séparation qu'impose un mur entre les hommes et les femmes. La poésie naît d'une odeur de femme, et de l'imagination débordante du prisonnier. Cocasses négociations conjugales, peurs ancestrales tutoyant parfois le fantastique, toute situation est bonne pour l'écrivain qui brosse ici un saisissant portrait de la société indienne. Tour à tour sage et loufoque, curieux comme un beau diable, toujours bienveillant même quand il est ironique, Basheer charme la réalité comme on fait danser les serpents : par la seule musique de sa prose simple et magique.
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Avec cette vaste fresque qui embrasse l'Orient du XVIIe siècle, de la Corne de l'Afrique jusqu'à l'Inde, Anita Nair, l'auteur du célèbre Compartiment pour dames se consacre cette fois au passé cosmopolite et à l'héritage épique de son pays natal.
En 1659, le Zamorin, tout puissant souverain du royaume de Malabar, s'apprête à célébrer somptueusement la fête du Mamangam. Idris, un marchand itinérant somalien, dont l'oeil d'or engendre émerveillement et incrédulité, est venu assister aux festivités. Par un étrange coup du sort, il va faire la connaissance de son fils, né d'une mystérieuse nuit d'amour neuf ans plus tôt. L'enfant n'a qu'une idée en tête : rejoindre les Chaver, une bande de de guerriers farouches, prêts à sacrifier leur vie pour tuer le Zamorin. Pour le soustraire à ce terrible destin, Idris lui propose de prendre la route à ses côtés. Le début d'un long voyage initiatique vers les mines de diamants de Golconde.
Aventures, mystères, sensualité, passions... une plongée dans l'âge d'or de l'Inde moghole, aussi chatoyante et ensorcelante qu'un conte des mille et une nuits.
« Une aventure à couper le souffle, une histoire d'amour passionnée, et un voyage à la découverte du grand, du sombre et du mystérieux voyageur, Idris. » The Hindu -
Une communauté recluse dans une vallée inaccessible, sous la coupe d'un gourou légendaire : Aum, le pur des purs. Lutter contre l'ego, renoncer à toute possession, ne jamais s'attacher à quiconque... Dans un souci d'égalité absolue, les hommes n'ont pas de nom mais un matricule, pas de visage mais un masque, identique pour tous. Le narrateur, ancien disciple, raconte comment il a peu à peu découvert les perversions de cette utopie, sa cruauté envers ceux qui dévient du droit chemin, et les compromissions de ceux qui, au nom de la pureté, n'hésitent pas à éliminer chaque grain de sable. Fuyant vers le monde extérieur, il découvrira la musique, la lecture, le rire, l'amour... et la beauté du doute.
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Quand son père est tué dans une émeute au Kenya, la vie de Lîla change de cours : elle quitte les grands espaces africains pour un appartement exigu en banlieue parisienne chez des parents qui mènent une vie d'exilés repliés sur eux-mêmes, entre le ménage à la maison et les épices de la boutique indienne de son oncle. Un soir, seule dans les rues de Paris, elle commence l'apprentissage de la vie.
Faute d'amour et de visa, elle va d'amants en infortunes et de succès en revers professionnels, dans un parcours chaotique aux rencontres déroutantes. Avec pour seul repère la singularité de son odorat qui fera merveille dans l'art culinaire et qui, peu à peu, colorera les moindres moments et émotions de son existence. Elle suivra avec son nez un univers d'arômes, de parfums et de sensualité jusque dans les péripéties de sa vie amoureuse. Et ce don qui est aussi une malédiction deviendra la clé d'une nouvelle découverte de soi et du monde.
"Jamais depuis Le Parfum de Patrick Süskind, un écrivain n'avait réussi à explorer avec autant de maestria le monde méconnu des effluves." Valérie Colin-Simard, Elle.
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Un conte envoûtant, inspiré des mythes musulmans et hindouistes, somptueusement illustré par Joëlle Jolivet. Déjà plus de 3 500 exem plaires vendus.
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Le magicien de la finance
Rasipuram krishnaswami Narayan
- Zulma
- Litterature
- 4 Avril 2013
- 9782843046087
À Malgudi, village imaginaire du Tamil Nadu, l'apparition d'un sans caste dans le monde impitoyable du crédit bouleverse les pratiques de la finance locale. Margayya, « celui qui montre la voie », la montre en effet en inventant un système de crédit révolutionnaire. Ainsi débute la résistible ascension du laborieux Margayya, champion du microcrédit à la sauvette et escroc malgré lui.
Convaincu de sa destinée dans la finance, il cherche, malgré maintes péripéties, à s'attirer les faveurs de la déesse de la prospérité puis devient, par l'intermédiaire d'un certain docteur Pal, l'éditeur d'un manuscrit sulfureux qui fera enfin sa fortune.
Mais Margayya l'habile homme d'affaires est aussi un coeur faible, qui voue un amour insensé à son incorrigible fils.
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L'humour mutin évoquant Albert Cohen ou les conteurs yiddish, la cocasserie des dialogues, les trouvailles romanesques, et surtout l'espèce de tutoiement espiègle et tendre pour dire la proximité de ces hommes et de ces femmes sous les saris, les dhotis et les turbans, font de ce Talisman un bonheur de lecture onze fois renouvelé Maître de la nouvelle et du roman court, Basheer nous plonge sans transition dans les parfums et les couleurs de son Kerala natal. Et si son grand sujet est l'amour, c'est à travers les situations les plus cocasses. Ainsi un militant tenté par le terrorisme se laisse circonvenir par la folle sensualité d'un fantôme jailli de la mer. Un chauve inconsolable succombe au bagou d'un marchand de talismans et découvre par inadvertance les vertus cachées de l'imposture. Une vieille inscription - " Je suis si fatigué, s'il vous plaît, ne me réveillez pas " - à la devanture d'une maison vide, nous apprend combien la solitude est un thème universel.
Il y a chez ce Maupassant, ce Garcia Marquez indien, une drôlerie sagace, un brio enchanteur et pathétique, une fantaisie et une liberté de ton parfaitement rayonnantes. Ce qui est fascinant, dans l'univers de Basheer, c'est qu'on y entre de plain-pied, avec une familiarité et un enthousiasme qu'on a tout de suite envie de faire partager.
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Un jeune photographe parti à Bénarès en reportage et en mission personnelle (pour disperser dans le Gange les cendres de sa grand-mère) tombe d'un pont de chemin de fer. Il se réveille en août 1942, quelques années avant l'indépendance de l'Inde, avec quarante ans de mémoire future en plus et un monde en moins. Si Retour sur image peut être qualifié de roman d'aventures, les personnages y cultivent l'art de la disparition quasi magique sur la grand-houle de l'Histoire. Car il s'agit d'un ambitieux roman sur l'Inde, un roman dont l'Inde est, en fait, le personnage principal. Ce sont les dessous de l'Histoire, ses oublis et ses oubliés, les mille et une vies sur lesquelles elle se construit, souvent en les détruisant, que l'auteur nous convie à regarder dans son objectif magistral.
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Alice n'a jamais oublié le sable blanc de Brixton Beach, à Ceylan, où elle a passé son enfance dans l'ombre de Bee, son grand-père adoré, peintre talentueux et taciturne. C'était avant que la guerre civile éclate et ravage le futur Sri Lanka. Depuis, Alice, de mère cinghalaise et de père tamoul, a quitté son "paradis marin" pour fuir en Grande-Bretagne avec ses parents. Dans un paysage froid et hostile, la jeune fille sensible et rêveuse tente de se reconstruire et fait de l'art le support de ses passions et l'horizon de son bonheur. Un bonheur que la rencontre avec Simon comble de manière inespérée. Jusqu'à ce matin de juillet 2005, où la violence croise à nouveau son chemin... Peuplé d'images saisissantes, porté par une langue poétique, le roman de l'écrivain d'origine sri-lankaise Roma Tearne, best-seller en Grande-Bretagne, est une très belle réflexion sur l'exil, mais aussi sur l'amour et sur la créativité, refuge contre la brutalité du monde.
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Lorsque Jawaharlal Nehru, issu d'une famille aisée du Cachemire, revient diplômé de Cambridge, rien ne laisse supposer qu'il présidera aux destinées de l'Inde indépendante de 1947 jusqu'à sa mort en 1964 après avoir été l'un des principaux acteurs du mouvement nationaliste contre l'Empire britannique.
Dans ce livre libéré des conventions universitaires, Sashi Taroor rend justice à la dimension exceptionnelle de ce grand unificateur servi par une éthique inébranlable, l'amour de son peuple, un radicalisme tempéré par un sens du compromis et un charisme sans pareil. « Découvreur » de l'Inde pluraliste et unie qui refusera de fonder sa politique sur des facteurs identitaires socioreligieux, Nehru devra cependant gouverner un pays tronqué par une partition sanglante.
En tant qu'Indien libre et cosmopolite, l'auteur souligne aussi les limites d'une pensée obnubilée par l'expérience coloniale, n'imaginant le monde qu'en termes de dépendance et d'indépendance. C'est dans cette perspective stimulante que l'auteur estime de façon mitigée l'héritage de cette grande figure du XXe siècle.
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Loin de son village, Sonalal est un homme banal, noyé dans la foule des petites gens de Dehli. Il charme un jour son serpent avec une musique si belle que les dieux dressent l'oreille pour l'écouter, mais son vieux cobra, épuisé, se révolte et l'attaque. Furieux, Sonalal le mord si fort qu'il coupe en deux celui qu'il appelait son fils. De cet épisode fondateur, vont découler les heurs et malheurs de Sonalal. Rongé de remords, il devient célèbre du jour au lendemain. Confronté à des questions qu'il ne s'est jamais posées, il cherche de l'aide pour tenter de comprendre et de trouver le bonheur auprès du docteur Seth le sexologue, de magiciens, de la douce Rina dont les jupons, au balcon du bordel, augurent de bonnes et funestes journées. Ses tribulations tragicomiques ramèneront Sonalal au mausolée de Humayun, mais sa vie n'en aura pas pour autant tourné en rond comme un serpent qui se mord la queue.
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Janak le tailleur est mélancolique. Il rêve de gagner l'amour de Rama, sa si belle et maussade épouse, sans oser lui avouer sa flamme. Car à Giripul, au pied de l'Himalaya, le mariage est moins une affaire de sentiments que de raison. Dans sa boutique, par contre, les clientes adorent se confier à Janak, lui raconter leurs rêves. Ou leurs cauchemars.
Un soir, alors que la communauté est rassemblée sous le chapiteau d'un magicien ambulant, un cadavre se matérialise devant la boutique de Janak, bouleversant la vie du paisible Giripul. Tout le monde devient suspect : la coiffeuse chinoise, maitresse du chef de village, Shankar le pêcheur qui s'est improvisé détective, Lala, le patron du salon de thé et son cuisinier ex-tueur à gages. Le petit tailleur arrivera-t-il à résoudre le mystère et Giripul à retrouver enfin la sérénité ?
Regorgeant des parfums, des couleurs, des sons d'un petit paradis oublié par le temps, un roman sur l'Inde comme on en lit peu, servi par la plume sensuelle, pleine de tendresse et d'humour de Bulbul Sharma.
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Rongé par la culpabilité d'avoir aimé sa belle-mère, le jeune Ravi abandonne ses études d'astrophysique pour un poste d'instituteur sans le sou à Khasak, village reculé de la campagne du Kerala, au sud-ouest de la péninsule indienne. Il est bientôt ensorcelé par cette terre ancestrale où rêves et légendes s'entremêlent, où derrière le fil en apparence imperturbable de la vie quotidienne les passions s'exacerbent.
Peu à peu, Khasak livre ses secrets. Allah-pitcha Mollakka, le vieil imam, Nizam Ali, son apprenti rebelle, Appoucol'bri, le simplet aux cinq mères, le fantôme qui hante l'ancienne mosquée perchée au sommet de la colline - tout, ici, prend les couleurs du mythe. Impossible d'échapper au Karma : et quand la mort s'acharne sur Khasak, les enfants du village ont-ils tout à fait tort de croire que les poux qui leur grattent la tête ne sont que la réincarnation de leurs camarades décimés par la variole ?
La prose vibrante d'O.V Vijayan, ses échappées oniriques arrachent Khasak à sa pauvreté, à son éloignement, et lui confèrent un rayonnement universel.
Publié pour la première fois en 1969 et encensé par la critique, ce roman a marqué un tournant décisif dans l'histoire de la littérature indienne et consacré O.V Vijayan comme l'un des plus grands écrivains indiens du XXe siècle. Après quarante réimpressions, il demeure un best-seller en malayalam et n'a rien perdu de sa fraîcheur ni de sa magie.Traduit du malayalam par Dominique Vitalyos -
Longtemps la psychanalyse, produit de l'Occident et des Lumières, a repoussé tout désir d'inclure le spirituel.Dans ce recueil d'essais, Sudhir Kakar propose une contribution à l'intégration de l'esprit et du psychisme, du spirituel et de la chair. Il évalue à l'aune du psychanalyste le degré de spiritualité de trois « saints ».Osho, le gourou spirituellement incorrect, prisé des Occidentaux. Drukpa Kunley, le « fou divin », yogi tantrique tibétain du 16e siècle, ou la sexualité, étape essentielle au parcours spirituel. Gandhi ou l'art de la spiritualité pratique pour qui l'empathie mène à l'action altruiste (quotidienne, politique, sociale).Au psychanalyste qui suspecte le comportement altruiste, « il faut s'aimer soi-même avant d'aimer les autres », l'auteur répond, « et si faire du bien aux autres, c'était se faire du bien à soi. » De même, si le premier craint de s'identifier au patient par l'empathie, l'Indien vise à surmonter tout obstacle affectif pour s'identifier avec l'expérience de l'autre.Avec une comparaison des rites religieux et des thérapeutiques, une relecture « mesurée » de Freud, l'auteur conclut l'analyse d'une société à laquelle il avait préféré un temps, le modèle occidental.
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La ville de Bombay est plongée dans le chaos suite à une vague d'attentats pakistanais. Dix ans après le 11 septembre, tout le monde craint désormais une attaque nucléaire. En plus, Superdevi, une superproduction de Bollywood, a mis le feu aux poudres : les clans hindous et musulmans se déchirent dans les rues de Mumbai - le nouveau nom donné à la ville par les nationalistes hindous, en l'honneur de leur toute-puissante déesse Mumbadevi.
C'est dans cette atmosphère d'apocalypse annoncée que Sarita tente de retrouver son mari, le physicien Kunal disparu après les attentats. Elle croise un jeune musulman, Jazz, qu'elle sauve de justesse du lynchage et qui décide de se joindre à elle. Sarita ignore que Jazz aussi tient à retrouver Kunal.
A la fois terrifiant et hilarant, mêlant la politique-fiction à une histoire d'amour incroyablement sensuelle, le troisième roman de Manil Suri offre plusieurs niveaux de lecture. Il place Bombay au coeur de son récit polyphonique et rend un hommage vibrant à la multiplicité de l'Inde.
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J'étais humain, avant. À ce qu'on dit. Moi, je ne m'en souviens pas, mais les gens qui m'ont connu quand j'étais petit disent que je marchais sur mes deux pieds comme les hommes.
Dès la première page du roman d'Indra Sinha, la voix du narrateur prend le lecteur à la gorge. Tour à tour truculente, enragée, crue ou cynique, c'est celle d'Animal, un Indien de dix-neuf ans réduit à marcher à quatre pattes depuis cette nuit-là : l'explosion de la Kampani, une usine américaine de pesticides, qui fera 20 000 victimes. Quand s'ouvre le récit, la mort hante toujours la ville, le lait des jeunes mères est empoisonné, les femmes donnent naissance à des enfants difformes. Mais la Kampani refuse de reconnaître sa responsabilité. À travers le regard d'Animal, et son langage d'une puissance unique, Indra Sinha noue les fils imaginaires de la résistance de toute une ville confrontée à l'une des plus terribles catastrophes industrielles du XXe siècle, restée à ce jour impunie. -
Calcutta, 2030. Paresh Bhatt, un célèbre photographe né dans les années soixante, attend, entre angoisse et résignation, des nouvelles de sa fille, Para. La jeune femme, chef d'escadrille dans l'armée de l'air indienne, dirige une opération périlleuse et décisive dans la guerre qui oppose son pays à une coalition pakistano-saoudienne. Seul et sans nouvelles, Paresh se souvient. De ses parents, disciples de Gandhi, pétris de principes et si doués pour l'humour. De sa vie dissolue entre Calcutta et Paris, New York et l'Italie, des chemins de traverse qu'il n'a cessé d'emprunter, des femmes qu'il a aimées. Comment l'Inde est-elle passée du pacifisme de ses parents à la fièvre patriotique de sa fille ? Qu'est-il arrivé dans l'intervalle à la génération de Paresh ? Le Dernier Rire du moteur d'avion mêle l'autobiographie à l'anticipation, le récit d'enfance à la fresque épique, l'imagination la plus loufoque au réalisme le plus prosaïque. Ruchir Joshi a su inventer une écriture métissée et foisonnante, pour dire l'Inde, son esprit et son destin, d'une manière singulière et absolument universelle.