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MARYLA LAURENT
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Mystique, hérétique, juif converti un temps à l'islam puis au catholicisme, libertin, manipulateur de génie, tour à tour misérable et richissime, Jakób Frank traversa l'Europe des Lumières comme la mèche allumée d'un baril de poudre, rassemblant autour de lui des dizaines de milliers d'adeptes. L'histoire de ce messie autoproclamé, capable de s'ériger contre la société polonaise rigide du XVIIIe siècle, est tellement stupéfiante qu'elle semble imaginaire.
Ressuscitant brillamment toute une époque, Olga Tokarczuk nous offre une épopée fabuleuse et universelle qui illustre l'émancipation vis-à-vis des dogmes, la lutte contre l'oppression, en particulier celle des femmes et des étrangers, mais aussi la réinvention de soi dans un monde toujours fluctuant.Cette fresque aux accents magiques réussit à recréer une réalité oubliée avec une précision et un sens de l'incarnation hors norme. Lire.Un prodigieux souffle romanesque. Le Monde de livres.Passionnant de bout en bout. Le Temps. Traduit du polonais par Maryla Laurent. -
Une absurde cruauté : Témoignage d'une femme au Goulag (1944-1955)
Barbara Skarga
- Table ronde
- Quai Voltaire
- 26 Octobre 2023
- 9791037113108
Étudiante et membre de la résistance polonaise, Barbara Skarga est arrêtée par le NKVD le 8 septembre 1944. Après plus d'un an d'interrogatoire dans les prisons de Wilno, un tribunal militaire soviétique la condamne à dix ans de camp suivis d'une relégation perpétuelle en Union soviétique. Elle est envoyée dans la région d'Oukhta, aux limites de l'Oural polaire, puis à Balkhach, au Kazakhstan, dans un camp au régime sévère destiné aux politiques. Sa peine purgée, elle travaille dans un kolkhoze de la région de Petropavlovsk jusqu'à ce qu'elle regagne son pays, la Pologne, en décembre 1955. Dans Une absurde cruauté, Barbara Skarga évoque une page d'histoire oubliée, et décrit avec une sobriété remarquable un système dont l'absurdité causa le malheur de millions d'hommes. Publié sous pseudonyme en 1985, Une absurde cruauté a circulé clandestinement en Pologne jusqu'en 1990.
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Jeu sur tambours et tambourins
Olga Tokarczuk
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 2 Février 2023
- 9782882508218
Visionnaire lors de sa parution en 2001, ce recueil de nouvelles d'Olga Tokarczuk n'a rien perdu de son mordant, ni de sa pertinente actualité. Avec une espièglerie qui rappelle Nabokov, la romancière polonaise nous dévoile un quotidien truffé de portes secrètes, de miroirs traversés et d'autres distorsions de l'espace et du temps. Une année à Berlin, un séjour au Mont-Noir, un mois de résidence en Écosse, sont le point de départ de plusieurs de ces nouvelles, et l'on verra que l'anodin d'une bourse d'écriture peut conduire aux paradoxes les plus fous.
Comment les gens se comportent-ils lorsque se brouillent les frontières entre fiction et réalité ? Un écrivain surprend un matin, assis à sa table, un double de lui-même qui corrige tranquillement son dernier manuscrit... Une lectrice de romans policiers trouve le moyen d'intervenir dans l'intrigue, beaucoup trop molle, du mauvais polar qu'elle a commencé... et les morts, soudain, vont se multiplier. En séjour à Berlin, une femme d'âge moyen s'étonne de devenir quelconque dans le maelstrom de la grande ville, avant de goûter au plaisir de pouvoir être n'importe qui : tour à tour une Turque voilée, un homme d'affaires, une petite fan de Britney Spears... -
Maison de jour, maison de nuit
Olga Tokarczuk
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 2 Septembre 2021
- 9782882506962
Une jeune femme s'installe avec R., son mari, dans un hameau perdu de Basse-Silésie, à quelques dizaines de mètres de la frontière tchèque. Nous sommes aussitôt après la chute du régime communiste en Pologne, mais ce n'est pas l'unique changement perceptible : les maisons, les jardins et les forêts environnantes regorgent de vestiges et de traces laissées par les Allemands qui vivaient autrefois, majoritaires, dans cette région. Strates de terre, strates de temps, le hameau prend rapidement les dimensions de l'univers, puisque les possibilités de narrations, à partir de lui, sont infinies.
D'une imagination débordante, mêlant légendes, ragots de villageois, explorations des rêves et de l'Internet naissant, recettes de cuisine et fines observations de nos contemporains, ce roman d'Olga Tokarczuk est l'épopée d'un tout petit lieu, avec une ahurissante galerie de personnages, dont Marta, la voisine, perruquière fantasque, qui amorce et tisse les histoires, Marek Marek qui se saoule à mort pour ne plus sentir l'énorme oiseau qui est dans sa poitrine, ou encore Ergo Sum, le professeur de latin qui se changera en loup-garou... et jusqu'à sainte Kümmernis, ravissante femme à barbe crucifiée par son père.
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Le tendre narrateur ; conférence du Nobel
Olga Tokarczuk
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 1 Octobre 2020
- 9782882506597
La complexité grandissante du monde, l'interdépendance largement insoupçonnée de tous ses éléments, voilà qui exige, selon Olga Tokarczuk, « de nouvelles façons de raconter le monde ».
Et si les deux premières décennies du siècle signent le triomphe des séries télé, la littérature n'a pas dit son dernier mot. Elle est la mieux à même de travailler à partir de fragments, de révéler un spectre plus large de la réalité, pour autant qu'elle se libère du vieux moi-narrateur.
Le Tendre Narrateur, c'est l'invention d'une « quatrième personne du sujet », une voix à la fois impersonnelle et douée de tendresse, « la plus modeste forme de l'amour », celle qui permet de porter attention à tout ce qui n'est pas soi - les autres, les animaux, les éléments - avec la conscience d'une communauté de destin.
Ce discours de réception au prix Nobel est suivi d'un texte intitulé Comment les traducteurs sauvent le monde et d'un inédit sur la période du confinement, La Fenêtre, dans lequel l'auteure expose les craintes et les espoirs que lui inspire l'avenir.
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Histoires bizarroïdes
Olga Tokarczuk
- Noir sur blanc
- Litterature Etrangere
- 1 Octobre 2020
- 9782882506573
Lauréate du prix Nobel de littérature en 2018, Olga Tokarczuk nous offre un recueil de nouvelles qui vient confirmer l'étendue de son talent : qu'elle se penche sur les époques passées ou qu'elle s'amuse à imaginer celles du futur, elle a toujours le souci d'éclairer le temps présent et ne se défile devant aucune des questions qui se posent aujourd'hui à nous.
L'esprit d'enfance, le désir d'immortalité, le délire religieux mais aussi le transhumanisme, le rapport à la nature, la fragilité de la civilisation : sans surenchère dans la dystopie, sans jamais de complaisance dans la noirceur, Olga Tokarczuk nous fait mesurer les espaces infinis de ce qui échappe à notre connaissance.
Mais pour cette écrivaine qui excelle à découvrir des connexions et des correspondances, le salut réside assurément dans les puissances de l'imaginaire et dans l'acceptation par chacun de sa propre étrangeté.
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Bestiarium, roman fabuleux, divagatoire et hystérique de l'écrivain polonais Tomasz Rózycki, dont le ton drôle et cru et la densité de la vision littéraire rappellent Rabelais, Kafka ou Gombrowicz, est un chef d'oeuvre récent (2012) d'Europe Centrale. - «Et nous parlions des temps anciens où, alors que je descendais une pente à vélo, un rayon de roue me transperça la cuisse ; où, alors que j'embrassais ma voisine, une de ses dents resta dans ma bouche, où je marchai dans une bouse de vache et où tant d'autres choses arrivèrent alors que je ne me souvenais d'aucune, mais vraiment d'aucune. Peut-être les avais-je rêvées - ces pommes acides du jardin, ce coq nain enragé et ces voilages dans la fenêtre d'en face et aussi cette bataille de lancer de cailloux avec le gang des canifs -, peut-être était-ce quelqu'un me ressemblant qui les avait vécues dans un film, dans un livre d'aventures, dans une vie antérieure, différente, pathétique, dans un pays qui sentait l'orangeade en poudre, le pays de Tolek Banana.» - Par une lourde nuit de juillet, le narrateur, sans nom, se réveille dans un appartement inconnu. Il a soif, admet avoir trop bu, la main cherche à tâtons un verre d'eau, en vain. Il entreprend alors une odyssée cauchemardesque pour rentrer chez lui, tant à travers les lignes diluées de la ville d'Opole que dans différentes qualités de la mémoire - individuelle, familiale, topographique. L'errance, d'abord en lévitation au-dessus des rues, puis dans l'appartement de sa bisaïeule qui lui confie une clef avant de le charger d'une quête, l'étrange aventure enfin dans les labyrinthes souterrains aux côtés de ses Oncles qui lui annoncent un Déluge formidable, purificateur, imminent et indécis, fournissent au récit quantité de motifs, de pistes pour en saisir les enjeux.
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Gombrowicz ou la parodie constructive
Michal Glowinski
- Noir sur blanc
- Essai
- 15 Septembre 2004
- 9782882501431
Dans une série de douze essais, Glowinski s'attache à montrer comment l'intertextualité est un élément majeur de la démarche artistique de Gombrowicz. À travers l'étude de différents textes (romans, nouvelles ou
articles), il décortique la façon dont Gombrowicz utilise la tradition (toute la tradition, de Shakespeare au roman campagnard polonais) non pas pour la dupliquer mais comme un matériau autorisant la création de nouvelles structures. La technique du sampling, par exemple, devenue une mode des années après sa mort, n'avait pas de secret pour Gombrowicz, qui bricolait le romanesque creux, utilisait à foison les citations, cryptocitations, les allusions, les paraphrases, la parodie ou le pastiche. Ainsi, il écrivit un compte rendu de lecture sur un roman qui n'existait pas, et l'ancienne calèche livra les thèmes majeurs de son oeuvre future : « Le domaine des rêves trop faciles. Les péchés de notre siècle transitoire. » Michal Glowinski compare Witold
Gombrowicz à Igor Stravinski : dans l'oeuvre de chacun d'eux, ce qui en apparence n'est qu'un emprunt devient l'une des composantes majeures de leur originalité. La « parodie constructive » pratiquée par Gombrowicz fait de lui un virtuose de la sur-littérature.
Une étude brillante qui permet de resituer l'oeuvre de Gombrowicz à la fois dans la tradition littéraire polonaise et par rapport à la littérature française du XXe siècle (avec notamment de très belles pages sur Sartre). Une invitation à relire le plus grand romancier polonais du siècle dernier, qui aurait eu cent ans en 2004, et à découvrir un de ses textes inédits.
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Le journal de Rutka (janvier-avril 1943) ; les juifs et la Pologne
Marek Halter, Rutka Laskier, Zahava Laskier Sherz
- Pocket Documents Et Essais
- 6 Septembre 2012
- 9782266198271
Dans son journal, Rutka évoque son quotidien dans le ghetto de Bedzin. Sur une soixantaine de pages, elle évoque les épisodes d'une vie d'adolescente comme les autres (ses premiers émois, ses disputes et réconciliations avec ses camarades) mais aussi toute l'horreur de sa situation, qu'elle aborde avec une lucidité et une maturité déconcertante.
Ma soeur Rutka, qui fait suite au journal de Rutka, est le récit de la vie du père de Rutka par son autre fille, Zahava, née après guerre. Le père de Rutka était le seul de la famille à avoir survécu. Il avait perdu sa femme et leurs deux enfants.
La postface de Marek Halter évoque les complexes relations entre les polonais et les juifs qui ont partagé leur Histoire.
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L'affrontement mortel de deux hommes qui s'opposent en tous points, non comme le noir au blanc, mais à la façon de deux pays voisins qui arment leur frontière, une frontière sinueuse, sujet de maintes contestations et concessions. Andrzej Rangult, membre de la noblesse polonaise, est déjà un héros, une figure de la légende napoléonienne. Sans culture et sans idéal, il est une tête brûlée que ses hommes suivent dans le feu. Semen Hoszowski, son adversaire, est un officier de liaison. Obscur fils de pope, il est tourmenté par un complexe d'infériorité et de vagues aspirations à une vie bourgeoise.
Leur histoire commune, une relation de haine amoureuse, débute durant le siège de Moscou, en 1812, par un duel dénué de sens, un duel raté, recommencé, empêché, au pistolet aussi bien qu'aux cartes. Forcés de déserter sur un malentendu, au moment même de la retraite de Russie, ils sont jetés ensemble dans une abominable errance à travers les enfers de glace. Parvenus à moitiés morts sur le domaine de Rangult, en Lituanie polonaise, ils y attendront le retour de l'histoire. L'ancienne escorte de Rangult surgit pour le tuer : plutôt la mort de leur héros que son déshonneur. Quoique malade, Rangult parvient à les abattre, avant de mourir d'épuisement. Hoszowski, lui, n'aurait qu'à dire un mot pour prendre sa place à la tête du domaine, mais le confort bourgeois dont il avait rêvé lui semble à présent une petite mort. Celui qui ne croyait en rien veut à présent devenir le « gardien de la légende ». Il se met en route pour laver l'honneur de Rangult et se faire le propagateur de son épopée.
Loin du roman historique, La Condition étudie l'effet que produit dans le coeur des hommes l'effondrement des valeurs collectives. Rylski nous montre que l'héroïsme n'est parfois que l'expression d'une pauvreté spirituelle, d'un vide, un équivalent brutal de l'idiotie. De même, son personnage d'arriviste est dépeint avec humanité : après tout, il est un peu l'homme d'aujourd'hui. Ayant atteint son pauvre rêve (le confort et le fait de ne pas avoir de chef), il finit par choisir la légende contre la vérité, parce qu'elle offre au moins une raison de vivre.
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Un demi-siècle de purgatoire ; entretiens avec Tadeusz Konwicki
Stanislaw Beres
- Noir sur blanc
- 1 Janvier 1993
- 9782882500427
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La flamme de l'éternité ; essais sur la pensée de Nietzsche
Krzysztof Michalski
- Zofia de lannurien
- 2 Mars 2013
- 9782953879155
La flamme de l'Éternité réexamine et propose une nouvelle interprétation de la philosophie nietzschéenne, notamment le rôle central que jouaient les concepts d'éternité et de temps, tels que le grand philosophe les entendait.
Selon Krzysztof MICHALSKI, les pensées de NIETZSCHE sur l'existence humaine sont intimement liées au temps, qui ne peut se concevoir à son tour sans l'éternité. L'éternité est non seulement une mesure du temps mais encore, comme MICHALSKI le montre, un concept que NIETZSCHE qualifiait avant tout de physiologique, inséparable du corps. Le corps vieillit et décline, nous impliquant dans une lutte sans merci contre notre mort ultime. Ce conflit intérieur naît d'une réalité tragique dans laquelle nous parvenons à saisir l'éternité et la limite du temps. NIETZSCHE soutient que l'humanité a longtemps considéré l'impermanence de notre vie comme une blessure à cicatriser : une "pathologie" que NIETZSCHE nomme le nihilisme. Argumentant que cette connaissance réside au coeur de la philosophie nietzschéenne tout entière, MICHALSKI cherche à expliquer et à réinterpréter la réflexion du talentueux philosophe à la lumière de ce raisonnement. Ainsi, il soutient que de nombreuses idées majeures de NIETZSCHE - y compris ses points de vue sur l'amour, la morale (Par-delà le bien et le mal), la Volonté de puissance, l'instinct de conservation, le Surhomme (ou le tristement célèbre Trop humain), la Mort de Dieu, et le mythe de l'Éternel Retour - prennent un sens inédit et une nouvelle signification lorsqu'elles sont perçues à travers le prisme de l'éternité.
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En 1980, Lech Wa??sa, l'électricien fondateur du mouvement syndical Solidarnosc signait les accord de Gdansk reconnaissant notamment le droit de grève en Pologne communiste, et mettait fin à quatre années d'état de guerre. La réforme des institutions était en marche et, en octobre 1983, Lech Wa??sa recevait le prix Nobel de la Paix, qu'une étroite surveillance policière l'empêcha d'aller recevoir à Stockholm. Là ne s'arrête pourtant pas la légende d'un des leaders les plus charismatiques de notre temps, puisque Lech Wa??sa est devenu, en 1990, le deuxième président de la IIIe République polonaise, affermissant la transition démocratique de la Pologne et l'engageant sur le chemin de l'intégration européenne. Victime de sa politique de rigueur économique et d'un certain conservatisme imprégné de foi catholique, il ne sera pas réélu en 1995 et, après un nouveau revers électoral en 2000, il se retire de la vie politique. Mais le symbole demeure. Dans ses Mémoires, Lech Walesa évoque, bien entendu, son enfance et les débuts de son combat politique à Gdansk, en 1980. Pour la première fois, il raconte son accession à la présidence, « aboutissement de notre révolution », défend vigoureusement son action politique, économique et internationale, l'entrée de la Pologne dans l'OTAN, l'héritage toujours vivant de Solidarnosc (qu'il a quitté en 2006) et les douze années qui ont suivi sa présidence, qualifiées d'« arrêt au milieu du gué ». Le livre inclut dans des encadrés les souvenirs et appréciations de plusieurs grands témoins d'un exceptionnel parcours, tels que Frederik Willem de Klerk, Brosnis?aw Geremek, Józef Glemp, Mikhaïl Gorbatchev, Tadeusz Mazowiecki, Shimon Peres, Andrzej Wajda, Richard Von Weizsäcker
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Le journal de Rutka, Janvier-Avril 1943 ; les juifs et la Pologne
Rutka Laskier
- Robert laffont
- 6 Mars 2008
- 9782221110270
Le cahier caché de Rutka Laskier...
Un témoignage retrouvé soixante-cinq ans après la Shoah, tel un cri retenu dans la gorge de l'Histoire.
1943. Dans le ghetto de B dzin, en Pologne, une jeune fille de quatorze ans tient son Journal... Comme beaucoup d'adolescentes, elle y relate ses premiers émois, les petites histoires intimes et troublantes d'une jeune fille. Mais malgré son jeune âge, Rutka est très consciente de la situation générale. Avec une incroyable lucidité elle raconte aussi la vie dans une communauté dont les membres, amis et parents, disparaissent peu à peu. Elle parle, entre autres horreurs, de l'existence des chambres à gaz et pressent qu'au bout de la route l'attend la mort. En août 1943 les nazis liquident le ghetto de B dzin. Rutka périt un mois plus tard à Auschwitz.
Avant d'être déportée, Rutka a eu le temps de glisser son cahier sous le plancher de sa maison. Dans une cachette qu'elle avait révélée à Stanislawa, son amie polonaise catholique. La jeune femme le retrouvera et le gardera dans un tiroir sans en parler à personne... Jusqu à ce que, soixante-cinq ans plus tard, elle le fasse lire à son neveu après une discussion animée sur la Shoah. Le jeune homme comprend que ce journal appartient à l'Histoire et encourage la vieille dame à le donner pour publication au musée de Yad Vashem.
Ce journal est un récit poignant en même temps qu'un témoignage historique unique, enrichi par une passionnante préface de Marek Halter. Né à Varsovie, celui-ci a toujours été impressionné par la relation complexe que les Polonais ont entretenue avec les millions de juifs qui ont partagé leur histoire depuis plus de dix siècles. En une soixantaine de pages il raconte cette relation, faite d'amour et de haine. Une exceptionnelle réflexion sur ce « monde d'hier » et sur la mémoire judéo-polonaise qui habite son oeuvre.
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Au lendemain d'une soirée trop arrosée, le narrateur - l'auteur lui-même - est réveillé par des policiers qui l'accusent de meurtre.
Dans sa chambre gît, en effet, le corps d'une jeune femme. Serait-ce Véra, sa conquête de la veille ? Le héros, pourtant, a la certitude de ne pas l'avoir tuée. Arrêté, libéré, incapable de comprendre ce qui lui arrive, il va s'efforcer de tirer au clair ce malentendu. Mais son enquête n'aboutit qu'à la découverte d'étranges virus, dont il se serait cru préservé. Ce roman, dans sa légèreté, révèle l'aspect confus et absurde de la réalité.
Il pourrait n'être qu'une parabole d'un grotesque grinçant; c'est avant tout un roman du désespoir, où les failles que l'effondrement du communisme a provoquées font vaciller une société : trafics et magouilles, intrusion de la drogue, activisme des slavophiles, reconversion des anciens indics de la Sûreté, impossibilité de se définir dans un magma qui empêche toute forme d'individualité. Toujours attentif à ce qui l'entoure, Konwicki réussit à saisir dans son oeuvre ce que voudrait ignorer la vision commune : l'ère de l'après-communisme a bien du mal à s'ouvrir car l'Europe tout entière souffre d'une même difficulté à trouver un nouvel élan.