«Les grands majordomes sont grands parce qu'ils ont la capacité d'habiter leur rôle professionnel, et de l'habiter autant que faire se peut; ils ne se laissent pas ébranler par les événements extérieurs, fussent-ils surprenants, alarmants ou offensants. Ils portent leur professionnalisme comme un homme bien élevé porte son costume. C'est, je l'ai dit, une question de dignité.» Stevens a passé sa vie à servir les autres, majordome pendant les années 1930 de l'influent Lord Darlington puis d'un riche Américain. Les temps ont changé et il n'est plus certain de satisfaire son employeur. Jusqu'à ce qu'il parte en voyage vers Miss Kenton, l'ancienne gouvernante qu'il aurait pu aimer, et songe face à la campagne anglaise au sens de sa loyauté et de ses choix passés...
«Arrêtez-vous, ne serait-ce qu'une seconde, et laissez parler quelqu'un d'autre, quelqu'un qui vient de l'extérieur, qui n'appartient pas à ce petit monde fermé où vous semblez tous si contents de demeurer! Est-il étonnant, est-il le moins du monde étonnant que dans cette petite ville, la vôtre, vous ayez autant de problèmes? Que vous soyez si nombreux à être malheureux et aigris? Est-ce que c'est une surprise?... Non! Absolument pas!»Dans une petite ville d'Europe centrale, la visite du célèbre pianiste Ryder est une aubaine. Chacun le sollicite, lui demande de l'aide pour résoudre ses problèmes domestiques. Mais cette ville est-elle véritablement inconnue de Ryder? Et les étonnants personnages qu'il croise, de Sophie à l'ancien chef d'orchestre Brodsky en passant par le porteur de bagages Gustav, seraient-ils plus proches du narrateur qu'il n'y paraît?Kazuo Ishiguro nous offre un roman foisonnant et ambitieux, réflexion drolatique sur la mémoire et le réel.
Après le suicide de sa fille aînée, Etsuko, une Japonaise installée en Angleterre, se replonge dans les souvenirs de sa vie. Keiko, née d'un premier mariage au Japon, ne s'est jamais acclimatée à l'Angleterre, et surtout elle n'accepta pas le remariage de sa mère avec un homme qu'elle considéra toute sa vie comme un parfait étranger. Mais peut-être l'explication du drame demeure-t-elle enfouie dans le Japon de l'après-guerre, à Nagasaki, ville martyre qui se relevait des plaies de la guerre et du traumatisme de la bombe, durant cet étrange été où, alors qu'elle attendait la naissance de Keiko, Etsuko se lia d'amitié avec la plus solitaire de ses voisines, Sachiko, une jeune veuve qui élevait sa fille, la petite Mariko... Premier roman de Kazuo Ishiguro, Lumière pâle sur les collines est de ces livres dont on ne sort pas indemne. Écrit dans un style dépouillé, limpide, tout en demi-teintes et en non-dits, reflet d'un passé mystérieux, il possède un rare pouvoir d'envoûtement.
Dans un désert sans nom et un temps incertain, un magistrat gère un fort qui marque la frontière de l'empire.
Le pouvoir central s'inquiète d'une invasion barbare et dépêche sur les lieux le colonel joll, un tortionnaire de la pire espèce. parmi les hommes et les femmes ramenés au fort et torturés, une jeune fille blessée attire l'attention du magistrat qui finit par partir avec elle. mais, rejeté par le peuple nomade dont elle est originaire, le magistrat s'en retourne auprès des siens. accusé de trahison, il va à son tour passer par les mains du bourreau...
J.M. Coetzee, jouant ici sur la peur de l'autre et de l'inconnu qui mène parfois à la plus grande des cruautés, questionne les notions de liberté et de pouvoir au sein d'un Etat imaginaire qui n'est pas sans rappeler l'afrique du sud de l'apartheid.
Dans les années 1970, une historienne d'art new-yorkaise, féministe engagée, décide d'enquêter sur la mystérieuse disparition de la peintre Lorin Jones afin d'en écrire la biographie. Convaincue que la faillite artistique de cette artiste est due au machisme des hommes de son entourage, elle se laisse hanter par ses préjugés. Mais au contact de la réalité, la théorie s'effrite... Et si Lorin Jones s'était torpillée elle-même ? Un thriller psychologique et une brillante satire des biographes et de leurs idoles, des passions aveugles et des féministes à tout crin! Prix Femina 1989, «La Vérité sur Lorin Jones »fait partie de ces romans dont la justesse psychologique traverse toutes les époques.
Pas de quartier à Fatchakulla! Ça dépiaute sec, on étripe à tout va au détour des chemins sous la lune. Des marécages montent d'étranges ronronnements généralement suivis de découvertes macabres. Du plus fieffé salaud du canton à d'autres proies plus délicates (quoique!), les victimes s'accumulent au fur et à mesure qu'un être mystérieux les lacère, les mange puis les éparpille aux quatre vents. Une tête par-ci, un bout de bras par-là... Fatchakulla, jusque-là connu pour ses dégénérés consanguins et ses alligators, s'est trouvé une autre spécialité. Les habitants crèvent de trouille. On parle de fantômes et d'esprits et tout le monde semble pouvoir y passer. Même la grosse Flozetta s'est fait bouffer!...
Réédition en poche de ce conte pour adultes situé au coeur du Mississippi et de son imaginaire ancestral, où réalité et merveilleux se télescopent, Le Brigand bien-aimé est le texte le plus drôle, loufoque et poétique d'Eudora Welty, Prix Pulitzer 1973.
Les années 1940. Un jeune garçon, David, grandit dans une petite ville du Sud, dans une maison délabrée juchée sur une colline. Chaque nuit il voit au loin l'immense bible éclairée de néon qui surplombe l'église, symbole de la ferveur religieuse des habitants qui méprisent sa famille. David trouve refuge auprès de sa tante, la douce et ronde Mae. Mais bientôt celle-ci part pour Nashville, et le pasteur décide de placer la mère de David à l'asile...
John Kennedy Toole - l'auteur de "La Conjuration des imbécilesé, chef-d'oeuvre qui lui a valu en 1981, à titre posthume, le prix Pulitzer - a écrit La Bible de néon à l'âge de seize ans. Ce premier roman qui languit dans un tiroir jusqu'au succès phénoménal de La Conjuration révèle une tout autre facette de son talent.
Michael K, dont la couleur de peau n'est jamais mentionnée, homme frustre et solitaire, quitte Le Cap accompagné de sa mère et se lance sur les routes. Contrôles, interdictions, combats ne l'empêcheront pas d'accomplir son périple, remontant toujours plus loin au nord, en quête d'une ferme-refuge originelle où il espère vivre paisiblement. Il parvient seul en ce lieu reculé, sa mère n'ayant pas supporté le voyage. A partir de quelques graines retrouvées par hasard, il cultive son champ et crée son petit paradis. Mais la guerre ne s'arrête pas, elle, et bien vite le rattrape. Pourtant, malgré les emprisonnements, la cruauté et le dénuement, Michael K ne se pliera pas aux lois des hommes...
Dans cette comédie irrésistiblement intelligente, deux universitaires américains s'installent en Angleterre. Anglophiles passionnés, ils n'en restent pas moins des Américains comme les autres. Connivence feinte, hypocrisie, fascination réciproque ou rejet mutuel, complexe d'infériorité ou de supériorité, tous ces sentiments conflictuels ne cessent de se croiser et font de ce livre réjouissant un pur plaisir de lecture.
Prix Pulitzer 1983.
1986, Afrique du Sud. Elizabeth Curren, blanche, libérale, solitaire, est brutalement confrontée à une explosion de rage contre l'Apartheid. Atteinte d'un cancer, ses derniers jours sont ponctués par la sanglante répression d'une émeute. Elle découvre le corps criblé de balles du fils de sa domestique noire, et assiste à l'exécution par la police d'un autre adolescent...
J.
M. coetzee revisite ici le roman de daniel de f?, robinson crusoé, en abandonnant sur une île déserte de l'atlantique, une jeune anglaise, susan barton. elle se retrouve face à deux hommes : le naufragé, cruso, et un nègre à qui on a coupé la langue, vendredi. secourue, elle revient à londres avec vendredi et décide de raconter son histoire à l'écrivain daniel f?...
Fable, allégorie, palimpseste littéraire, ce roman brillant explore et interprète les extrêmes vers lesquels nos vies sont poussées.
Mais entre ces extrêmes - verbe et silence, raison et folie, vérité et mensonge - résident ces tensions que j. m. coetzee sait rendre si riches et si lumineuses, et qui se nomment l'art, le rêve et l'imaginaire.
Fiodor Dostoïevski revient précipitamment à Pétersbourg : son beau-fils Pavel, mêlé à des activités terroristes, vient d'être victime d'un accident fatal. Pavel s'est-il suicidé, a-t-il été tué par la police ou par ses camarades nihilistes ? Traqué par la police, il tente de découvrir la vérité et de sauver Matriona, jeune fille fascinée, elle aussi, par le discours des terroristes.
On ne sait ni son nom ni son âge.
On sait qu'elle est esclave, que sa vie d'être humain, de femme, s'est résumée à ce mot-là. Elle est seule, abritée au creux d'un baobab, objet de charité ou de vénération. Si elle est là, c'est à cause d'un homme, son maître, son amant, elle est la seule survivante d'une expédition vers une ville mythique, décidée par lui. Et, autour du baobab, tourne inlassablement la mémoire de cette narratrice qu'on a toujours dépossédée de tout, jusqu'à ses propres enfants.
Ce récit, dense, vibrant d'émotion et d'intelligence, se situe dans un univers frère de celui de Coetzee. Le Baobab est l'un des plus grands livres lyriques de la littérature sud-africaine.
Bekr, une grosse tête mais qui sait la garder froide, propose à Teal, cambrioleur de haut vol, de neutraliser un commissariat en plein Manhattan, histoire d'aller sans bobo faire une descente chez plusieurs marchands du quartier des diamantaires. Entre vrais policiers en civil et faux flics en uniforme, c'est une joyeuse hécatombe. La panique règne dans la 47? rue . Le décès est assuré, quant aux cailloux...