C'était le bon temps. Quand la France contemporaine nous accable, il suffit, pour aller mieux, de se ramentevoir celle des années 1970, rythmées par les films de Sautet, les chansons de Dalida, Nino Ferrer, Alain Bashung. Sous le signe - très masculin - de Pompidou, Giscard, Mitterrand, Barre, Rocard, Sartre et Mao, elles furent à la fois insouciantes, bourgeoises et révolutionnaires.Pour écrire cette trilogie, j'ai épluché plus de cinquante ans d'archives personnelles. Ce qui m'a permis de confronter mes regards d'hier et d'aujourd'hui, ceux des acteurs de l'époque aussi, avec mes souvenirs les plus personnels comme avec les grands évènements historiques, dans un mouvement de va-et-vient permanent. Très vite, je me suis rendu compte que ce travail permettrait d'éclairer la question qui nous étreint tous, plus ou moins : que nous est-il arrivé ?Pendant la décennie 1970, sujet de ce deuxième tome, la France a continué de progresser, dans la foulée du «Sursaut» gaullien que je vous ai raconté dans le précédent volume. Portée par une croissance économique incroyable, c'est la Belle Époque de la V?. Mais après avoir été frappée par deux chocs pétroliers très violents, elle a peiné à relever les défis qui se posaient : l'urgence écologique, le début de la désindustrialisation et du chômage, l'immigration, la perte de l'autorité, des repères... Tous les germes étaient à l'oeuvre, à bas bruit, au cours de ces années-là, peut-être moins radieuses qu'elles ne le semblent aujourd'hui, la nostalgie aidant.
Soixante ans après les accords d'Évian paraît le premier dictionnaire consacré à la guerre d'Algérie, rédigé par les meilleurs spécialistes de la période, algériens et français.
"Soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, les enjeux mémoriels liés à l'histoire de ce conflit ont alimenté autant de débats que de controverses. La recherche historique n'a cessé de progresser durant cette période. Mais il manquait un ouvrage d'une ampleur suffisante pour permettre, dans un contexte resté passionnel, de traiter du sujet sous tous ses angles, en puisant dans une bibliographie désormais abondante et en se fondant sur les acquis de la recherche, avec le souci d'objectivité et d'exigence intellectuelle qui seul peut aider à faire progresser la connaissance.
Cet ouvrage, le voici. Le fruit d'un long travail qui réussit à embrasser sans tabou l'ensemble des thèmes et des données à la fois militaires, politiques, sociologiques et intellectuels liés au dernier épisode de la période coloniale. L'un des mérites de ses maîtres d'oeuvre, Sylvie Thénault, Ouanassa Siari Tengour et Tramor Quemeneur, est d'avoir su regrouper autour d'eux des historiens et chercheurs de provenances multiples, de convictions diverses et parfois opposées. Là où les mythes l'emportent encore trop souvent sur la vérité des faits, cette pluralité des approches était non seulement nécessaire mais indispensable au crédit d'une telle entreprise.
Événement éditorial, ce Dictionnaire, par son ambition et sa richesse exceptionnelles, répondra aux légitimes attentes de tous ceux qui, sur les deux rives de la Méditerranée, n'aspirent qu'à mieux comprendre l'histoire complexe de cette guerre." Jean-Luc Barré.
L'histoire vraie d'Adolphe Tolkatchev, espion soviétique Adolf Tolkatchev, citoyen soviétique ordinaire, est ingénieur à l'Institut de recherches sur les radars à Moscou. Il a accès à des informations ultrasecrètes et essentielles dans la course à l'armement entre les États-Unis et l'URSS. Déçu par le régime soviétique, il s'efforce de convaincre la CIA d'accepter sa collaboration. Ayant finalement pu offrir ses services, il photographie entre 1978 et 1985 des documents d'une immense valeur pour lesquels il reçoit de grosses sommes d'argent. Il devient ainsi l'espion le plus précieux pour la CIA de cette période de la guerre froide.
Dénoncé par un ancien stagiaire de la CIA qui cherche à se venger, Tolkatchev est arrêté et exécuté pour haute trahison en 1986. Toutefois, sa postérité reste importante?: en quelques années, il aura fourni aux états-Unis des informations tellement essentielles sur les systèmes d'armement, l'aéronautique et les radars qu'il aura permis d'influer le cours de la guerre froide et bien au-delà.
S'appuyant sur des documents jusqu'alors secrets et sur des entretiens avec des témoins, David E. Hoffman dresse un portrait saisissant et sans précédent de Adolf Tolkatchev. Il peint également le dangereux travail des espions à la CIA et au KGB. Passionnant, imprévisible, au rythme enlevé mais extrêmement précis, L'Espion qui valait des milliards est un document brillant doublé d'un formidable récit d'espionnage.
Berlin, 1945. Le destin de la capitale allemande a été scellé en février, durant la conférence de Yalta : les puissances victorieuses - États-Unis, Grande-Bretagne, France et Union soviétique - la divisent en quatre zones d'occupation. Une décision à première vue pragmatique. Mais la réalité est bien différente : sans leur objectif commun de vaincre l'Allemagne, les Alliés retrouvent bien vite leur hostilité d'avant-guerre. Bientôt, les commandants des quatre secteurs se livrent une lutte sans merci où tous les coups sont permis : systèmes rivaux, idéologies contraires, sabotages en tous genres, ces personnalités antagonistes vont faire de la capitale allemande un champ de bataille explosif. Puis un jour, les Soviétiques recourent à l'inimaginable : le blocus de la ville.
Berlin année zéro raconte la première bataille de la guerre froide comme jamais elle ne l'a été auparavant. Récit d'une rivalité terrible, c'est avant tout l'histoire d'individus imparfaits qui étaient déterminés à gagner. Grâce à une solide connaissance de son sujet et ses indéniables qualités de conteur, Giles Milton nous rend accessible l'Histoire et nous donne à comprendre les motivations de tous les acteurs clés à chaque moment crucial.
Si je me suis attelé à ce vaste projet - une histoire intime de la V? République en trois époques -, c'était pour essayer de comprendre comment notre cher et vieux pays a pu, en quelques décennies, s'affaisser à ce point, dans un mélange de déni, masochisme et contentement de soi, sur fond de crise existentielle.La décadence n'est jamais écrite. Quand le général de Gaulle a pris le pouvoir en 1958, la France était quasiment par terre, à cause, entre autres, de la guerre d'Algérie et de l'effondrement des «élites». Prophétique, machiavélique et prosaïque, il l'a remise debout en à peine un an, sans négliger les plus infimes détails, ni lésiner sur les roueries et les mensonges. Le personnage que je dépeins est bien plus complexe que celui de la légende.Pourquoi une histoire «intime» ? Parce que l'histoire est toujours écrite par ceux qui l'ont faite ou vécue, et que j'ai voulu ajouter, en m'appuyant sur mes notes de l'époque, mon regard d'alors en le confrontant à celui d'aujourd'hui, dans un va-et-vient permanent. «Intime» encore parce que ce retour sur un passé récent entend inclure aussi le regard que portaient naguère les contemporains sur l'odyssée gaulliste qu'ils étaient en train de vivre : je cherche à décrire un monde et une manière d'être français dont le souvenir commence à s'éteindre.Dans ce premier tome, c'est le stupéfiant redressement du pays par le Général que je raconte, jusqu'à la chute du grand homme, après onze ans de pouvoir. Puisse ce récit personnel permettre de tirer, pour aujourd'hui, les leçons d'une résurrection française qui, sur le moment, semblait impossible.F.-O. G.
Après la Seconde Guerre mondiale, la France retrouve une croissance exceptionnelle bien qu'inégalement partagée. La figure du général de Gaulle, le sauveur de 1940, incarnant à partir de 1958 la grandeur de la nation, l'indépendance nationale et la modernité économique, occulte le recul de la France devenue, avec la fin de son empire colonial, une puissance moyenne. En dépit de la construction européenne, la crise profonde de 1968 inaugure une grande transformation et débouche sur une crise économique et sociale, crise d'adaptation du capitalisme. Malgré les prouesses technologiques et les réussites de tous ordres, malgré l'élévation du niveau d'instruction, la société française du début du XXI? siècle voit se creuser les inégalités et s'effriter le modèle républicain et le système de protection sociale hérités de la Résistance et de la Libération.Les événements doivent se lire dans l'épaisseur de l'histoire, celle du passé en prenant en compte le point de vue des contemporains et celle du devenir de l'événement, avec, au présent, ses traces dans les mémoires, les représentations collectives et les modalités d'action.
Sa vie exemplaire, son amour des siens, sa fidélité sans faille aux valeurs de la République, son attachement à la cause des femmes, ont fait de Simone Veil un modèle de ce que doit être une personnalité politique de premier rang.
À mesurer l'immensité des épreuves qu'elle a connues et surmontées, on comprend pourquoi tant de respect, d'admiration et d'affection entourent Simone Veil, la « mère courage » de notre génération.Robert BadinterEn dépit de sa pudeur, de sa réserve et à certains égards d'une réelle timidité, rares sont ceux, célèbres ou inconnus, qui n'ont pas trouvé auprès de notre mère une solution à leur problème, un conseil ou une écoute attentive et réconfortante. Jean et Pierre-François Veil Combats pour la mémoire de la Shoah, pour l'Europe, pour l'émancipation des femmes..., cet ouvrage réunit les textes d'une vie d'engagements et de convictions que Simone Veil a souhaité partager. Préface de Robert Badinter.Introduction de Jean et Pierre François Veil.
?Le 1er avril 1935, dans une salle bondée d'un austère bâtiment administratif de la ville de Pittsburgh, débute un étonnant procès qui fait la couverture des journaux pendant plusieurs mois. Âgé de quatre-vingts ans, Andrew W. Mellon, richissime banquier et ministre des Finances pendant toutes les années 1920, est accusé par l'administration du président Roosevelt d'avoir fraudé le fisc en détournant à son profit les lois qu'il avait lui-même contribué à instaurer. Si une résolution du contentieux aurait été possible dans la discrétion des bureaux de Washington, au lendemain de la crise de 1929 et en plein New Deal, il a été décidé d'aller au bout de la procédure et d'exposer les malversations fiscales de l'un des hommes les plus puissants du monde.
Au fil du procès, le capitalisme états-unien se déploie, révélant les conditions d'enrichissement de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. À l'opposé des discours d'autocélébration des grands financiers et capitaines d'industrie, ceux-ci doivent leur fortune beaucoup plus à des lois qu'à leur génie ou leur flair des affaires. Ces débats, contradictoires et passionnés, fascinent la population car ils ébranlent le contrat social républicain.
À la manière d'un thriller juridico-financier, Romain Huret retrace cette histoire oubliée qui a conduit des millions d'Américains à interroger le rôle de l'État, la responsabilité sociale des élites et la perpétuation des inégalités. Sa résonance avec la situation contemporaine donne à comprendre la manière dont le capitalisme met à l'épreuve les principes mêmes de la démocratie.
La France a pleinement participé à la guerre froide. Mais à la différence d'autres pays, l'« atlantisme » y a presque toujours été minoritaire et, dans le domaine politique comme sur le plan militaire, elle a imprimé à cet affrontement sa marque particulière, sans tomber dans l'hystérie antisoviétique ni dans le rejet de la Russie en tant que telle.
Présente dans toutes les grandes crises, elle a, avec davantage de détermination que ses alliés, cherché à maintenir dans ce conflit nouveau (conflit de puissance et conflit idéologique à la fois) le système international classique dans le cadre d'une « double sécurité » (aussi bien face à l'URSS que face à une éventuelle résurgence du problème allemand), ou même elle s'est employée à promouvoir un nouveau système européen permettant de relativiser les différences entre les deux parties du continent.
Malgré le confort que la situation aurait pu lui procurer, elle a tenté, avec des variantes et des responsables aussi différents que de Gaulle, Bidault, Robert Schuman, Mendès France, Mitterrand, d'imaginer une sortie qui ne serait pas le résultat d'une victoire pure et simple. Sortie qui passerait par le retour au primat de l'intérêt national à l'Est ou bien par la convergence des modèles de société.
Au total, si la France n'a pas « gagné » cette guerre de cinquante ans, elle ne l'a pas « perdue ». Étant donné la lourdeur des problèmes de la décolonisation et la profondeur de ses divisions internes sur la politique à suivre envers l'URSS mais aussi envers les États-Unis et l'Allemagne, c'est déjà beaucoup.
Appuyée sur le dépouillement méthodique des archives du Quai d'Orsay et des autres grandes chancelleries, la plupart inédites, des témoignages et des Mémoires de multiples protagonistes, cette somme historique sans précédent renouvelle fondamentalement notre vision du second XXe siècle.
L'« atlantisme » a presque toujours été minoritaire dans la France de la guerre froide qui a imprimé à cet affrontement sa marque particulière.
Pendant ce conflit qui oppose les deux blocs d'un monde bipolaire, la France a mené une politique singulièreau sein de l'alliance occidentale. Davantage que les autres alliés des États-Unis face au bloc soviétique, elle a cherché à maintenir le cadre d'une « double sécurité » : face à l'URSS comme face à une éventuelle résurgence du militarisme allemand, alors que le souvenir de la Seconde Guerre mondiale restait proche. Elle a tenté, avec des responsables aussi divers que de Gaulle, Mendès France, Mitterrand, d'imaginer une sortie qui ne serait pas une victoire pure et simple sur l'URSS et ses satellites. Au total, si elle n'a pas « gagné » cette guerre de cinquante ans, la France ne l'a pas « perdue ». C'est déjà beaucoup.
Appuyée sur des archives inédites et des témoignages, cette somme historique sans précédent renouvelle fondamentalement notre vision du second XXe siècle.
De 1954 à 1962, plus d'un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Mais ils ont été plongés dans une guerre qui ne disait pas son nom. Depuis lors, les anciens d'Algérie sont réputés n'avoir pas parlé de leur expérience au sein de leur famille. Le silence continuerait à hanter ces hommes et leurs proches. En historienne, Raphaëlle Branche a voulu mettre cette vision à l'épreuve des décennies écoulées depuis le con?it.
Fondé sur une vaste collecte de témoignages et sur des sources inédites, ce livre remonte d'abord à la guerre elle-même : ces jeunes ont-ils pu dire à leurs familles ce qu'ils vivaient en Algérie ? Ce qui s'est noué alors, montre Raphaëlle Branche, conditionne largement ce qui sera transmis plus tard. Et son enquête pointe l'importance des bouleversements qu'a connus la société française sur ce qui pouvait être dit, entendu et demandé à propos de la guerre d'Algérie.
Grâce à cette enquête, c'est plus largement la place de cette guerre dans la société française qui se trouve éclairée : si des silences sont avérés, leurs causes sont moins personnelles que familiales, sociales et, ultimement, liées aux contextes historiques des dernières décennies. Avec le temps, elles se sont modi?ées et de nouveaux récits sont devenus possibles.
Une histoire limpide de la guerre froide.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que rien ne ralentit l'expansion de Staline, l'équipe du nouveau secrétaire d'État américain George C. Marshall planifie la reconstruction d'une Europe de l'Ouest en ruines, avec l'intention d'en faire un rempart contre l'autoritarisme communiste. Cette entreprise ambitieuse et coûteuse entraîne dans sa lancée la création de l'OTAN et de l'Union européenne telles qu'elles façonnent encore les relations internationales. En regard, le bloc de l'Est se structure et se durcit, donnant naissance à la guerre froide dont ce grand livre raconte l'histoire en auscultant ses origines.
Une histoire de la révolution des oeillets, survenue quatre ans après la mort de A. de Oliveira Salazar, dictateur du Portugal, et dans le contexte de la timide libéralisation du pays amorcée par M. Caetano en 1969. L'historien souligne l'importance de cette transition vers la démocratie pour l'Europe dans son ensemble.
L'histoire secrète des prisonniers d'Algérie - et pourquoi ils furent les "oubliés" de la guerre. En Algérie, contre toute attente, le FLN fit des prisonniers - militaires mais aussi civils, des hommes mais aussi des femmes - pour internationaliser le conflit grâce à l'action de la Croix-Rouge internationale. La plupart moururent. Leur histoire, qui est aussi celle de la première tentative d'appliquer les conventions de Genève lors d'un conflit, n'avait encore jamais été faite. Ce livre entend les réinscrire dans notre mémoire et dire au plus près l'expérience de ces prisonniers de la guérilla, témoins étranges d'une guerre dont on a largement perdu le sens.
L'auteur du texte de ce livre est le fils de l'auteur des photographies. Historien des images, Bertrand Tillier propose pour ce nouvel opus de la collection Format passeport une approche à la fois intime (ce sont ses propres archives) et plus réflexive et générale sur la guerre d'Algérie. Il se fonde sur les photographies prises par son père, appelé du contingent en Algérie en 1962 et le récit familial. L'historien met en tension la mémoire individuelle exprimée ou tue dans la sphère intime et la mémoire refoulée de l'expérience de guerre.
Les photos envoyées à leurs proches par les jeunes appelés, photographes amateurs pour beaucoup d'entre eux, se conforment à une certaine mise en scène, puisque prises au piège d'un discours précis, national, officiel et médiatique. Elles donnent à voir une réalité choisie, ciblée, lisse, écran à la guerre.
Néanmoins, ces photographies, produites dans un contexte de guerre deviennent en quelque sorte témoignage de l'indicible car vecteurs de « moments de glissement et de débordement où les sentiments, les objets, les expressions du visage échappent d'emblée à toute normalisation ». Remplaçant les mots non dits, elles permettent une transmission d'un passé aux générations suivantes : « Chaque groupe porteur d'une mémoire se dirige vers le miroir qui racontera son histoire » (Benjamin Stora). La valeur des photos des appelés du contingent réside dans ce pouvoir de transmission ; elles constituent un support pour un travail de mémoire et de reconstitution, aussi partiel soit-il, tentant de rompre le silence ; regarder ces photos est une « modalité de communication dans les familles » (Raphaëlle Branche). Retrouvant les photos de son père dans une pochette, Bertrand Tillier, historien des images, met ainsi en lumière le rôle des générations postérieures dans la construction de la mémoire familiale.
Grâce à la curiosité d'un fils historien pour les photographies de son père, ce texte dévoile comment, derrière l'objet photographique témoin d'une histoire dans l'Histoire, se lisent des souvenirs, un passé, une mémoire personnelle, familiale mais aussi commune et collective.
En Algérie, l'année 1962 est à la fois la fin d'une guerre et la difficile transition vers la paix. Mettant fin à une longue colonisation française marquée par une combinaison rare de violence et d'acculturation, elle voit l'émergence d'un État algérien d'abord soucieux d'assurer sa propre stabilité et la survie de sa population. Si, dans les pays du Sud, cette date est devenue le symbole de l'ensemble des indépendances des peuples colonisés, en France, 1962 est connue surtout par les expériences des pieds-noirs et des harkis. En Algérie, l'historiographie de l'année 1962 se réduit pour l'essentiel à la crise politique du FLN et aux luttes fratricides qui l'ont accompagnée. Mais on connaît encore très mal l'expérience des habitants du pays qui y restent alors.
D'où l'importance de ce livre, qui entend restituer la façon dont la période a été vécue par cette majorité. L'année 1962 est scandée par trois moments : cessez-le-feu d'Évian du 19 mars, Indépendance de juillet, proclamation de la République algérienne le 25 septembre. L'histoire politique qu'ils dessinent cache des expériences vécues, que restitue finement Malika Rahal au fil d'une enquête mobilisant témoignages, autobiographies, photographies et films, chansons et poèmes. Émerge ainsi une histoire populaire largement absente des approches classiques : en faisant place au désespoir des Français d'Algérie dont le monde s'effondre - désarroi qui nourrit la violence de l'OAS -, elle relate le retour de 300 000 réfugiés algériens de Tunisie et du Maroc, la libération des camps de concentration où était détenu un quart de la population colonisée, ou la libération des prisons, ainsi que les spectaculaires festivités populaires. L'ouvrage décrit des expériences collectives fondatrices pour le pays qui naît à l'Indépendance : la démobilisation et la reconversion de l'Armée de libération nationale, la recherche des morts et disparus par leurs proches, l'occupation des logements et terres laissés par ceux qui ont fui le pays. Une fresque sans équivalent, de bout en bout passionnante.
De l'Espagne à la Syrie, voici l'histoire incroyable et inédite des fugitifs nazis devenus agents de l'Amérique, des Soviétiques, du tiers-monde, ou roulant tout simplement pour eux-mêmes.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont juré de traquer les criminels de guerre nazis « jusqu'au bout du monde ». Pourtant, nombre d'entre eux se sont échappés - ou ont été protégés par l'Ouest, en échange d'une coopération dans le cadre de la lutte contre le communisme.
Reinhard Gehlen, fondateur des services de renseignements extérieurs ouest-allemands, a accueilli des agents SS dans ses rangs. Cette décision a failli entraîner la chute de ce service qu'il chérissait, car le KGB a trouvé ses agents nazis faciles à retourner ou à dénoncer. Cependant, Gehlen n'était pas le seul à adopter cette stratégie cynique : les services secrets américain, soviétique, français et israélien, ainsi que les organisations nationalistes et les mouvements indépendantistes ont tous utilisé d'anciens agents nazis au début de la guerre froide.
Les fugitifs nazis sont devenus des trafiquants d'armes, des espions et des assassins indépendants, jouant un rôle crucial dans la lutte clandestine entre les superpuissances. Dans des restaurants allemands huppés, des ports yougoslaves infestés de contrebandiers, des bastions fascistes dans l'Espagne de Franco, des planques damascènes ou des country-clubs égyptiens, ces espions ont créé un réseau d'influence et d'information très actif, un ingrédient explosif dans les luttes secrètes d'après-guerre.
Riche en révélations provenant du Mossad et d'autres archives, le récit de Danny Orbach dévoile un pan oublié de la guerre froide, et des personnages hauts en couleur. Nimbée de secret défense, obscurcie par le mythe et la propagande, l'histoire extraordinaire de ces agents nazis n'avait jamais été correctement racontée - jusqu'à présent.
Danny Orbach est professeur associé aux départements d'histoire et d'études asiatiques de l'université hébraïque de Jérusalem. Il a obtenu son doctorat à l'université de Harvard. Parmi ses précédents ouvrages : Curse on This Country : The Rebellious Army of Imperial et The Plots Against Hitler.
Conflit atypique entre les États-Unis et l'URSS, alliés conjoncturels de 1941 à 1945, la guerre froide est l'histoire d'une opposition entre deux idéologies irréconciliables : le libéralisme et le communisme.
Analysant le processus d'entrée dans la guerre froide, la logique profonde des crises de Corée et de Cuba ou encore la course au nucléaire, Catherine Durandin passe en revue l'évolution des stratégies militaires, les étapes du dialogue américano-soviétique - entre chantages et accords ponctuels - et la façon dont les populations ont vécu le conflit.
Avec le mur de Berlin, le bloc soviétique a éclaté et l'URSS s'est effondrée. Mais depuis que l'OTAN s'étend à l'Europe centrale et orientale, la guerre froide est-elle réellement derrière nous ?
Les techniques issues de la tradition militaire de " contre-insurrection " et d'action psychologique sont aujourd'hui largement banalisées, y compris dans le management d'entreprise, dans nombre de polices du monde, voire dans des groupes mafieux. Mais on ignore souvent ce qu'elles doivent à la doctrine française de la " guerre révolutionnaire " (DGR). D'où l'intérêt de cet ouvrage, qui retrace son histoire méconnue.
Sa genèse remonte aux armées coloniales du XIXe siècle - principalement française et britannique - qui ont constitué un savoir-faire répressif permettant l'émergence de la DGR au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle a été formalisée par des officiers français engagés dans la guerre d'Indochine, devenant hégémonique dans l'état-major durant celle d'Algérie. Elle se veut une réponse au mouvement de décolonisation, conçue comme une " guerre totale " impliquant l'ensemble de la société. Et elle vise son contrôle intégral par la propagande et la manipulation, la " conquête des coeurs et des esprits ". Mais aussi par la terreur, associée à la séduction propagandiste : torture, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, déplacements de populations... Malgré ses nombreux fiascos, on verra comment la DGR a essaimé depuis les colonies françaises vers bien d'autres terrains, de la guerre du Vietnam à celles d'Irak et d'Afghanistan, de l'Argentine des années 1970 à l'Afrique des années 1980 ou l'Algérie des années 1990. Et comment ses principes se retrouvent aujourd'hui au coeur des techniques violentes de maintien de l'ordre comme des outils de manipulation de l'information.
L'histoire littéraire s'est construite sur un mensonge : elle a largement occulté sa part populaire et la conquête du grand public par l'édition, fruit d'une dynamique qui la place au coeur des industries culturelles. C'est cet autre visage de la littérature que ce livre donne à voir. Puisant dans des archives inédites, il retrace l'histoire chorale de celles et ceux qui, autour des Presses de la Cité et du Fleuve Noir, ont façonné à partir des années 1950 les genres majeurs de l'imaginaire contemporain : espionnage, policier, science-?ction, érotisme...
Par-delà les romanciers les plus fameux (Simenon, Frédéric Dard), les professionnels de cette édition populaire ont contribué à forger une nouvelle culture médiatique, dans un contexte de circulation internationale des ?ctions et de transformation du travail des auteurs. Loin de se résumer à une invasion des modèles américains, la culture de masse « à la française » s'en approprie les conventions au temps de la guerre froide et de la décolonisation ; et dans ces romans tirés à plus de 100 000 exemplaires s'inventent aussi les nouveaux codes de la masculinité et de la consommation des « Trente Glorieuses ». Le livre raconte les stratégies industrielles à l'oeuvre jusqu'à la chute d'un système médiatique au tournant des années 1990, quand les recompositions éditoriales font émerger les nouveaux empires de la communication. Il permet de comprendre l'horizon médiatique des générations d'après-guerre, qui ne se cantonne pas au monde du livre : les histoires imaginées par les auteurs populaires ont essaimé au cinéma, à la télévision, à la radio... Une enquête sans équivalent sur les origines du formidable « boom » de la pop culture, matrice de la culture populaire contemporaine.
« La France ne le sait pas, confiait François Mitterrand au soir de sa vie, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique. Une guerre inconnue, une guerre sans mort... Et pourtant une guerre à mort. » Ce n'est pourtant pas contre lui, mais bien contre Charles de Gaulle, combattu avec tant d'ardeur par ce même Mitterrand sous l'oeil bienveillant de Washington, que les États-Unis ouvrirent les hostilités, dès 1940, en préférant Pétain, Darlan puis Giraud à l'homme du 18-Juin.
Pourquoi cette hostilité jamais démentie, trois décennies durant, alors que le Général sut se montrer l'allié le plus solide de l'Amérique quand, au début des années soixante, l'apocalypse nucléaire menaçait ? Parce qu'au contraire des autres Européens, le fondateur de la Ve République estimait qu'amitié ne devait pas rimer avec vassalité. De tous les présidents américains, un seul eut la clairvoyance de partager ce point de vue : l'inclassable Richard Nixon qui, sur les conseils de De Gaulle, fit plus pour la paix du monde qu'aucun de ses prédécesseurs.
C'est l'histoire secrète de ce conflit, toujours d'une brûlante actualité, que raconte avec brio ce livre, à l'aide, notamment, d'archives américaines déclassifiées.
Du 13 mars au 7 mai 1954, l'armée française livre à Diên Biên Phu la dernière bataille de la guerre d'Indochine. Cinquante-six jours durant, des combats acharnés opposent les troupes de l'Union française aux soldats de l'armée populaire vietnamienne. Après plus de 5 mois de lutte l'armée française capitule mais le bilan est terrible : 8 000 morts du côté vietnamien, 2 000 côté français, sans oublier 10 000 prisonniers français dont 3 000 seulement reviendront de l'enfer de la jungle.
À l'appui d'archives et de témoignages inédits, Ivan Cadeau dévoile une autre réalité de cet événement capital qui précipita la fin de la guerre d'Indochine. Il raconte également la chasse aux responsables, ouverte dès 1955, et qui fait encore débat aujourd'hui.
« Comment savez-vous que c'est un missile de moyenne portée ? » Telle est la première question du président américain John F. Kennedy.
Ce mardi 16 octobre 1962, la crise de Cuba débute. Elle sera la confrontation la plus dangereuse de la guerre froide et le moment le plus périlleux à ce jour de l'histoire américaine. Ce que ses interlocuteurs ignorent, c'est que le président vient d'actionner le système d'enregistrement du Bureau ovale, consignant toutes les réunions secrètes du Comité Exécutif du Conseil de Sécurité Nationale durant les douze jours de la crise. Il sait qu'il a rendez-vous avec l'Histoire.
Patiemment retranscrits et analysés par Sheldon M. Stern, ces enregistrements secrets nous plongent au coeur de discussions dignes d'un thriller haletant. Stern documente le fait que JFK et son administration portaient une part substantielle de responsabilité dans la crise. Les opérations secrètes menées à Cuba, notamment les efforts visant à éliminer Fidel Castro, avaient convaincu Nikita Khrouchtchev que seul le déploiement d'armes nucléaires pouvait protéger Cuba d'une attaque imminente. Cependant, Kennedy se méfiait profondément des solutions militaires aux problèmes politiques.
Effrayé par la perspective d'une guerre nucléaire, il n'a cessé de dissuader les décideurs politiques d'un conflit apocalyptique, mesurant chaque mouvement et contre-mouvement : à tout prix, éviter ce qu'il appelait, avec une brutale éloquence, « l'échec final ».
Quant à Sheldon M. Stern, il a réalisé le rêve de tout historien : « Être la petite souris cachée dans la pièce où tout se joue, lors de l'un des moments les plus dangereux de l'Histoire de l'humanité. Avoir le privilège de savoir ce qui s'est réellement passé » écrit-il. Comme nous aujourd'hui en le lisant.
Plus d'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, est-il possible de raconter, sans manichéisme et sans oeillères, un conflit au terme duquel un territoire ayant vécu cent trente ans sous le drapeau français est devenu un Etat souverain ? De la Toussaint sanglante à la fusillade de la rue d'Isly en passant par la manifestation du 17 octobre 1961, Jean Sévillia relit tous les grands épisodes de cette révolution. Il compare les chiffres, démasque la propagande, replace la cruauté du conflit dans celle de l'époque. Car ce livre raconte cette histoire telle qu'elle fut : celle d'une déchirure dramatique où aucun camp n'a eu le monopole de l'innocence ou de la culpabilité et où Français et Algériens ont tous perdu quelque chose, même s'ils l'ignorent ou le nient toujours.