« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n'avaient ni argent ni vêtements à m'offrir, c'est une voisine qui m'a secourue avec une robe et des sous-vêtements.
Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation.
Il n'y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n'avaient pas pu emporter.
Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée.
J'y voyais un symbole.
Nous n'avions rien à quoi nous raccrocher. Ma soeur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre. Nous faisions semblant de vouloir continuer. » Simone Veil raconte son enfance, sa déportation, et l'impact de cette épreuve dans sa vie.
Récit recueilli par David Teboul.
Membre convaincu du parti nazi dès 1923, aveuglément soutenu par son épouse Charlotte, Otto von Wächter a rapidement intégré l'élite hitlérienne, devenant notamment, au début de la Seconde Guerre mondiale, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis gouverneur du district de Galicie, dans l'ouest de l'Ukraine actuelle - deux territoires qui furent le théâtre de l'extermination des Juifs. En 1945, après la défaite du Reich, il parvient à fuir, se cache dans les Alpes autrichiennes avant de rejoindre Rome et le Vatican, qui abrite l'une des principales filières d'exfiltration des nazis vers l'Amérique du Sud. C'est là qu'il trouve la mort, en 1949, dans des circonstances. Comment a-t-il pu se soustraire à la justice, de quelles complicités a-t-il bénéficié ? A-t-il été réduit au silence ?
Pour quelqu'un de ma génération, né après la Seconde Guerre mondiale et désireux de savoir comment il se serait comporté en de telles circonstances, il n'existe pas d'autre solution que de voyager dans le temps et de vivre soi-même à cette époque. Je me propose donc ici, en reconstituant en détail l'existence qui aurait été la mienne si j'étais né trente ans plus tôt, d'examiner les choix auxquels j'aurais été confronté, les décisions que j'aurais dû prendre, les erreurs que j'aurais commises et le destin qui aurait été le mien.
De 1954 à 1962, plus d'un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Mais ils ont été plongés dans une guerre qui ne disait pas son nom. Depuis lors, les anciens d'Algérie sont réputés n'avoir pas parlé de leur expérience au sein de leur famille. Le silence continuerait à hanter ces hommes et leurs proches. En historienne, Raphaëlle Branche a voulu mettre cette vision à l'épreuve des décennies écoulées depuis le con?it.
Fondé sur une vaste collecte de témoignages et sur des sources inédites, ce livre remonte d'abord à la guerre elle-même : ces jeunes ont-ils pu dire à leurs familles ce qu'ils vivaient en Algérie ? Ce qui s'est noué alors, montre Raphaëlle Branche, conditionne largement ce qui sera transmis plus tard. Et son enquête pointe l'importance des bouleversements qu'a connus la société française sur ce qui pouvait être dit, entendu et demandé à propos de la guerre d'Algérie.
Grâce à cette enquête, c'est plus largement la place de cette guerre dans la société française qui se trouve éclairée : si des silences sont avérés, leurs causes sont moins personnelles que familiales, sociales et, ultimement, liées aux contextes historiques des dernières décennies. Avec le temps, elles se sont modi?ées et de nouveaux récits sont devenus possibles.
Sa vie exemplaire, son amour des siens, sa fidélité sans faille aux valeurs de la République, son attachement à la cause des femmes, ont fait de Simone Veil un modèle de ce que doit être une personnalité politique de premier rang.
À mesurer l'immensité des épreuves qu'elle a connues et surmontées, on comprend pourquoi tant de respect, d'admiration et d'affection entourent Simone Veil, la « mère courage » de notre génération.
Robert Badinter.
En dépit de sa pudeur, de sa réserve et à certains égards d'une réelle timidité, rares sont ceux, célèbres ou inconnus, qui n'ont pas trouvé auprès de notre mère une solution à leur problème, un conseil ou une écoute attentive et réconfortante. Jean et Pierre-François Veil.
Combats pour la mémoire de la Shoah, pour l'Europe, pour l'émancipation des femmes..., cet ouvrage réunit les textes d'une vie d'engagements et de convictions que Simone Veil a souhaité partager.
« Ces pages seront-elles jamais publiées ? Je ne sais. Il est probable, en tout cas, que, de longtemps, elles ne pourront être connues, sinon sous le manteau, en dehors de mon entourage immédiat. Je me suis cependant décidé à les écrire. L'effort sera rude : combien il me semblerait plus commode de céder aux conseils de la fatigue et du découragement ! Mais un témoignage ne vaut que fixé dans sa première fraîcheur et je ne puis me persuader que celui-ci doive être tout à fait inutile. Un jour viendra, tôt ou tard, j'en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s'épanouir, sur son vieux sol béni déjà de tant de moissons, la liberté de pensée et de jugement. ».
L'histoire secrète des prisonniers d'Algérie - et pourquoi ils furent les "oubliés" de la guerre. En Algérie, contre toute attente, le FLN fit des prisonniers - militaires mais aussi civils, des hommes mais aussi des femmes - pour internationaliser le conflit grâce à l'action de la Croix-Rouge internationale. La plupart moururent. Leur histoire, qui est aussi celle de la première tentative d'appliquer les conventions de Genève lors d'un conflit, n'avait encore jamais été faite. Ce livre entend les réinscrire dans notre mémoire et dire au plus près l'expérience de ces prisonniers de la guérilla, témoins étranges d'une guerre dont on a largement perdu le sens.
L'exploit d'Oskar Schindler est connu, celui de Felix Kersten l'est beaucoup moins. Pourtant, un mémorandum du Congrès juif mondial établissait dès 1947 que cet homme avait sauvé en Allemagne « 100 000 personnes de diverses nationalités, dont environ 60 000 juifs ». Dans son roman Les Mains du miracle, Joseph Kessel retraçait déjà l'action du thérapeute d'Himmler, sans que le lecteur puisse toujours distinguer la part de Kessel de celle de Kersten. Pour reconstituer cette dernière au travers des archives, des mémoires, des journaux, des notes et des dépositions des principaux protagonistes, il fallait un historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale qui soit également polyglotte. Le résultat est un récit de terreur, de lâcheté, de générosité, de fanatisme et d'héroïsme qui tiendra jusqu'au bout le lecteur en haleine.
Le Grand Jeu, c'est l'histoire de la lutte de l'ombre qui opposa, au XIXe siècle, l'Empire britannique et la Russie tsariste dans les montagnes et déserts de l'Asie centrale, du Caucase au Tibet. Les Britanniques étaient convaincus que les Russes voulaient s'emparer des Indes, joyau de l'Empire. Au début, les frontières entre la Russie et les Indes étaient distantes de plus de 3 000 kilomètres ; à la fin, moins de 30 kilomètres les séparaient par endroits. La guerre semblait inévitable...
Avec ce récit superbe et informé, le grand reporter Peter Hopkirk (1930-2015) nous offre une fresque historique sur le choc annoncé de deux empires, qui permet aussi de comprendre l'Afghanistan contemporain et les enjeux géopolitiques cruciaux de cette région du monde.
La lutte clandestine en France.
S'appuyant sur des archives variées, cet ouvrage propose une réflexion critique sur ce qu'a été l'expérience de la lutte clandestine en France. Des premières manifestations du refus en 1940 jusqu'aux libérations du territoire à l'été et à l'automne 1944, c'est ici une approche anthropologique du phénomène qui est privilégiée. Elle conduit à mettre l'accent sur la densité extrême du temps résistant, à scruter ses pratiques et ses sociabilités, à interroger aussi les liens qui se tissent peu à peu avec la société. Soumis à un danger permanent, sans modèle préalable auquel se référer, l'univers clandestin de la Résistance n'aura jamais cessé d'inventer sa propre action, tout en exposant l'ensemble de ses protagonistes à des risques identiques et mortels.
Je vous écris d'Auschwitz « Mes chers, je suis dans un camp de travail et je vais bien... » Voici les quelques mots expédiés depuis Auschwitz par près de 3 000 juifs de France, attestant l'existence d'une correspondance entre les déportés à Auschwitz et leur famille entre 1942 et 1945. Ces lettres-cartes, écrites sous la contrainte, faisaient partie d'une vaste opération de propagande, la Brief-Aktion, qui visait à rassurer leurs proches et dissimuler l'horreur. D'autres lettres, clandestines celles-ci, ont pu entrer et sortir du camp et dévoilent l'enfer concentrationnaire. Sont rassemblées ici aussi des lettres écrites dès la libération du camp, preuves de survie uniques et émouvantes adressées aux familles par les rescapés.
Grâce à des archives inédites, Karen Taieb dévoile un pan méconnu de l'histoire de la Shoah, honore la mémoire des victimes et redonne une identité à vingt et un déportés, dont ces lettres, qui nous plongent de façon saisissante dans la réalité du camp d'Auschwitz, sont parfois les dernières traces.
Karen Taïeb
Il fut un temps où tous les chemins menaient à Rome... Aujourd'hui, ils mènent à Pékin. L'Europe peine à penser son avenir face aux populismes et aux crises migratoires, tandis que les Etats-Unis ont engagé un retrait inédit des affaires internationales, au risque de menacer d'anciens alliés. Pendant ce temps, un vent d'espoir souffle le long des antiques routes de la soie. Du Moyen-Orient à la Chine, de la Russie à l'Iran, les échanges se multiplient, les pays coopèrent et de nouvelles alliances sont scellées, faisant fi d'antagonismes dépassés.
Le contraste est saisissant avec ce qui se joue à l'Ouest. Peter Frankopan brosse le tableau aux mille nuances du monde actuel et explique pourquoi il est essentiel d'en comprendre les bouleversements. Dans cet ouvrage magistral, l'historien à la renommée internationale reprend le fil de l'histoire là où Les Routes de la soie (2015) l'ont laissé. Ces routes sont désormais en pleine expansion. Quels changements leur développement impliquera-t-il pour demain ? Quelles seront les répercussions de ce grand basculement des centres de pouvoir ?
Le 16 juillet 1942, à l'aube, débute à Paris une vaste opération policière, baptisée « Vent printanier ». Voulue par les autorités allemandes, elle mobilise près de 9 000 hommes des forces du gouvernement de Vichy. Ce jour-là et le lendemain, 12 884 juifs sont arrêtés, dont 4 051 enfants.
Tandis que les célibataires et les couples sans enfants sont directement conduits au camp d'internement de Drancy, les familles, soit plus de 7 000 personnes, sont détenues au Vélodrome d'Hiver. Elles y demeurent plusieurs jours, dans des conditions épouvantables : entassées sur les gradins, dans une chaleur insupportable, presque sans eau, ni vivres. Jusqu'à leur internement à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande, avant d'être déportées vers les camps de concentration d'Allemagne et de Pologne.
En 1936, la guerre civile éclate en Espagne. Elle fera plus de six cent mille morts. Témoin des événements, George Bernanos condamne les exactions de la répression franquiste, dans ce journal aux accents de pamphlet, qui fit scandale lorsqu'il fut publié en France en 1938. Il y prend fait et cause pour les républicains, et dénonce le ralliement de l'Eglise espagnole au coup de force nationaliste du général Franco. Grands cimetières sous la lune est un récit de combat, fondamental, toujours actuel.
Revenue seule des camps de la mort avec ses deux petits frères, c'est avec ses yeux d'enfant que Lili revit chaque jour les longs mois de survie au coeur de la barbarie nazie.
« Fake news», « infox », « post-vérité » : le monde contemporain ne cesse d'être confronté aux enjeux de l'information de masse. On croyait la propagande disparue avec les régimes totalitaires du XXe siècle mais, à l'ère de la révolution numérique et des réseaux sociaux, elle est plus présente et plus efficace que jamais. Chaque jour apporte ainsi son lot de désinformation, de manipulation, de rumeurs et de théories du complot.
Loin de se limiter à la sphère politique et à la « fabrique du consentement », la propagande imprègne aujourd'hui tous les aspects de notre vie en société, les spécialistes du marketing, du storytelling ou les théoriciens du nudge s'efforçant d'influencer nos choix et comportements.
Embrassant plus d'un siècle d'histoire et couvrant un vaste espace géographique, David Colon explique les fondements et les techniques de la persuasion de masse dans le monde contemporain. Il montre que la propagande n'a cessé de se perfectionner à mesure que les sciences sociales et les neurosciences ont permis d'améliorer l'efficacité des techniques de persuasion, d'influence ou de manipulation.
À travers une synthèse accessible et percutante, David Colon livre une contribution essentielle pour mieux cerner les ravages causés par la désinformation, hier comme aujourd'hui.
Grèves, manifestations, tribunes politiques et syndicales... Par un puissant mouvement social, le Front populaire change la vie des Français : congés payés, semaine de 40 heures, hausse des salaires... De 1936 à 1938, les gouvernements du Front populaire, et notamment celui de Léon Blum, lancent des réformes historiques. Dans les villes et les campagnes, c'est la liesse : les ouvriers occupent les usines, les paysans luttent contre les saisies, les familles partent en vacances... Mais l'image de la joie collective masque les tensions nées de la peur du désordre, de l'entrave à la propriété privée ou d'un complot venu de l'étranger. À partir de nouvelles archives, Jean Vigreux prouve que cette « échappée belle » a été une expérience gouvernementale fondamentale pour comprendre l'histoire sociale et politique de la France contemporaine.
Grèves, manifestations, tribunes politiques et syndicales... Par un puissant mouvement social, le Front populaire change la vie des Français : congés payés, semaine de 40 heures, hausse des salaires...
De 1936 à 1938, les gouvernements du Front populaire, et notamment celui de Léon Blum, lancent des réformes historiques. Dans les villes et les campagnes, c'est la liesse : les ouvriers occupent les usines, les paysans luttent contre les saisies, les familles partent en vacances... Mais l'image de la joie collective masque les tensions nées de la peur du désordre, de l'entrave à la propriété privée ou d'un complot venu de l'étranger.
À partir de nouvelles archives, Jean Vigreux prouve que cette « échappée belle » a été une expérience gouvernementale fondamentale pour comprendre l'histoire sociale et politique de la France contemporaine.
Les vérités les plus précises - et les plus terribles, tant elles sont précises - sur la machine d'extermination. Quarante ans de témoignages, en grande partie inédits, d'une importance historique essentielle.
Des recherches entamées très tôt par Primo Levi sur le destin de ses compagnons à la déposition pour le procès Eichmann, en passant par la « lettre à la fille d'un fasciste qui demande la vérité » et les articles parus dans des quotidiens et des revues spécialisées, Ainsi fut Auschwitz est une mosaïque de souvenirs et de réflexions critiques d'une valeur historique et morale inestimable.
Les grands textes de Primo LEVI sont chez Pocket.
Loin des clichés des films hollywoodiens, ce livre lève le voile sur la réalité des services de renseignement, la vie quotidienne d'un officier traitant, son utilité, son éthique professionnelle mais aussi... ses limites, brisant un à un les mythes en la matière pour leur substituer une face cachée bien plus complexe. Les deux auteurs révèlent les secrets du travail sous couverture, les techniques de surveillance, les manipulations, mais aussi les angoisses quotidiennes et les cas de conscience qu'impliquent de telles professions. De la guerre froide à la guerre technologique, en passant par les nouvelles menaces qui frappent le monde, ces deux grands témoins n'éludent aucun sujet dans leurs échanges. Un voyage d'Est en Ouest pour découvrir le vrai visage de la raison d'Etat.
Le philosophe allemand Victor Klemperer s'attacha dès 1933 à l'étude de la langue et des mots employés par les nazis. En puisant à une multitude de sources (discours radiodiffusés d'Adolf Hitler ou de Joseph Paul Goebbels, faire-part de naissance et de décès, journaux, livres et brochures, conversations, etc.), il a pu examiner la destruction de l'esprit et de la culture allemands par la novlangue nazie. En tenant ainsi son journal, il accomplissait aussi un acte de résistance et de survie.
En 1947, il tirera de son travail ce livre : LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich, devenu la référence de toute réflexion sur le langage totalitaire. Sa lecture, à près de soixante-dix ans de distance, montre combien le monde contemporain a du mal à se guérir de cette langue contaminée, et qu'aucune langue n'est à l'abri de nouvelles manipulations.
Lorsque la France s'effondre en 1940, Churchill fonde le Special Operations Executive (SOE). Cette armée secrète doit infliger des pertes aux Allemands, créer des réseaux de résistance et informer Londres des mouvements de l'ennemi. Il faut ainsi former des agents bilingues capables de sauter en parachute, de tuer, de faire sauter des ponts... Adolescente, Noreen Riols, qui parle couramment français, est expédiée dans un bâtiment de Baker Street. Sans le savoir, elle vient d'atterrir au QG du SOE. Recrutée à la section F, elle va travailler deux ans sous les ordres du colonel Buckmaster et servir d'appât, faire passer des messages... Aujourd'hui, seule survivante de la section F, Noreen se souvient de ces années. Aimables, humoristiques et terrifiants à la fois, ces souvenirs sont l'oeuvre d'une femme aussi exceptionnelle que modeste.
De la révolution d'octobre 1917 à 1922, la guerre civile russe fait des ravages. Face aux bolcheviks et aux monarchistes, une troisième force, issue du monde rural, émerge. En mars 1917, mutineries et jacqueries submergent la Russie, le tsar Nicolas II abdique, Lénine et les bolcheviks prennent le pouvoir. Ce sont les Rouges. En décembre, des généraux proscrits luttent pour le retour du régime tsariste. En un an, du Caucase à la Sibérie, ils sont des centaines de milliers sous les drapeaux de Dénikine, Koltchak ou Wrangel. Ce sont les Blancs. Face à la terreur bolchévique, les paysans se révoltent à leur tour, refusant la conscription et la réquisition de récoltes : ce sont les Verts. Jean-Jacques Marie revisite le récit d'une guerre civile qui plonge la Russie dans le chaos et voit la disparition d'un monde qu'on croyait éternel.
« La France ne le sait pas, confiait François Mitterrand au soir de sa vie, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique. Une guerre inconnue, une guerre sans mort... Et pourtant une guerre à mort. » Ce n'est pourtant pas contre lui, mais bien contre Charles de Gaulle, combattu avec tant d'ardeur par ce même Mitterrand sous l'oeil bienveillant de Washington, que les États-Unis ouvrirent les hostilités, dès 1940, en préférant Pétain, Darlan puis Giraud à l'homme du 18-Juin.
Pourquoi cette hostilité jamais démentie, trois décennies durant, alors que le Général sut se montrer l'allié le plus solide de l'Amérique quand, au début des années soixante, l'apocalypse nucléaire menaçait ? Parce qu'au contraire des autres Européens, le fondateur de la Ve République estimait qu'amitié ne devait pas rimer avec vassalité. De tous les présidents américains, un seul eut la clairvoyance de partager ce point de vue : l'inclassable Richard Nixon qui, sur les conseils de De Gaulle, fit plus pour la paix du monde qu'aucun de ses prédécesseurs.
C'est l'histoire secrète de ce conflit, toujours d'une brûlante actualité, que raconte avec brio ce livre, à l'aide, notamment, d'archives américaines déclassifiées.