Prolongeant l'entreprise initiée par l'Histoire du monde au XVe siècle dirigée par Patrick Boucheron, l'équipe d'une centaine d'historiens dirigés par Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre se propose d'écrire la première Histoire du monde au XIXe siècle en langue française. Par des objets, des dates et des thèmes clés, ils racontent comment nous sommes devenus contemporains.
En Europe et dans les Amériques, le XIXe siècle a longtemps été défini comme l'époque de la « modernité ». Mais qu'en est-il lorsque, abandonnant l'étalon de l'Occident, on change de point de vue ? Car le monde est avant tout l'objet d'expériences contrastées auxquelles ce livre convie le lecteur.
Il le guide à travers les circulations de cette ère nouvelle, des migrations à l'expansion coloniale. Il le conduit au fil des « temps du monde » scandés par des événements à la résonnance planétaire, de l'indépendance d'Haïti (1804) à la révolution chinoise (1911). Il l'entraîne aussi au coeur d'un « magasin du monde » qu'approvisionnent bibelots, cartes, tatouages, ivoire, opium, dévoilant des processus historiques qui installent le lointain dans l'intime et le quotidien. Il le transporte, enfin, dans les « provinces du monde » - indienne, sud-américaine, ottomane, européenne, etc. - qui révèlent l'existence de « modernités » alternatives.
Réunissant les contributions de près de cent historiennes et historiens, cet ouvrage fait entendre les voix d'un passé pluriel et nous laisse une certitude : celle d'être alors devenus, ensemble, et pour la première fois, contemporains.
Dans cette magistrale synthèse, Thierry Lentz retrace l'histoire d'un « empire » et des réactions qu'il suscita en son temps. Si l'on ne peut échapper à la présence permanente de la volonté, de la personnalité et de l'oeuvre de Napoléon, qui ont marqué la période de leur empreinte, l'auteur « raconte » aussi - en l'expliquant - un peu plus d'une décennie d'histoire de l'Europe, voire du monde, en dépassant à la fois la figure de l'empereur et les points de vue purement nationaux. Il relate autant l'histoire des idées que celle des institutions, faisant revivre au lecteur les épisodes essentiels du Premier Empire.
Cette histoire se garde des accents de l'épopée et des facilités de l'anecdote comme des études militaires trop détaillées - même si, comme on peut l'imaginer, les guerres en sont l'une des toiles de fond. Thierry Lentz se place dans la position d'un observateur aussi impartial que possible et ignorant la légende (dorée ou noire) édifiée par les récits enflammés des thuriféraires.
Synthèse inédite.
Le 17 août 1893, dans les marais salants d'Aigues-Mortes où la récolte du sel rassemblait des centaines de travailleurs français et italiens, s'est déroulé le plus sanglant « pogrom » (au sens d'une population majoritaire s'acharnant sur une minorité) de l'histoire française contemporaine : des émeutes entre ouvriers ont provoqué la mort d'au moins 8 Italiens et fait plus de 50 blessés. En dépit des preuves accablantes réunies contre eux, les assassins français furent tous acquittés. L'Italie et la France, au bord de la guerre, ont finalement préféré enterrer l'affaire afin de préserver la paix.
Spécialiste reconnu de l'immigration et de la question nationale, Gérard Noiriel rouvre ce douloureux dossier et explique pourquoi les mutations politiques et économiques de la fin du xixe siècle ont rendu un tel massacre possible. En accomplissant avec brio son « devoir d'histoire », il donne enfin à cet événement sa juste place dans notre mémoire collective.
Prix Augustin Thierry des Rendez-vous de l'Histoire de Blois.
Historien, Gérard Noiriel est directeur d'études à l'EHESS.
1900 : triomphe du Bourgeois. Mais son épouse ?
Cette femme qui parade, élégante, au Bois, suscite bien des craintes et des interrogations : est-elle honnête ? Qu'est-ce au juste qu'une honnête femme ? Que peut-elle faire pour n'être point oisive ? Comment entretiendra-t-elle le nid familial et accomplira-t-elle les milles devoirs qui la rendront digne de ses titres d'Épouse, de Mère, de Femme au foyer ? Quelle fonction sociale pour elle, en dehors de la garde de la famille ? Et quelle éducation peut-elle recevoir sans trahir, demain, sa vraie vocation ? Ces questions engendrent toutes sortes de discours qui, dans leur diversité et leurs contradictions, codifient le rôle dévolu aux femmes de la bourgeoisie. Ce livre analyse le modèle ainsi formé et montre comment, en suivant l'évolution des moeurs, il perdure, de la ligne d'Épouse et Mère chapeautée et corsetée du début du siècle à la jeune Femme-qui-travaille d'aujourd'hui.