Ce livre traite du processus inédit de décolonisation par l'accession au statut de département d'Outre-mer (DOM) des Antilles françaises. En mars 1946, les vieilles colonies des Antilles deviennent des départements français, en écho à des revendications exprimées depuis l'abolition de l'esclavage de 1848. Cette forme singulière de sortie d'empire, trouvant à l'origine son plus illustre défenseur en la personne du député-poète Aimé Césaire, n'est pourtant pas synonyme de fin de l'histoire pour ces îles de la Caraïbe.
Elle inaugure, au contraire, un cycle de conflictualité inédit, puisant ses racines dans les ambigüités d'une politique assimilationniste qui se déploie à contre-courant des évolutions à l'oeuvre dans le reste du monde colonial.
Ce livre s'attache à étudier la transition de la colonie au département à la lumière d'une histoire de l'État. Il échappe au piège de la téléologie et dévoile une histoire plus tourmentée que le fort ancrage politique de ces îles à la France ne la laisse paraître aujourd'hui. Si la « départementalisation » des Antilles a triomphé du vent contraire des indépendances, son histoire ne s'apparente pourtant pas à un parcours linéaire retraçant la rencontre entre un État républicain, qui aurait fait fructifier l'héritage abolitionniste de 1848, et une population prédisposée à l'assimilation du fait de sa culture politique. Par de nombreux aspects, cette histoire produit un récit fluctuant qui dérange, tant les questions qu'il pose suscitent d'évidentes difficultés de réponse.
Tout en montrant la nouveauté radicale du bolchevisme, et les techniques de Staline pour faire régner sa tyrannie, ce livre fait ressortir les continuités de l'histoire russe et ses constantes (idéologie, pratiques du pouvoir, place et influence de l'empire, conceptions et méthodes de politique étrangère, utilisation de la propagande). L'ouverture des archives de l'URSS et leur abondance a enrichi la connaissance de ce monde autrefois fermé et rend indispensables certaines clés de compréhension : elles faciliteront aussi l'abord de la Russie post-communiste et son passé difficile à surmonter.
Prosopographie : approche qui tend à cerner " l'identité d'une population spécifique au travers des individus qui la composent ".
Alors que l'Outre-mer français offre encore un champ ouvert à la recherche historique contemporaine, des doctorants s'essaient à cette nouvelle méthode. Abandonner l'étude des sociétés lointaines, s'appuyer sur les individus, relativiser l'image de groupes unis, renouveler ainsi certaines hypothèses, telle est la démarche proposée. De la IIIe République à nos jours, ces travaux nous entraînent dans l'Outre-mer français de la Guyane à Mayotte, de l'Afrique au Pacifique, à la rencontre de diplomates, d'élus locaux, d'ingénieurs, de gens d'armes...
La question de l'opinion publique est un thème fondamental dans les sciences humaines, comme elle se pose dans la vie de nos démocraties. Cette notion, à la fois vague et essentielle, a une histoire. Quand et comment une société dans son ensemble pouvait-elle exprimer ses jugements ?
Des historiens interrogent la généalogie de cette notion en s'intéressant aux Temps modernes, avant la métamorphose de la Révolution. En effet, dans la plupart des pays européens et surtout en France, les systèmes politiques se méfiaient de l'opinion publique. De nombreux exemples vivants, une réflexion multiforme, des découvertes surprenantes : ce livre approfondit un thème important pour tout amateur d'histoire et pour tout citoyen.
Le présent numéro est constitué autour de deux thèmes : Stratégies navales et commerciales dans l'océan Indien d'une part, les amiraux de l'autre.
Le premier thème est très large et très divers puisqu'il va de l'époque médiévale (l'expansion de l'Islam dans l'océan Indien) au début du XXe siècle (le commerce des arachides entre Pondichéry et Marseille), aborde aussi bien l'histoire économique
(à l'histoire du commerce des arachides s'ajoute celle d'une tentative commerciale à l'île de France au milieu du XVIIIe siècle) que la guerre sur mer (le rôle et les luttes de la marine française dans l'espace de cet océan, et plus particulièrement pour la maîtrise du Bengale). Enfin, l'horrible histoire des naufragés de Trommelin - et ainsi du commerce des esclaves dans cet espace maritime au milieu du xviiie siècle - apporte une note humaine très poignante.
Le second thème s'efforce également, à partir d'études très variées, d'apporter une vue d'ensemble. C'est pourquoi la première des 9 contributions retenues montre ce que furent les amiraux de France à l'époque moderne, cependant que la dernière du point de vue chronologique analyse les carrières des amiraux français sous la Ve République.
Un travail proche est réalisé pour les officiers généraux de France, de Grande-Bretagne et des Provinces-Unies au milieu du XVIIe siècle. De portée générale est également le texte consacré aux premiers amiraux russes, cependant que quatre auteurs présentent l'activité d'amiraux dont le rôle fut à la fois très important et méconnu (Du Casse, Missiessy,
Le Barbier de Tinan et Hugon). Enfin, l'épisode clé de la bataille du Jutland et du rôle de Jellicoe dans cet épisode décisif de la Grande Guerre, survenu en 1916, est revisité.
Cueillis au fil des littoraux tantôt européens (goémon, barilles), tantôt lointains (wakame), prélevés au fond des mers (corail, éponges, fruits de mer), nombreux sont les organismes marins exploités par l'homme. S'ils arrivent souvent dans nos assiettes, ils entrent aussi dans des circuits commerciaux complexes et dans des chaînes de transformation artisanales ou manufacturières sous l'Ancien Régime, industrielles à l'époque contemporaine.
Ces ressources sont désormais au coeur de nos préoccupations, que l'on s'inquiète de leur épuisement ou que l'on en prospecte de nouvelles. Elles stimulent aussi les convoitises et renforcent le mouvement de territorialisation des mers et océans. De tels enjeux, si actuels, n'en sont pas moins à considérer dans une plus longue durée, ici depuis le XVIIIe siècle. C'est là tout l'intérêt de ce numéro 24 de la Revue d'histoire maritime, riche des analyses des spécialistes reconnus de plusieurs disciplines.
Comment les romains, puis leurs héritiers humanistes, ont-ils choisi de représenter leur vie et leurs affections intimes, dans ces moments où, quittant la ville et ses contraintes, ils s'accordaient l'otium ? ce volume complète les réflexions menées dans vivre pour soi, vivre dans la cité, de l'antiquité à la renaissance (p.
Galand-hallyn et c. lévy dir., paris, pups, 2006), où les auteurs enquêtaient sur la constitution de l'image individuelle dans ses rapports avec les obligations de la collectivité, au cours de l'antiquité et à la renaissance. la sphère privée et son influence sur l'élaboration d'une représentation du moi sont traitées à travers deux thèmes complémentaires, souvent associés : d'une part le cadre de la villa, ce domaine rural si prisé déjà à l'époque de la république, devenu un luxe indispensable sous l'empire comme à la renaissance, et, d'autre part, l'image de la famille, selon l'expérience du mariage et de la paternité.
La perspective diachronique permet de mettre en lumière le lien étroit entre les mentalités antiques et humanistes, car c'est dans le refuge de leurs villas, garnies d'oeuvres d'art et de riches bibliothèques, que les hommes de la renaissance ont rêvé de revivre à leur tour cette vie d'équilibre dans les délices esthétiques, la tendresse familiale et la culture de l'esprit que vantaient leurs ancêtres.
L'offre de mélanges à un grand universitaire est l'occasion, autour de la diversité des domaines qu'il a abordés, d'ouvrir de nouvelles perspectives à partir de ses travaux.
Rien ne le montre mieux que le présent ouvrage, dont l'histoire des familles constitue le coeur, comme il est devenu voici quelques années, le plus important domaine de recherches de jean-pierre bardet. pour le lecteur, ce sera un véritable voyage, à travers plusieurs siècles, mais où chaque fois les sites visités apportent la joie de la nouveauté et des perspectives inattendues. l'ouvrage apparaît ainsi comme un manifeste pour de nouvelles recherches en histoire démographique, comme pour celle des familles et des sociétés, ou celle des comportements.
Les travaux d'historiens ont eu tendance à traiter très rapidement le cas des orphelins ou à les confondre complètement avec les abandonnés, sans reconnaître les particularités de leur situation : ils sont légitimes, ils connaissent leurs origines et leur parenté. Ceci est d'autant plus important que les contemporains faisaient une grande différence entre abandonnés et orphelins et qu'ils en étaient venus à créer à leur intention des maisons spécialisées. Y a-t-il un modèle unique de ces maisons pour orphelins durant la période qui court du XVIe au XVIIIe siècle ? Quelle clientèle fait appel à ce genre de maisons ? Peut-on considérer l'envoi de l'enfant dans cet établissement comme une forme particulière d'abandon ? Que font ces établissements pour ces enfants qu'ils ont pour mission d'élever puis de rendre à la société en possession de moyens de survivre ? Cet ouvrage, entre histoire de l'enfance et histoire de l'assistance, propose un tableau d'ensemble de cette dizaine d'établissements parisiens qui forment un groupe cohérent et se démarquent spécifiquement de l'ensemble des maisons d'assistance.
Ce numéro double a pour objectif d'évaluer en 2010 la recherche dans le domaine de l'histoire maritime. Il s'agit d'un ensemble scientifique sans équivalent jusqu'à présent dont l'intérêt est à la fois de présenter des textes de référence sur la recherche française en histoire maritime et d'ouvrir de larges perspectives sur les recherches étrangères, ce qui lui donne une dimension comparative de la plus grande importance.
Le numéro, introduit par Gérard Le Bouëdec, regroupe des articles autour des grands thèmes suivants :
A) Les échanges : des grands horizons au rivage ;
B) Les gens de mer et les sociétés littorales ;
C) L'exploitation de la mer et de l'estran ;
D) La mer et la guerre ;
E) Explorations découvertes et représentations.
En liaison avec les textes présentés, une considérable bibliographie de plus de 2200 références achève de faire de ce numéro double de la Revue d'histoire maritime un numéro de référence.