La France d'aujourd'hui vit avec des notions et des dogmes issus du passé, qui ne correspondent plus à aucune réalité. Les « classes moyennes », héritées des Trente Glorieuses, ont disparu pour laisser place aux nouvelles classes populaires, exclues des bénéfices de la mondialisation.
Celles-ci sont reléguées dans la France « périphérique » : 60 % de la population est à l'écart du marché de l'emploi et des services dans de petites villes et des territoires éloignés des métropoles.
La question de la mixité tant vantée par les politiques est problématique :
Combien de bobos parisiens se sont-ils installés à La Courneuve ? Combien d'intellectuels « rive gauche » ont-ils décidé de faire le grand saut pour un T4 à Orgemont ? De l'autre côté, les anciennes et les nouvelles générations d'immigrés ne souhaitent parfois plus habiter les mêmes espaces.
La bipolarisation de la vie politique française vit ses derniers instants : la gauche comme la droite doivent reprogrammer d'urgence leurs logiciels.
Ils vivent dans la rue, sur les trottoirs de France, sous les ponts, loin des lumières des lampadaires. Pour la majorité, ce sont des mineurs, les plus jeunes ont onze ans. Quand on les voit, on ne les regarde pas. Au gré des polémiques, de l'agenda politique et des fake news, les médias s'intéressent rapidement à leur sort : on dit qu'ils se prostituent, qu'ils volent, qu'ils se droguent, qu'ils agressent, ces enfants nourrissent le fantasme d'un pays submergé par l'immigration et la perte de son identité. Mais qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils chez nous ? Combien sont-ils ? Des milliers probablement, disséminés dans les grandes villes de France.
La journaliste Nadia Hathroubi-Safsaf a voulu comprendre. Pendant presque un an, elle s'est rendue sur le terrain, notamment dans le quartier de la goutte d'Or à Paris où ces enfants sont le plus visibles. Voici son récit d'une humanité bouleversante.
La « Zone », c'est d'abord une bande de terre large de quelques centaines de mètres qui entoure Paris. Logée entre les fortifications de la ville, édifiées dans les années 1840, et sa banlieue, elle sert aux manoeuvres militaires. Là, s'installe progressivement une population interlope - chiffonniers, mendiants, pauvres de toutes sortes - dans un fatras de roulottes, de tissus et de métaux. À la fin du siècle, chez ceux de l'extérieur, la Zone devient un objet : objet de curiosité, de fantasmes, d'angoisse, de commisération, de littérature et d'images. Bref, l'objet de perceptions hétérogènes les unes aux autres mais unies par une même tendance à regarder de haut cette population, à la dominer avec plus ou moins de bienveillance.
De la Zone, aujourd'hui devenue, par extension, la désignation de toute forme de marginalité, Jérôme Beauchez propose une « archéographie » subtile et sensible, c'est-àdire l'histoire des regards - ceux de la bohème artistique et des photographes, des chansonniers et des journalistes, des élus et des hygiénistes - qui, en la constituant en objet, ont fabriqué une catégorie d'étrangers de l'intérieur, de « sauvages de la civilisation », dont on perçoit encore la prégnance, bien longtemps après la destruction de cet espace. Des zoniers aux zonards et au-delà, ce livre raconte l'histoire des marges.
«Tiens, voilà du boudin...» ; «Vous êtes un aberration de la nature.» Voilà le genre de phrase que Gabrielle, 36 ans, 140 kg pour 1,54m, entend quotidiennement sur son passage. Après vingt ans d'humiliations, elle a envisagé deux possibilités : s'armer d'un revolver ou d'un stylo. Elle a préféré s'en tenir à la seconde option.
Gabrielle reconstruit son parcours au fil d'une double enquête. Elle retrace sans tabou son histoire personnelle. En parallèle, elle dresse un réquisitoire contre l'attitude des institutions - éducation, travail, santé - envers les personnes obèses. Pour enquêter depuis son propre corps, l'auteure débute une procédure de chirurgie bariatrique.
Avec ce livre, Gabrielle Deydier interroge le rapport que notre société entretient au corps des femmes.
L'école française est devenue le bastion des élites françaises. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Dans cet ouvrage incisif et renseigné, Jean-Paul Delahaye met au jour une situation masquée par les pseudo-discours républicains.
Si l'école française répond aux attentes de la plupart des élèves, elle ne parvient pas à faire réussir trente pour cent d'entre eux... L'école française est profondément inégalitaire.
Cette situation n'est pas le fait des enseignants, qui pour beaucoup d'entre eux sont au front, quotidiennement, se battant avec les moyens dont ils disposent.
Mais les choix politiques et budgétaires qui sont ceux des élites, quelle que soit leur couleur politique, maintiennent cette situation déplorable qui fait de la France le pays où les origines sociales ont le plus d'impact sur les destins scolaires.
Contrairement aux idées reçues, l'école française fait financer les études des plus riches, des études plus longues, plus coûteuses, par l'argent des pauvres. C'est le ruissellement à l'envers. Le pognon de dingue est d'abord dirigé vers les enfants des classes les plus aisées.
Cet ouvrage dévoile, arguments à l'appui, un scandale d'État.
Dans ce livre riche d'informations et de faits souvent ignorés, Jean-Paul Delahaye, un des meilleurs connaisseurs de l'école française où il a occupé toutes les fonctions sur près d'un demi-siècle, dresse un état des lieux sans complaisance de cette préférence française pour les inégalités.
Mais il trace aussi, de façon plus positive, les contours de ce que pourrait être une école républicaine et fraternelle vraiment fidèle à ses valeurs.
Le 9 juillet 1849, Victor Hugo, du haut de la tribune de l'Assemblée nationale, lançait un vibrant plaidoyer dans lequel il affirmait sa volonté et la nécessité d'éradiquer la pauvreté.
170 ans, et quelques milliers de discours plus tard, 10 millions de français vivent toujours sous le seuil mondial de pauvreté.
Rien n'aurait donc changé ? La pauvreté serait une fatalité ?
Dans la cinquième puissance économique, culturelle et historique mondiale, qui sont les pauvres ? Où vivent-ils ? Qu'est-ce qu'être pauvre au quotidien ? Existe-t-il un portrait-robot du pauvre au xxie siècle ?
L'auteur trente de répondre à ces questions en prenant à bras le corps phantasmes, idées fausses, statistiques et réalité quotidienne de ceux qui affrontent la pauvreté. Il interroge également notre mode de développement, notre sens de la solidarité, nos dispositifs sociaux, les valeurs républicaines que nous portons et notre regard réel sur la pauvreté.
Et si la vraie richesse d'une société ne se calculait pas en points de PIB, mais dans sa faculté à assurer un avenir serein à toutes et tous ?
Essai-journal sur les « dépossédés » de Londres, Glasgow et Belfast publié en 1990 en Angleterre, ce livre témoigne des souffrances engendrées par la pauvreté. Robert McLiam Wilson affirme très vite qu'il a entrepris ce livre pour se débarrasser des idées reçues sur la pauvreté et pour battre en brèche la politique thatchérienne et ses effets catastrophiques sur ce que l'on appelle pudiquement « les classes défavorisées » anglaises à la fin des années 80 et au début des années 90. Construit en trois parties (une par ville) et écrit à la première personne, ce livre décrit une succession de rencontres dans des centres d'hébergement ou d'accueil ou des cités habitées par les «dépossédés». Ces rencontres donnent lieu aux réflexions de Robert McLiam Wilson qui a lui aussi fait cette expérience de la misère. D'ailleurs il ne prétend à aucune objectivité : il adopte l'attitude du « nouveau journaliste » à l'américaine où le point de vue subjectif est toujours revendiqué. Robert McLiam Wilson démonte l'un après l'autre tous les préjugés « moraux » qui s'attachent aux « pauvres » et critique l'aspect mensonger et anesthésiant des statistiques. Les nouveaux barèmes mis en place par les économistes thatchériens sont un écran de fumée fallacieux, conçus pour faire croire à une baisse de la pauvreté alors que cette dernière n'a fait qu'augmenter au Royaume -Uni pendant l'ère Thatcher. Mieux, les chiffres ont en eux-mêmes un côté déshumanisant, rassurant, abstrait qui permet d'oublier la réalité brutale de la pauvreté que McLiam Wilson s'attache à décrire avec compassion, humanité, intelligence.
Si aucune conclusion ni aucune découverte majeure d'ordre sociologique ou autre ne conclut ce livre, toutes les idées et les théories reçues sont passées à la corbeille : la déconstruction est souvent source de mélancolie. Mais la colère de l'auteur devant la théorie thatchérienne du « trickling down » est tout sauf mélancolique. Cette théorie particulièrement cynique affirmait contre toute évidence que la richesse des très riches finirait bien par rejaillir, magiquement et au bout d'un temps indéterminé, sur les pauvres et les très pauvres. La réalité a prouvé le contraire : les riches se sont enrichis sous Thatcher, les pauvres appauvris. Cet essai a en plus le mérite d'éclairer le personnage de Robert McLiam Wilson. On pourrait presque y lire un fascinant autoportrait involontaire, donné en sus, en contrebande, derrière une enquête minutieuse et éreintante qui met à nu les conditions matérielles de la misère.
Une étude « raisonnée » de la crise du vivre ensemble traversée par la société française à l'aune du défi écologique et de la crise sociale. Une présentation claire des mécanismes économiques, sociologiques et historiques utiles à la compréhension du monde social actuel. Des propositions réfléchies de politiques publiques pour résoudre l'exclusion sociale.
La capacité des individus à vivre ensemble dans la société française semble mise en péril. De là vient l'urgence de ce travail à l'heure où, à l'aune du défi écologique, il nous faut être uni pour changer notre mode de développement. Cet essai présente certains mécanismes économiques, sociologiques et historiques nécessaires à la compréhension du monde social. Il propose de penser les difficultés que les individus ont de faire société aujourd'hui. Et enfin, il recommande la mise en place de politiques publiques pour résoudre le problème désormais défini de l'exclusion sociale.
Dans une introduction intitulée « Naissance d'une sociologie de la pauvreté », Serge Paugam et Franz Schultheis montrent l'intérêt de ce texte constituant « le cadre analytique pour penser en termes sociologiques la question de la pauvreté dans les sociétés modernes ». Édité pour la première fois en langue française en 1998, quatre-vingt-dix ans après sa première publication allemande, ce texte a inspiré de nombreux travaux sur la pauvreté, en particulier sur le processus de disqualification sociale mis en évidence par les travaux de Serge Paugam.
Alors même que le monde n'a jamais été aussi riche qu'en ce début du XXIe siècle, la pauvreté est toujours présente, que ce soit dans les pays avancés ou dans les pays en développement.
Si le manque d'argent constitue une dimension importante de la pauvreté, le dénuement dans lequel vivent les pauvres résulte aussi d'autres facteurs. C'est pourquoi cerner les contours de la pauvreté est une tâche complexe dont ce livre tente rendre compte.
Plongée dans le quotidien disloqué de huit foyers des quartiers pauvres de Milwaukee, Wisconsin, où chaque jour, des dizaines de familles sont expulsés de leurs maisons. Arleen élève ses garçons avec les 20$ qui lui restent, chaque mois, après avoir payé le loyer.
Lamar, infirme, s'occupe des gamins du quartier en plus d'éduquer ses deux fils, et essaie de se sortir de ses dettes. Scott, infirmier radié, toxicomane, vit dans un mobile home. Tous sont tous pris dans l'engrenage de la dette, et leur sort est entre les mains de leurs propriétaires.
Fruit de plusieurs années de terrain, ce livre magistral et captivant montre comment les politiques publiques en matière de logement et d'aide sociale et les règles sauvages du marché de l'immobilier fabriquent et entretiennent la pauvreté.
Jusqu'où est-il légitime et efficace de catégoriser les sans-abri et les réponses données à leurs difficultés ? Les SDF sont, depuis une trentaine d'années, ciblés par des dispositifs spécialisés. Typique des phénomènes d'hybridation de l'action publique, le système de prise en charge rassemble, autour de l'Etat, les associations, les collectivités locales, les médias, et les sans-abri eux-mêmes. Le développement et l'institutionnalisation des dispositifs d'assistance, tout en retentissant sur l'architecture d'ensemble de la protection sociale, contribuent à faire des SDF de véritables " acteurs sociaux ".
L'analyse conjointe de l'action publique ciblée et de la catégorie à laquelle elle est destinée permet une évaluation critique du " prioritarisme " (la priorité au plus défavorisé), du ciblage et du partenariat dans la mise en oeuvre des politiques publiques. Avant-propos à la présente édition : comment les migrants et le confinement de 2020 posent à nouveaux frais la " question SDF ".
Rien n'est plus scandaleux : dans un monde de plus en plus riche, trente millions d'êtres humains meurent de faim chaque année. Des centaines de millions d'autres, un peu partout sur la planète, sont gravement mal nourris. Comment est-ce possible ? Pourquoi acceptons-nous une injustice aussi monstrueuse ? Comment peut-on expliquer une telle absurdité ?
Sans dissimuler son indignation, Jean Ziegler répond ici aux questions que lui pose son fils. Ce sont celles que se posent tous les enfants du monde.
Rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation de 2000 à 2008, aujourd'hui vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Jean Ziegler est professeur émérite de sociologie à l'université de Genève. Il a récemment publié Destruction massive. Géopolitique de la faim (Seuil, 2011 ; « Points Documents », 2014).
COMMENT MACRON RENFORCE LE CONTRÔLE DES CHOMEURS.
Présentée le 18 juin 2019, la réforme de l'assurancechômage qui durcit les règles d'indemnisation et renforce le contrôle des chômeurs va être appliquée coûte que coûte en juillet 2021. La France va compter un million de chômeurs supplémentaires d'ici à la fin de l'année et 840 000 personnes (38 % des allocataires) vont connaître une baisse d'indemnisation d'environ 20 %. Les demandeurs d'emploi seront davantage convoqués, suivis, fliqués, menacés, perdant leur temps dans de vaines rencontres, ultimatums, incohérences administratives, pseudo formations et autres « job dating ».
En imposant cette réforme, Emmanuel Macron culpabilise les chômeurs et prend le risque d'une nouvelle crise politique aux conséquences bien plus graves que celle des gilets jaunes. En mars 2020, Pôle emploi a déjà recruté des vigiles pour affronter cette fronde qui s'annonce violente. Ceci est d'autant plus incroyable que Pôle Emploi ne sert à rien pour 90% des chômeurs. Ce n'est qu'une immense garderie pour asservir les chômeurs et leurs faire accepter leur inutilité et des salaires de misère.
Iggy Pop fait des inventaires dans les supermarchés ; Sean Connery est en formation à l'AFPA ; Pascal Moustache a rendez-vous avec Mme Bâtard, sa conseillère Pôle Emploi ; Adolf, fan de Picasso, ramasse des poubelles...
Autant d'histoires folles, toutes véridiques, qui ont émaillé le quotidien d'un travailleur précaire, racontées avec un sens de l'humour et de la mise en scène décapants.
Tout le monde entend parler du revenu de base, mais peu savent ce que s'est. Plutôt que d'écrire une énième proposition, partielle et partiale, de revenu de base, le choix d'un angle historique et pluraliste pour ce livre permet de brosser l'ensemble du tableau.
Destiné au grand public, c'est un outil indispensable qui donne les clés de compréhension de ce débat de société majeur en identifi ant les enjeux, les problématiques et les courants. Loin de n'être qu'une histoire des doctrines, c'est un ouvrage érudit qui détaille les propositions théoriques, les débats et les expérimentations en les resituant toujours dans leurs contextes. Dans un débat très clivé, ce livre apparaît comme un recours pour objectiver, éclairer et mettre en perspective les arguments en présence.
C'est un livre d'histoire des idées et de philosophie politique pour donner du sens à nos sociétés en crise qui bénéfi cie d'un contexte favorable :
- la campagne présidentielle de 2017 avec le revenu universel d'existence de Benoit Hamon, - les projets d'expérimentation citoyen (monrevenudebase.
Fr) ou politique (les 13 départements), - les projets gouvernementaux en cours de réforme des prestations sociales.
Le revenu de base se situe à la croisée de trois enjeux centraux : le travail, la protection sociale et la citoyenneté.
Ce livre participe du retour de la question sociale et de l'utopie concrète dans le débat public.
Si la liberté d'aller et venir constitue un droit fondamental, l'exercice de ce droit est parfois contrarié, entravé voire confisqué. Dans le soin et l'accompagnement, ces limitations posent de nombreuses questions juridiques, cliniques et éthiques qui interpellent au quotidien les professionnels, les usagers et les citoyens. La crise sanitaire du Covid-19 a profondément impacté cette liberté et bousculé les repères, les priorités et les valeurs de tous. Elle a redessiné de nouveaux équilibres entre liberté individuelle et sécurité collective faisant naître de nouveaux questionnements éthiques. Jusqu'où les impératifs de protection, de sécurité ou d'équité justifient-ils de mettre en péril cette liberté? Àquel prix et à quelles conditions? Au bénéfice de qui et dans quelle finalité?Cette édition revue et augmentée revient sur les impacts à court et long terme de la crise sanitaire à la fois pour témoigner des tensions éthiques mais aussi pour questionner notre rapport à la mobilité, à l'espace et à la liberté.Cet ouvrage s'adresse aux professionnels, étudiants, chercheurs et citoyens intéressés par l'éthique et soucieux de la défense des droits fondamentaux.
Les classes populaires européennes se caractérisent aussi par la présence en leur sein d'une forte immigration : la part des travailleurs non européens y est d'environ 7 % - jusqu'à 17 % parmi les agents d'entretien - contre 2 % parmi les classes supérieures et moyennes. Cette lecture de l'immigration par les positions sociales éclaire d'un jour différent les discours des gouvernants européens sur les dangers d'une xénophobie venant du « bas » de la société : à la différence des classes supérieures, si promptes à mettre en avant la mobilité transnationale et la tolérance aux autres, les classes populaires sont dans les faits nettement plus métissées et mélangées que tous les autres groupes sociaux. En période de crise, les phénomènes de concurrence sur le marché du travail sont bien plus forts parmi les ouvriers, employés et travailleurs agricoles que pour celles et ceux qui se placent plus haut dans la hiérarchie sociale.
Ces trente dernières années, les contours de l'Europe n'ont cessé de s'élargir, contribuant à y rendre plus visibles les inégalités. Experts et journalistes analysent ces évolutions à l'aide d'indicateurs de performance économique - productivité, taux de chômage - sans jamais s'interroger sur les conditions de travail ou les disparités selon les couches sociales. Dans un contexte où la crise économique et les réponses néolibérales incitent les peuples à se replier sur chaque espace national, il est temps de se demander ce qui rapproche et ce qui distingue les travailleurs européens. À partir de grandes enquêtes statistiques, cet ouvrage prend le parti d'une lecture en termes de classes sociales : contre la vision d'individus éclatés touchés par la crise, l'objectif est de rendre visibles les rapports de domination entre groupes sociaux. Une étape préalable nécessaire pour explorer les conditions de possibilité d'un mouvement social européen.
Paru en 1923, Le Hobo de Nels Anderson est l'une des plus célèbres enquêtes d'ethnologie urbaine qui firent la réputation de l'École de Chicago dans l'entre-deux-guerres. Ouvriers migrants qui se déplaçaient de Chicago vers l'Ouest pour suivre les chantiers, les hobos représentent au tournant du XXe siècle toute une époque de la classe ouvrière américaine. Anderson, lui-même hobo, livre une description précise, vivante et sans misérabilisme de cette vie de débrouille. La figure culte de ce vagabond libre a nourri l'imaginaire américain à travers les textes de Kerouac et de London, la chanson folk et ce qui s'apparente à la sous-culture libertaire.
« Alors, Padre, vous vous occupez des prostituées ? C'est formidable !
- Oui, en fait ce sont des transgenres.
- Ah... » Lorsqu'on demande au père Jean-Philippe de témoigner de sa mission à l'association Magdalena, un silence gêné s'installe en général assez rapidement. Comment, en tant que prêtre, assumer un accompagnement humain et spirituel aussi délicat que celui des personnes prostituées transgenres ? Ce monde peut sembler étranger, et même effrayant, à bien des gens. Des années après le début de l'aventure, l'initiateur dévoué de cette mission unique en son genre demeure lui-même surpris que la vie l'ait mené là.
Du premier camping-car du bois de Boulogne à la maison d'accueil Magdalena, en passant par les pèlerinages à Lourdes, le père Jean-Philippe nous fait découvrir les réalités de l'accompagnement des personnes prostituées. Il nous invite ainsi à entrer avec lui dans un accueil de l'autre qui renonce à l'efficacité et consent à la seule présence. Au fil de leurs témoignages, les personnes prostituées nous entraînent dans la simplicité de leur foi et de leur quête spirituelle.
Loin de nous faire perdre notre latin, elles nous poussent à quitter nos zones de confort et nos cadres inutiles pour adopter un regard d'amour dénué de jugement : celui du Christ sur chacun de nous. Un véritable chemin de conversion qui nous fera peut-être affirmer avec l'auteur : « Les plus pauvres se sont occupés de moi. »
Synopsis des enquêtes :
1- Études islamiques : des zaouïas à l'université.
Dans les deux facultés des Lettres et des Sciences humaines, la filière des études islamiques, créée en 1979 est un lieu où des professeurs salafistes diffusent une vision extrémiste de l'islam.
2- Le grand voyage d'Abou Hafs.
Le parcours d'Abdelwahab Rafiki, autrefois salafiste jihadiste connu sous le nom d'Abou Hafs et aujourd'hui partisan d'une approche plus humaniste de l'islam, éclaire l'histoire de la radicalisation, de l'Afghanistan au conflit en Syrie, en passant par les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca.
3- École publique : réformer pour ne (presque) rien changer.
La récente polémique sur la place de la philosophie dans un manuel d'éducation islamique montre les limites de la réforme des manuels scolaires, faite dans la précipitation et insuffisante pour contrer l'extrémisme.
4- Bir Chifa, le quartier de tous les extrêmes.
À Tanger, le quartier de Bir Chifa a fourni un des plus gros contingents de jihadistes partis pour la Syrie et l'Irak. Des brigades de la vertu y sévissent. À Bir Chifa, radicalisme religieux et délinquance cohabitent.
5- Jihadistes marocains : de l'Afghanistan à la Syrie.
Afghanistan, Al Qaeda, Irak, Daech... les jihadistes marocains ont été sur tous les fronts. Retour sur cette histoire et portraits des principales figures qui ont marqué ce mouvement.
6- Bilmawen : radicalisme contre rites ruraux.
Mixité, travestissements et inversion carnavalesque des rôles, les traditions populaires rurales sont une cible pour les radicaux, qui menacent tout un pan du patrimoine culturel.
7- Niqab : simple tissu ou posture idéologique ?
Le niqab ou la burqa symbolisent la fixation des salafistes radicaux sur la place des femmes dans l'espace public. Derrière le tissu, qui sont ces femmes ?
8- El Principe : jihad, trafic et discriminations.
Dans l'enclave espagnole de Sebta, le quartier de Principe est laissé pour compte. Apartheid, zone de non-droit et misère : un terreau idéal de radicalisation.
La « précarité » est une entrée privilégiée pour rendre compte du monde contemporain. Cette notion cristallise l'angoisse sociale bien au-delà des terres traditionnelles de la pauvreté et de l'instabilité.
D'où l'intérêt de ce livre, synthèse des travaux sociologiques sur le sujet : il rend compte des réalités de la précarité, présente les interprétations, et invite au renouvellement de la réflexion, en s'appuyant notamment sur le concept de « lien social ».
Ce faisant, il aide à affronter la question fondamentale : les incertitudes et l'instabilité sont-elles des traits constitutifs des sociétés individualistes d'aujourd'hui ? Ou ne sont-elles que la traduction d'une crise générale du travail, de la famille et des institutions ?
Depuis sa publication, ce livre, vendu à plusieurs cen- taines de milliers d'exemplaires, est devenu selon certains commentateurs la « bible d'un nouveau mouvement social », dirigé contre l'incarcération en masse des Noirs et des La- tinos aux États-Unis.
Prenant le contre-pied de ceux qui voyaient en l'élec- tion d'Obama le début d'une ère postraciale, Michelle Alexander expose dans ce livre la façon dont la « guerre contre la drogue » lancée au tournant des années 1970-1980 a inauguré l'instauration d'un nouveau régime de domina- tion raciale.
Revenant sur la fin de l'esclavage et la naissance des prisons et du système de ségrégation légal connu sous le nom de « Jim Crow », Michelle Alexander étudie toutes les mues de la domination raciale aux États-Unis.
Suite au mouvement des droits civiques qui est venu menacer « Jim Crow » et la suprématie blanche, c'est l'in- carcération en masse des communautés noires et latinos qui va être le modèle choisi pour maintenir la domination raciale.
Étudiant les effets destructeurs du fonctionnement du système judiciaire et carcéral qui sont responsables de l'enfermement d'un nombre toujours croissant de non- Blancs, Michelle Alexander n'oublie pas les résistances que ce nouvel apartheid carcéral suscite.
Chaque idée reçue donne son titre à un chapitre ; à chaque idée reçue répond le récit détaillé d'une initiative constructive et réussie, la description d'autres démarches qui vont dans le même sens et des propositions pour que ce type d'expérience s'amplifie et se traduise par des changements dans les institutions.
La majorité des Français est touchée, de près ou de loin, par le chômage ou la précarité.
Ce livre est donc destiné à un public très large : à tous ceux qui n'acceptent plus que les personnes en situation de précarité soient systématiquement stigmatisées, et qui cherchent comment agir dès maintenant pour le droit de tous à un travail décent.
Le cinéaste anglais Ken Loach préface l'ouvrage dont la démarche est en totale adéquation avec l'esprit de son oeuvre. I, Daniel Blake, le tout dernier film de Ken Loach qui a obtenu la palme d'or au dernier festival de Cannes, raconte d'ailleurs la rencontre de deux personnes en situation de grande précarité.
Créé en 1986, le MNCP, coordinateur du projet est une association française de défense des chômeurs. Elle regroupe une quarantaine d'associations locales qui sont des lieux d'entraide où sont proposés des services de proximité. Elle se donne pour missions la défense des droits individuels des chômeurs, le soutien à leur recherche d'emploi, mais aussi l'organisation d'activités économiques relevant de l'économie solidaire.