Ce roman historique évoque l'épopée et la tragédie des guaranis au xviiie siècle, à l'époque des reducciones jésuites en amérique du sud.
On sait que ces missions jésuites auprès des indiens guaranis ont duré près de 150 ans, de 1609 à 1768. les terres des guaranis s'étendaient sur une surface immense, correspondant, en termes actuels, au nord de l'uruguay, au sud-est du paraguay et traversant le brésil et l'argentine. le fonctionnement des " réductions " était tout à fait particulier. toutes bâties sur le même plan - au centre du village se trouvaient l'église et un collège (l'enseignement pour les garçons et les filles était obligatoire pendant cinq ans), qu'entouraient des écoles d'artisanat et des ateliers - elles étaient gouvernées par un corregidor guarani, l'autorité spirituelle étant exercée par les deux jésuites - au maximum - qui vivaient dans chaque " réduction ".
L'élevage et la culture du maté étaient les grandes ressources de ces communautés, oú les guaranis, qui s'étaient volontairement mis sous la souveraineté du roi d'espagne, vivaient libres, dispensés du servage. la terre des guaranis nous fait revivre, à partir de 1740, la vie d'une de ces " réductions ", à l'époque de leur apogée puis de leur déclin. les razzias des bandeirantes, esclavagistes portugais du brésil, constituent une menace permanente.
Les appétits des grandes puissances sont manifestes. le traité signé en 1750 entre le marquis de pombal et ferdinand vi, au terme duquel l'espagne cède au portugal une grande partie du territoire des missions, sonne le glas des " réductions ". la suppression de la compagnie de jésus aggrave la situation des guaranis. ils ne pourront résister longtemps aux armées espagnole et portugaise qui imposent l'application du traité.
Mais l'idéal des " réductions " n'est pas pour autant effacé des terres ni des coeurs des guaranis, qui semblent pourtant condamnés à retourner à l'état nomade. eugenio corti a peint ici une superbe fresque historique sur trois générations, nous faisant suivre les vicissitudes d'une communauté qui ne plie pas devant la violence de l'histoire, et a créé des personnages inoubliables. la peinture de la vie quotidienne de la " réduction " et des éternelles passions des hommes, alternent avec d'admirables descriptions de scènes de batailles, de la forêt, de voyage vers les grandes villes, oú parviennent, tamisés, les échos des événements qui sont en train de bouleverser l'europe.
Dans ce roman, l'auteur du cheval rouge use d'une technique narrative inédite, d'une grande efficacité, qui situe le lecteur à la fois au coeur des événements et de la création littéraire, le plongeant dans une atmosphère captivante qui constitue sa signature.
Décès :4-2-2014
(Mort il y a 10 ans à l'âge de 93 ans)
Pays : Italie
Langue : Italien
"Eugenio Corti est un écrivain et essayiste italien, né le 21 janvier 1921 à Besana et mort le 4 février 2014 dans la même ville.
L'ensemble de son œuvre est déterminé par son expérience personnelle : en 1940, Eugenio Corti s'enrôle dans l'armée. Devenu lieutenant en 1941, il demande à être affecté sur le front russe. Établies devant le Don, les troupes italiennes doivent battre retraite en décembre de la même année : prises en étau par les forces soviétiques, elles sont décimées. Ces vingt-huit jours de retraite sont les plus dramatiques de la vie de Corti et contribuent à inspirer sa vocation d'écrivain. "